A chaque texte, une émotion est partagée. Grand Corps Malade se dévoile peu à peu. Au premier sonnet de « Ma tête, mon corps et mes couilles », le public applaudit ce brillant et amusant exercice rythmique. Les textes s’enchaînent, toujours plus originaux. Parmi eux : « J’ai oublié », « Chercheur de phases », « Attentat Verbal », « Je ne connaissais pas Paris le matin ». Le poète dupe le public, vanne ses musiciens. Au dernier rappel, il entonne « Rencontre » et la salle, comblée, lui rend hommage debout.
Fabien se surnomme Grand Corps Malade, en référence à l’accident qui a bien failli le rendre tétraplégique. Privé de sport, qu’il affectionne tout particulièrement, il se tourne vers la poésie et découvre le Slam. Il remporte des tournois dans cette discipline et se produit en première partie de Elie Semoun, Mouss et Hakim ou Cheb Mami, entre autres. En 2005, il fonde l’association « Flow d’Encre », au sein de laquelle il anime des ateliers d’écriture. Début 2006, en compagnie de son ami compositeur S Petit Nico, il pose ses textes sur de la musique et ainsi sort son premier album « Midi 20 ». Fort de son succès, l’album devient disques d’or en moins d’un mois. Les médias se l’arrachent, on le compare à Prévert, ou encore Renaud.
Le Slam compte de nombreux adeptes. Pour Grand Corps Malade, « c’est des bouches qui donnent et des oreilles qui prennent. » Des artistes qui s’expriment dans des petites salles, animés par la poésie et le partage. Grand Corps Malade leur a donné l’audience du public. Originaire des Etats-Unis, le Slam se dit a capella, sur le principe d’ « un texte dit, un verre offert ». Peu à peu, il s’est démocratisé et s’est transformé en tournoi, ouvert à tous. Entre rap et chanson française, le slameur ne récite pas, il clame, haut et fort ses compositions.
Sur scène, Grand Corps Malade s’accorde quelques entraves aux règles du Slam. Il ne se produit pas toujours a capella. Accompagné de Feedback aux percussions, S Petit Nico au piano, et Yannick à la guitare, ses textes gagnent en intensité. D’une voix incroyablement grave, au débit solennel, il clame des textes aux thématiques populaires, intelligents et humains.
« Laisse moi mon stylo, y’a pas moyen que je m’arrête; j’ai une envie d’écrire comme t’as une envie de cigarette. », dit-il dans « Toucher l’instant ». Profondément attaché à l’écriture, il use et abuse de la rime. Son besoin de poésie, il l’utilise pour exorciser la douleur, partager sa soif de vie. « C’est un attentat verbal. »