Comment décrire les détails : de la broussaille, d’un taillis ou d’un trou d’eau ? André Pharel a sa réponse et nous le démontre avec brio. Inspiré par le Comtat Venaissin et la Sorgue, né en 1956 à l’Isle sur la Sorgue, il photographie : les plantes, les feuilles, les détails, telle cette goutte d’eau qui s’étire paresseusement et nous donne des réflexions de lumière dans un jardin. Les rayons du soleil jouent en mille éclats lumineux dans une forêt. Une rivière, ici la Sorgue se déroule, serpent ondoyant.
Son objectif saisi et fixe ce que l’œil humain ne peut voir, trop prisonnier du vaste champ de sa vision, il lui est impossible de repérer le détail, le petit rien qui donnera d’un lieu ou d’un paysage une toute autre dimension et André Pharel nous ouvre ainsi ce nouveau prisme.
André Pharel fut lauréat en 1979 d’un concours organisé par le magazine Photo. De ce premier succès naît sa rencontre avec Willy Ronis, c’est un peu le déclencheur et notre jeune photographe abandonne sa carrière d’enseignant pour se consacrer à la photo. En 1987 il publie un premier livre sur son village : l’Isle sur la Sorgue.
Très rapidement ses photos évoluent, certains parlerons d’abstraction, en fait André Pharel veut exprimer la transparence et les reflets. Un autre livre devrait bientôt paraître. Il s’agit du village de Lagnes dans le Vaucluse où il vit actuellement.
Traversées ; l’exposition qui nous est offerte, un cadeau merveilleux pour qui saura apprécier le travail de ce photographe, est un voyage onirique. Les photos, presque des tableaux, voire des aquarelles, nous montrent l’âme des choses. Le bosquet nous apparaît à la fois réel et irréel. Le photographe réalise cette illusion en laboratoire, car il ne suffit pas de prendre une photo, il faut savoir en retirer la substantifique moelle.
Cette ligne imprécise entre ce qui est et ce qui semble être, est le fil conducteur de cette exposition. André Pharel nous invite à travers ses photos à reconsidérer ce que l’on voit avec la réalité. L’œil humain serait ainsi trompeur.
La meilleure façon de voir serait alors de fermer les yeux, mais cette exposition nous invite au contraire à les ouvrir. Une mostra à ne surtout pas manquer, des photos, des tableaux avec un subtil mélange des styles pour le plaisir des sens et de l’esprit.
Thierry Jan