Laurent Ballesta : dans les abysses, une poésie en suspension

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Parcours à travers l’exposition “Mers et Mystères” au Musée de la Photographie Charles Nègre à Nice

Sous les voûtes du Musée de la Photographie Charles Nègre, un voyage en apnée s’offre au visiteur. L’exposition Mers et Mystères du photographe et biologiste Laurent Ballesta nous entraîne dans un monde à la fois lointain et familier, entre splendeur et fragilité.

La tornade des requins gris en chasse, Passe sud de l’atoll de Fakarava, Pol. Française, -30 m © Laurent Ballesta

Trois mers, trois mondes

La première escale nous plonge sous la glace de l’Antarctique. Le contraste y est saisissant : à la surface, une palette glacée, presque silencieuse, peuplée d’une dizaine d’espèces. Mais sous l’eau, l’explosion de vie défie les apparences : 9 000 espèces, un feu d’artifice de couleurs et de formes que Ballesta capte avec minutie. Loin du noir et blanc polaire, ce monde révèle sa richesse insoupçonnée.

Cap ensuite sur les eaux chaudes de la Polynésie française. Ici, la vie foisonne. Ballesta y réalise un exploit : 24 heures sous l’eau, pour témoigner de la ponte des mérous. Un événement aussi rare qu’éphémère, qui attire chaque année des hordes de requins gris, venus chasser à la faveur de la nuit. Grâce à un éclairage minimal, parfois seulement la lumière de la lune, le photographe capte l’esthétique de cette chasse nocturne avec une délicatesse troublante. Il aura fallu deux années d’immersion, neuf plongeurs, et des milliers d’heures pour capter la frénésie de cette nature indomptée.

Enfin, la dernière partie de l’exposition nous ramène en Méditerranée, “la mer qu’il connaît le mieux”. Grâce à des techniques de plongée industrielle, l’équipe a passé en un mois plus de temps sous l’eau que dans toute une décennie de plongée classique. Un exploit technologique qui permet de révéler un monde méconnu : celui des abysses niçoises, où la vie remonte chaque nuit des profondeurs, jusque dans les eaux côtières.

Une esthétique au service d’un engagement

Portrait Laurent Ballesta

“Je pars en plongée comme un botaniste en forêt”, écrit Ballesta. Et c’est bien cela que l’on ressent : une approche humble, scientifique, presque spirituelle. Ses images ne sont pas de simples photographies : ce sont des fenêtres ouvertes sur un monde en sursis, où le mystère se conjugue à l’urgence écologique.

L’exposition Mers et Mystères est visible jusqu’au 28 septembre 2025. Une invitation à plonger autrement.

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