La Conjuration Primitive, le nouveau roman de Maxime Chattam sort aujourd’hui en librairie. Après un détour – réussi – par la fantasy avec la saga Autre-Monde et le diptyque du Temps situé au début du XXe siècle, l’auteur renoue avec le thriller contemporain aussi efficace que terrifiant. Et si le Mal se rassemblait ?
En région parisienne, plusieurs cadavres sont retrouvés portant, gravés en eux, un mystérieux symbole : *e.
Pourtant ce qui apparaît très vite aux yeux d’Alexis Timée (serait-ce un descendant du héros de Léviatemps ?) et de son équipe, c’est qu’il ne peut s’agir que d’un seul tueur : trop de différences dans le modus operanti : des femmes sont retrouvées atrocement torturées et violées, tandis que d’autres victimes donnent l’impression d’avoir implosées de l’intérieur.
Tout se complique quand un adolescent pousse quatre personnes sous un train avant de se donner la mort après avoir tagué le même symbole sur un mur de la gare.
Tout se précipite quand plusieurs meurtres sont commis la même nuit en des lieux différents.
Les tueurs semblent se répondre, se défier, jouer. La France ne suffit plus et l’épidémie se répand : Espagne, Ecosse, Pologne. Le Mal gagne rapidement du terrain, la Section de Recherches est sur les dents, leur but : endiguer cette pandémie.
Rapidement immergé dans l’histoire, le lecteur va suivre l’enquête d’Alexis, Ludivine et Segnon membres de la brigade SR. Le roman s’ouvre alors que des crimes ont déjà eu lieu, l’enquête est lancée mais est au point mort. Tout en résumant les faits, l’auteur nous présente les personnages auxquels on s’attache inévitablement. Alexis est la figure centrale du trio, flic trentenaire efficace mais rongé par la solitude, une vraie solitude, un vrai besoin de construire une famille ; Ludivine, jolie blonde du même âge qu’Alexis, figure féminine moderne et tenace, et enfin Segnon, grand black attaché plus que tout à sa femme et à ses enfants. Richard Mikelis, profiler à la retraite, vient rejoindre l’équipe. Extrêmement doué pour se mettre à la place du tueur, Mikelis effraye autant qu’il suscite l’admiration. Tous les personnages sont justement décrits, humains. Ce sont des héros que l’on a envie de suivre sans la moindre hésitation.
On sent bien, dans ce roman, que la famille est le point d’orgue qui permet de maintenir les personnages dans la réalité quotidienne et les empêche de tomber dans les ténèbres ; elle est l’élément qui les protège et apporte une certaine tendresse à l’ensemble du roman.
Ecrit à la troisième personne et divisé en trois grandes parties (Lui, Elle, Eux), l’intrigue est construite d’une main de maître, semant troubles et angoisses chez le lecteur, le suspense s’installe très rapidement et va crescendo. Jusqu’à l’avant-dernier chapitre, Maxime Chattam maintient un très haut degré d’incertitude sur l’avenir des héros. Terriblement machiavélique, La conjuration primitive ne se contente pas de mettre en scène un tueur psychopathe mais une multitude, jusqu’à la révélation finale qui glacera les sangs de plus d’un lecteur ! La fin est palpitante, brûlante, on y est plongé tout entier, coincé avec Ludivine, attendant que l’aube se lève…
Comme habituellement dans les romans de Maxime Chattam, l’écriture est très soignée, fluide et dense, instructive sans jamais être trop difficile à comprendre. Très descriptive, on n’a aucun mal à visualiser les lieux, les personnages construisant autour de l’intrigue policière, un monde qui étoffe le roman. Les fans apprécieront un clin d’œil de l’auteur dans les dernières pages et retrouveront, avec émotion, un personnage que « les Chattamistes » n’ont pu oublier.
460 pages de terreurs, d’enquête, une plongée infernale dans les abysses de l’être humain. Abordant le thème des réflexes primitifs chez l’homme, Maxime Chattam nous propose un thriller puissant, emprunt de réflexion, un croisement intense entre L’âme du mal et La théorie Gaïa. La Conjuration Primitive est un roman au suspense implacable où l’auteur franchit un nouveau seuil dans la noirceur de l’âme humaine.