Depuis, comme on dit, « beaucoup d’eau est passéé sous les ponts », et la radicalisation de la vie politique de la Peninsule a viré à la démocratie-variété de M. Berlusconi. Que dire donc de ces jeunes qui pensaient faire une révolution « prolétaire », eux qui de prolétaire n’avaient que le nom étant en majorité issus de la petite bourgeoisie et qui finirent par devenir des assassins en sacrifiant la vie de tant d’innocents ?
Sergio Segio, arrêté en 1982 et condamné à la prison à vie, sortit de prison en 2004, dernier du Groupe Prima Linea, une formation qui se disputa avec les Brigade Rouge la primeauté de la lutte contre les institutions républicaines. Depuis, il travaille dans le benevolat social.
Son histoire est celle de toute une génération de jeunes qui ont cru à une illusion et qui, comme le dit, le protagoniste ‘pensait avoir raison et finalement avait tort’.
Plus de 300 morts, hommes politiques, juges, représentants de l’Etat et surtout des simples citoyens furent les victimes de ce rêve qui a viré au cauchemar et à un reveil sanglant. Renato De Maria, le metteur en scéne, a le mérite incontestable d’avoir evité dans la réalisation de ce film le romantisme et la caricature. Riccardo Scamarcio et Giovanna Mezzogiorno (qui interpréte le role de Susanna Ronconi, compagne d’aventure et de vie de Sergio Segio, arretée elle aussi en 1982 et detenue jusqu’en 1998), deux des acteurs de valeur de la nouvelle génération transalpine, incarnent au plus juste leurs personnages.
Un film à voir pour analyser et réfléchir mais surtout un (mauvais) souvenir pour ceux qui ont vecu personnellement ces « années de plomb », pas si lointaines que ça, où quand on sortait de chez soi, le matin, on se démandait si on y serait revenu vivant le soir venu !
