« Devi-Diva », la nouvelle exposition qui se tient au musée des arts asiatiques, donne la carte blanche au cinéma indien et à ses héroïnes. Le septième art est le loisir le plus populaire en Inde. Il est le reflet de la société indienne. De la déesse (Devi) à l’héroïne (Diva) il n’y a qu’un pas. Si, à ses débuts, il consacre surtout la femme soumise, aujourd’hui, de nouvelles idoles – indépendantes, androgynes, féministes – pointent le bout de leur nez, au sein d’une société figée par le machisme. Si lointaine, l’Inde est si proche en cela de l’Occident. Les combats de ses femmes sont les combats des nôtres.
A l’origine de cette exposition, une femme aux multiples visages. Bérénice Ellena, indianiste, écrivain, cinéphile, avait proposé de mettre en lumière la femme, à travers les personnages qu’elle incarne dans le cinéma indien. Ce projet avait reçu le soutien du Conseil Général des Alpes-Maritimes. La résonance du Festival International du Film de Cannes et les studios Victorine ont placé notre département au cœur du 7ème art. A travers Devi – Diva, Nice entame un projet ambitieux afin de retrouver sa place de terre d’accueil des initiatives culturelles.
Au-delà de certains clichés, Bollywood, première industrie du cinéma au monde derrière Hollywood, propose une véritable réflexion sur la société indienne.
La production indienne reçoit depuis quelques années une reconnaissance internationale, à travers, notamment le succès de Lagaan ou Devdas en 2000. Elle puise son inspiration dans la mythologie indienne qui place la femme sur un piédestal sous des formes parfois incongrues et très opposées : pure et inaccessible, toute puissante et toute compatissante, divine et charnelle, soumise et rebelle… Ceci est tout le paradoxe de la société indienne. Quand elle vénère une femme-mère, une épouse modèle, une amante soumise, elle rend aussi hommage à une femme autonome et rebelle. L’exposition le montre à travers des statuettes, des productions cinématographiques projetées sur écrans géants, des photographies, des affiches…Au programme aussi, des défilés de sari, des cérémonies de thé, des conférences… Et les femmes en noir et blanc et en couleur, joyeuses et tristes, amoureuses et haineuses, dominatrices et dominées, pudiques et dévergondées. Elles ressemblent étrangement aux femmes occidentales, subissent les mêmes injustices : des violences conjugales, des agressions sexuelles, de l’inégalité au travail… Dernier volet, femme rebelle et indépendante, à l’image de la très populaire Pretty Zinta, androgyne mais sexy, bonne copine mais maîtresse savante, femme d’affaires mais bonne cuisinière. Une raison de plus pour se précipiter au Musée des Arts Asiatique, transformé en temple de la femme le temps d’une exposition.
«Devi-Diva, les 7 voiles de Bollywood
La femme à travers le cinéma indien»
Exposition du 6 juillet au 31 décembre 2006
Musée des Arts Asiatiques
405, Promenade des Anglais
06200 Nice
Tél. 04 92 29 37 00
www.arts-asiatiques.com