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22 novembre 2024

La Journée d’étude consacrée à la persécution des Juifs: un devoir de mémoire

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La Journée d’étude consacrée à la persécution des Juifs dans les Alpes-Maritimes durant la Seconde Guerre mondial a permis de présenter des nombreux témoignages et interventions d’experts.


memorial_juif.jpg Une exposition relatant les étapes de ces événements a été également proposée par l’Office National des Anciens Combattants t Victimes de Guerre et de le Mémorial de la Shoah dont le directeur Jacques Fredj a conclu les travaux.

Cette journée a permis de rappeler ces temps « sombres et glorieux » où le fanatisme idéologique a côtoyé l’humanisme de certains qui a permis, entre autre, ce geste magnifique qui a sauvé 527 enfants dont certains étaient présent dans la salle et quelques uns d’entre eux ont pris la parole.

Nous publions l’intervention du Préfet Adolphe Colrat qui a voulu recevoir cette manifestation au Palais Sarde, siège de la République et symbole de l’unité de la nation :

Un seul regret , celui de n’avoir pu aujourd’hui serrer la main et dire merci à Serge KLARSFELD. Un monument, impressionnant et familier. Un Grand Officier de la Légion d’honneur – Ces 7 mots doivent être pris au pied de la lettre.

Il a notamment combattu pour ce qui s’était passé ne soit pas désigné par un mot
grec évoquant un sacrifice expiatoire ou propitiatoire, mais par un mot hébreu, Shoah,
dont les deux sinistres syllabes résonneront pour toujours dans l’histoire des hommes, avec le souvenir lancinant d’une entreprises méthodiquement conduite
d’anéantissement.

Il y a quelques années, j’ai eu en main un gros petit livre jaune, épais et dense
comme un code DALLOZ, le Mémorial de la déportation des Juifs de France, rédigé à
partir de la liste des quelque 76 000 déportés, train par train, un précis du déshonneur et de la cruauté, froid, méthodique, objectif.

« A Auschwitz on n’a gazé que les poux ». Cette affirmation stupide et écumante de haine en octobre 1978 de Louis DARQUIER de PELLEPOIX, qui avait été directeur au Commissariat général aux questions juives de 1942 à 1944, est un concentré de négationnisme et d’aveu – si l’inconscient est structuré comme un langage.

Oui, pour des hommes, d’autres hommes, dès lors qu’ils étaient Juifs, ont pu être
considérés comme moins que des insectes malfaisants. Les poux, ça s‘élimine.

Auschwitz, le jeudi 30 janvier 2014, à l’invitation du Président du Conseil général,
avec le Maire de Nice, aux côtés d’une petite cohorte de témoins et de fils et filles de
témoins, avec les collégiens du département. Le froid glacial. L’horreur dans sa nudité.

Le Tribunal international militaire de Nuremberg, face à cette horreur, a dû faire
exception à deux principes fondamentaux du droit, en définissant le crime contre
l’humanité :

La non rétroactivité des peines, – les condamnés l’ont été pour des faits sans exemple
et sans précédent historique, et dont la qualification n’existait pas -, et la prescription
des crimes.

La prescription, c’est la prise en compte raisonnable du fait que nous sommes dans
l’ordre des choses humaines, que le temps doit faire son oeuvre, et qu’il y a un droit à
l’oubli.

Les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles. Il n’y a pas de droit à l’oubli. Et il y
a au contraire un devoir de mémoire, et au sens le plus fort du mot devoir : une
obligation morale, qui est elle-même inséparable de notre dignité d’homme.
Mais il ne suffit pas d’affirmer l’imprescriptibilité comme principe juridique. Car avec
le temps la mémoire peut se déformer et s’effacer.

Tels sont le sens, la portée, et la nécessité d’une journée comme celle qu’il nous est
donné de vivre.

Auschwitz – Nice.

D’un côté la nudité glacée. La barbarie.

Ici, même à l’époque, des paysages riants. Des gens comme nous. Des responsables
publics. Des fonctionnaires. Des conducteurs de bus. Des employés de la SNCF. Nos concitoyens.

Et sans doute chez le plus grand nombre l’indifférence ou surtout la peur. Chez
quelques-uns, trop rares au regard de l’image que nous aimerions avoir de notre
pays, le sens de l’honneur et du courage, quels que soient les risques encourus, mais
avec de très belles et nobles figures de tous milieux. Chez d’autres encore l’abjection.

Regardons cette histoire avec humilité, mais d’abord apprenons-la et méditons-la.
Ensemble.

Il n’y a évidemment pas de responsabilité collective à l’égard du passé, pour ce qu’ont
fait ou n’ont pas fait nos grands-parents ou nos arrière-grands-parents.
Mais il y a peut-être une responsabilité collective pour l’avenir. Plus personne
désormais ne doit pouvoir dire : « Je ne savais pas ».

Adolphe Colrat,, Préfet des Alpes-Maritimes

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