Raoul Dufy est né le 3 juin 1877 au Havre. Tout en travaillant dans une entreprise d’import-export où il peut voir la mer et le mystère des navires voguant vers l’horizon, il suit les cours du soir à l’école municipale des Beaux-Arts. A l’aube du XX° siècle il se retrouve à Paris et très vite expose, notamment au salon des indépendants.
Le musée Jean Cocteau de Menton rend un hommage à Raoul Dufy à travers une exposition sur cet artiste touche à tout, un peu comme Jean Cocteau, les deux hommes ne pouvaient que se rencontrer et s’apprécier.
Raoul Dufy, fauve, cubiste, en tout cas résolument moderne, dès 1905 il s’éloigne de l’académisme. Dufy : peintre ? Aquarelliste ? Céramiste ? Modiste ? On ne peut y répondre, tant son génie est vaste et éclectique. On l’a défini comme le peintre du plaisir. Ce sont ses multiples rencontres qui l’on amené à créer. Le tissu, toute une aventure où la mode et ses grands noms comme la Schiaparelli vont collaborer avec lui. Le tissu, il en fait les dessins, Paul Poiret lui commande des tentures peintes à la main. Les portraits de Berthe Weill dont un sur le Figaro du 2 novembre 1945.
Raoul Dufy est un artiste à thèmes : la mer, la musique, les naïades, les paysages. Dufy inverse la règle contours, coloriage, c’est tout le contraire, ce sont les couleurs qui définissent les contours. On est bien avec lui chez les modernes où l’on tente d’échapper aux contraintes de la toile et de son cadre. La fée électricité est probablement la plus belle ‘BD’ jamais dessinée.
L’exposition nous en montre 10 tableaux dont la lecture commence au centre pour s’étirer comme vers un infini vers la gauche et la droite. Les chevaux sont aussi une passion de Dufy, l’hippodrome de Nice nous montre le public, les jockeys et les chevaux. Qui va gagner ? Peu importe on est à Nice, au bord de la mer et noyé dans la lumière du soleil. Avec les fleurs on se retrouve dans un jardin, peut-être celui extraordinaire de Trenet.
Après tout Dufy est lui-même extraordinaire. Les ballets russes de Diaghilev, Darius Milhaud, le Bœuf sur le toit, bestiaire d’Apollinaire illustré par Dufy. A travers cette exposition ce sont les artistes ayant séjournés sur la Côte d’Azur, les relations de Dufy, ses nombreux voyages, le touche à tout, le peintre, le céramiste, le dessinateur, l’aquarelliste et le concepteur de mode.
Le musée Cocteau de Menton est l’écrin idéal pour cette exposition. Les deux grands artistes créateurs du XX° siècle ont abolit les frontières de l’art. On peut être aussi bien peintre que sculpteur, créateur de mode ou céramiste. La poésie est une manière d’exprimer les arts.
Si chez Cocteau elle atteint l’absolu, chez Dufy elle exprime la virtuosité. Tout l’intérêt de cette exposition est ce voyage offert au public au cœur du XX° siècle avec tous ses bouleversements et surtout toute cette créativité artistique dont on n’a pas fini de découvrir l’étendue et ses conséquences.
Le musée Cocteau en cela est spécifique, il bouscule les codes habituels par des thématiques pertinentes. On ne vient pas y admirer des œuvres comme dans une pinacothèque, mais s’interroger sur son soi par rapport au message de l’artiste, lequel, toujours nous interpelle.
Thierry Jan