La journée commémorative du 5 juillet 1962*, était l’occasion pour rendre hommage aux victimes avec la projection au CUM , en avant-première du film « Oran, le massacre oublié » .
Cette projection a été suivie d’une table ronde animée par Georges-Marc Benamou, producteur, Jean-Jacques Jordi, historien et écrivain, Jean Monneret, historien et écrivain, Jean-Noël Pancrazi, écrivain, et Suzy Simon-Nicaise, Vice-présidente nationale du Cercle Algérianiste.
Le massacre du 5 juillet 1962 à Oran est un massacre d’Européens qui se déroule trois mois et demi après le cessez-le-feu de la guerre d’Algérie
- Il est perpétré par des éléments armés algériens sur de civils européens (le bilan estimé des victimes est discuté : 600 à 3000). Des victimes musulmanes ont également été dénombrées.
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En revanche, la barbarie de ce massacre de masse, resté impuni et probablement prémédité afin d’effrayer et d’hâter le départ des européens est difficilement contestable.
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Les forces armées françaises attendront plusieurs heures avant de s’interposer.
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Au contraire de la répression de la manifestation du FLN à Paris, le 17 octobre 1961 (et comme pour le Massacre de la Rue d’Isly du 26 mars 1962) la France n’a jamais voulu reconnaître sa responsabilité, alors que c’est, sur un temps très court, le plus grand massacre de la guerre d’Algérie.
Le contexte
- A la suite des accords d’Évian du 18 mars 1962 Le scrutin d’autodétermination a eu lieu, le 1er juillet.
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Il reste à Oran, le 5 juillet, environ 100 000 Européens. Ils bénéficient, en principe, de la garantie de leur personne par les accords d’Évian. Dès le matin, une foule déferle des quartiers arabes vers les quartiers européens, de la place Kargentah vers la Place d’Armes, « pour un défilé pacifique ».
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À 11 heures, un coup de feu, qui pourrait être un signe, retentit. C’est le début d’un carnage : une chasse à l’Européen commence, sauvage et systématique, dans toute la ville. Les premiers rapts sont signalés vers 12 h 10.
La réaction de l’armée française
18000 hommes de l’armée française étaient présents à Oran Ville. Pour De Gaulle, « La France ne doit plus avoir aucune responsabilité dans le maintien de l’ordre après l’autodétermination.
- Le général Katz commande l’Oranais. Il ne réagira pas avant le début de l’après-midi probablement afin de ne pas déplaire au pouvoir politique. A 12h15, il fait rappeler que les troupes sont consignées.
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Il soutiendra toujours que le Gouvernement français et non lui était responsable de l’inaction de l’armée puisque le maintien de l’ordre lui avait été retiré.
L’honneur sera sauvé par des initiatives isolées
- Le capitaine Croguennec fait libérer à 14 heures plus de 400 personnes du commissariat central, et les accueille dans son cantonnement de l’école Jules Ferry.
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Le lieutenant Rabah Kheliff commande la 4e compagnie du 30e BCP. Il sauve des centaines d’Européens
La réponse des autorités algériennes
- Le nouveau préfet Lahouari Souyah présente aux médias 58 prisonniers musulmans arrêtés la veille à Petit-Lac. Il les charge de tous les crimes commis. Version à laquelle personne ne crut à Oran, même chez les musulmans.
Les conséquences pour la population européenne
- Ce massacre achève de terroriser la population civile européenne. Il lui montre qu’elle est privée de protection. En octobre 1962, il ne restera plus en Algérie que deux cent mille pieds-noirs, sur environ un million l’année précédente.
Le nombre de victimes
- Les chiffres officiels de l’époque faisaient état de 25 morts
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Des associations de rapatriés parlent de « 3 000 disparus » à Oran, ce jour-là.
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Jean-Pierre Chevènement, préfet d’Oran par intérim, cite le chiffre de 807 victimes que lui fournirent ses services
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En 2010, Jean Monneret estime « raisonnable, toutes évaluations confondues », d’avancer que l’ordre de grandeur des victimes européennes du 5 juillet 1962 à Oran se situe « dans une fourchette de 400 à 600 ».
Le refus de la France de reconnaitre le massacre et sa responsabilité
La République refuse avec constance de reconnaitre sa responsabilité dans le massacre. Le 20 avril 2015, Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’État aux anciens combattants et à la mémoire, en visite à Alger, qualifie ce massacre de « débordements tragiques », en renouvelant la négation.