Cette exposition, où cinq artistes : photographes, vidéaste, dessinateur et peintre, exposent leurs œuvres, est une sorte de S.O.S, un appel au secours. Les migrants nous ont fait redécouvrir la réalité d’une frontière.
Entre la France et l’Italie, on avait oublié cette ligne séparant deux Etats. On passait de Menton à Vintimille sans aucun contrôle et laissant la côte d’Azur on découvrait la riviera dei Fiori. Les migrants, ces hommes, ces femmes, ces enfants, fuyant la guerre ont affronté mille périls pour échouer à nos portes. Au pont saint Louis en ce début d’été 2015, ils vont rester quatre mois à camper sur les rochers.
Adrien Rebaudo retrace leur épopée, il ne s’arrête pas à la frontière italienne. Il y a aussi Calais et son tunnel, là aussi une frontière, le photographe nous fait partager le drame de ces êtres humains parqués comme du bétail. Hannaka quant à elle, bien connue des habitués de la galerie Depardieu, s’est attaché à un homme sur son chemin d’exil, 48 photos, 48 chapitres, ceux d’une vie.
Clichés en noir et blanc pour ne pas oublier cet homme et son histoire. Nadine Spinoza et ses dessins, feuilles volantes que peut-être le vent emportera ! Silhouettes et personnes sans visage, comme une foule dans la rue, anonyme ; au fait, ce pourrait être vous, nous, moi ou ce voisin croisé tous les matins sans le voir.
Les dessins de Nadine nous parlent, un message simple : « Regardes toi ! C’est toi qui passes. » Ils sont une parfaite illustration des photos d’Adrien Rebaudo. La foule dans la nuit noire et eux, ombres humaines en quête d’un espoir.
La vidéaste Elisabeth Cosimi nous plonge directement parmi ces migrants, dans leur village de toile où une église est improvisée. Leur témoignage direct et immédiat, un film brut, en ce sens qu’il n’est pas hollywoodien, mais humain. Le cinéma a rendu la photo vivante en l’animant, Elisabeth nous le démontre avec la vie quotidienne de ces migrants ; Ils ne jouent pas un rôle, mais leur vie.
Poignant, déchirant et prenant. Faisons une place à l’étranger dit le cantique. Faisons une place à l’autre, ne fermons pas nos frontières, ouvrez portes et fenêtres disait Jean Paul II.
Au dernier artiste l’honneur de la conclusion. David, membre d’Amnesty International expose ses peintures. « Hélas de tous temps les hommes ont préféré les murs aux portes. Naguère les frontières étaient destinées à empêcher la sortie ; à présent c’est plutôt l’entrée. »
L’artiste concluant la présentation de son travail : « Le plus beau des voyages conduit l’un vers l’autre. » Mais, sommes-nous encore capables d’aller vers l’autre ? Voilà la question finale, la plus importante posée par cette exposition.
Thierry Jan