Les origines de la parole ont toujours suscité beaucoup d’intérêt. Aujourd’hui encore, les nouvelles études sur la question sont nombreuses. Beaucoup tentent de percer ce mystère. Dans son livre intitulé « L’instinct du sens », Philippe Barbaud nous fait découvrir son analyse, et répond à toutes les questions qu’on peut se poser sur ce phénomène qui a émergé il y a 2,5 millions d’années.
Et si nous partions pour un grand voyage dans le temps ? À une époque où notre ancêtre n’utilise qu’un langage primitif et instinctif, animal même, qui lui sert uniquement à avertir du danger. C’est à cette époque lointaine que notre ancêtre, sous l’effet des transformations de son environnement, a commencé à adopter la position debout. Cette transformation en a amené une autre, celle de son appareil buccal. Cet appareil qui servait à respirer et à manger s’est petit à petit trouvé une nouvelle fonction, celle d’articuler des sons. Ensuite, par un long processus d’utilisation de ces nouveaux sons et de donner du sens aux choses pour communiquer avec ses semblables, notre ancêtre aurait fait émerger la parole. Avec le temps, des mots seraient apparus et son vocabulaire se serait développé.
C’est ce processus, aussi long que passionnant, que Philippe Barbaud nous explique dans son livre. Long, car pour ce faire il nous emmène 2,5 millions d’années en arrière pour nous ramener progressivement jusqu’à nos jours ; et passionnant car ce processus mêle plusieurs études dans des disciplines variées. En effet, cette émergence de la parole n’a pas qu’un aspect biologique et morphologique (adoption de la position debout et transformation de l’appareil buccal), mais aussi social (envie de communiquer du sens). Et bien d’autres aspects entrent également en ligne de compte. L’auteur nous fait profiter aujourd’hui de ses sept années de recherches et en arrive à la conclusion suivante : « Nous parlons parce que l’être humain, depuis l’enfance de son espèce, a toujours voulu communiquer du sens. »
Le livre, découpé en trois grandes parties, nous embarque dans une véritable « préhistoire de la parole ». En effet, l’auteur retrace en définitive l’histoire de notre espèce au travers du langage. Il est très intéressant de découvrir les différentes étapes, car cette histoire de la parole ne peut s’expliquer sans évoquer l’évolution de notre espèce dans sa globalité, d’Homo habilis à Homo sapiens, avec l’utilisation des premiers outils, la découverte du feu et surtout sa maîtrise qui a joué un rôle primordial dans le développement du vocabulaire de nos ancêtres. C’est une histoire dans l’Histoire.
Et l’ouvrage ne s’arrête pas là. Car l’auteur, linguiste, va encore plus loin dans sa réflexion. Il nous explique comment il est possible que les différentes langues que l’on peut dénombrer aujourd’hui puissent toutes fonctionner sur le même système, la même matrice, alors qu’elles sont si nombreuses.
Le propos peut parfois paraître soutenu, mais l’auteur nous rend la compréhension bien plus facile en faisant des petits apartés et en nous résumant certains passages un peu complexes avec des mots plus simples, plus accessibles et parfois en faisant référence à la culture populaire. Par exemple, si je vous parle de « jargon interjectif proto-humain », beaucoup vont se demander de quoi il est question. Mais si maintenant je vous donne le reste de la phrase : « Il se pourrait que ce jargon interjectif proto-humain puisse être incarné de nos jours par celui du personnage de Chewbacca, vous savez, ce grand anthropoïde Wookie de la série Star Wars qui est le fidèle coéquipier de Han Solo envers qui il a une dette de vie depuis que ce dernier l’a libéré du joug de l’Empire. », vous comprenez un peu mieux ?
Certes le sujet assez complexe, mais il vaut le coup de s’accrocher. Découvrir nos origines au travers du langage est captivant.
Editeur : Des auteurs des livres
Site officiel du livre : L’instinct du sens
Site officiel de l’auteur : Philippe Barbaud
Livre scientifique
346 pages
39 euros
