Nice-premium : Comment êtes-vous devenu humoriste alors que vous auriez dû être professeur de sport ?
Florent Peyre : C’est justement en fac de STAPS, à Nice, que j’ai pris cette décision. Je suivais des cours d’expression orale comme tous les autres étudiants. Et j’ai eu un déclic : je me suis passionné pour le théâtre et le métier de comédien. Au début, je ne me suis pourtant pas spécialisé dans l’humour. Lorsque j’ai pris des cours de théâtre au cours Florent à Paris, puis au Conservatoire de Marseille, les profs dédaignaient les sketchs, les caricatures. La première pièce où j’ai eu un rôle était une pièce dramatique. Rien à voir avec mon spectacle !
NP : Pourriez-vous nous présenter votre spectacle avec vos propres mots ?
FP : C’est un mix entre des sketchs et du stand-up. D’abord, les sketchs, c’est tout le côté théâtral, en représentation. Certains sont plus écrits, d‘autres ont pour objectif de provoquer le rire du public par des attitudes, des grimaces… Quand au stand-up, il s’agit d’un échange direct avec le public, pour le faire participer au show. La difficulté est de trouver le bon équilibre entre sketch et stand-up.
NP : Avez-vous vraiment rencontré dans la vie les personnages que vous jouez dans vos sketchs ?
FP : Non, je ne les ai pas rencontrés dans la vraie vie. Mais au départ, je m’inspire toujours de personnes réelles. Par exemple, j’ai été vendeur de foire pendant plusieurs années. C’était d’abord un job d’été, puis c’est devenu « alimentaire » : je faisais des foires pendant deux semaines pour gagner de l’argent, puis j’écrivais mes sketchs dans les semaines qui suivaient. Pareil pour le sommelier : un jour, j’étais dans un grand restaurant où un serveur nous présentait le vin qui accompagnait chaque plat. Dans mon sketch, je pousse le personnage jusqu’à la folie.
NP : Vous en faites une caricature ?
FP : Oui, on peut dire ça. Je pars du réel pour emmener ces personnages dans mon univers. C’est même plus qu’une caricature : je rajoute des tics aux personnages. Certains spectateurs font le rapprochement avec l’humoriste québécois Michel Courtemanche. Il ne fait pas vraiment partie de mes influences, mais j’ai beaucoup regardé ses spectacles pendant mon adolescence. À ce moment-là, il était au sommet de sa carrière. En fait, il m’a peut-être influencé de manière inconsciente.
NP : Justement, quels sont les comiques que vous admirez, ou que vous prenez comme modèles ?
FP : J’aime beaucoup Albert Dupontel, Benoît Poelvoorde, surtout ce qu’il faisait avant le cinéma, comme Monsieur Manatane, et Dieudonné. Il est critiqué pour son engagement politique, mais je l’admire quand même : il a écrit une dizaine de spectacles au cours des quinze dernières années. Je les préfère à Jean-Marie Bigard ar exemple, qui ne fait que du one-man-show. Pour moi, la dimension de comédien est plus importante.
NP : Comment voyez-vous votre avenir ? Voulez-vous devenir acteur ou continuer le one-man-show ?
FP : J’ai déjà joué au cinéma ou à la télévision, des petits rôles. À l’avenir, cela me plairait bien d’aller vers des rôles plus ambigus, plus noirs. Quand on est un jeune humoriste qui essaie de percer, travailler la médiatisation est primordial. Moi, je ne suis dans le one-man-show que depuis un an et demi. J’ai la chance de travailler avec Rémi Castillo, qui participe au Plus grand cabaret du monde. J’ai aussi remporté le Festival des jeunes talents organisé à Aix-les-Bains. J’espère que tout cela me servira dans les prochains temps. Ce qui rend le métier d’humoriste difficile, c’est qu’il faut rencontrer les bonnes personnes, en plus d’avoir du talent, pour réussir.
Après ses spectacles à Nice, Florent Peyre sera à Marseille, au théâtre de l’Antidote, puis à Paris, à l’Elysée-Biarritz le 13 février, pour la soirée Jeunes talents de l’année, organisée par Rémi Castillo.
Il fera la première partie du spectacle de Tex au mois d’avril.
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