« Dites, vous croyez qu’on aura plus de spectateurs qu’au stade Louis II ? » Patson s’interroge. Comme les autres élèves du Jamel Comedy Club, il connaît peu la principauté, et ironise : « Monaco c’est le seul club de foot où les joueurs connaissent le nom des supporters, et pas l’inverse. » Ils sont venus jeter un œil sur le rocher, un mois avant, pour présenter leur spectacle. Les conférences de presse ce n’est pas leur truc. Mais ils se sont laissés prendre au jeu, par plaisir d’aller à la rencontre du public qui les attend à Monaco, le 7 décembre. Ils se dépêchent de répondre aux journalistes, pour ensuite poser les questions, eux mêmes. Sur la ville, sur les spectacles qui les ont précédés.
La meilleure improvisation, est celle qui est préparée confie les 4 artistes. La preuve : en conférence, Thomas bafouille un peu. Histoire de trouver une contenance, il raconte comment est né le Stand Up, aux Etats-Unis, au début du siècle. Le Jamel Comedy Club reprend ce comique de rue, en présentant 11 jeunes artistes, repérés par l’incontournable Jamel Debbouze et son ami, le metteur en scène Kader Aoun. Chacun a 7 minutes pour jouer son sketch, inspiré de la vie de tous les jours. L’objectif est de se faire un nom, et de pouvoir ensuite voler de ses propres ailes.
Passage obligé pour les jeunes artistes : la conférence de presse. Ils s’y prêtent à leur manière, avec humour. Commence alors un jeu de questions/réponses déjantés. Une ou deux réponses sérieuses, et hop, les autres se permettent d’enchaîner, du tac au tac, provocateurs.
Comment définiriez-vous le spectacle ?
Fabrice : « Il parle d’amour, et de communautés. C’est interactif, on est parfois deux ou trois sur la scène. »
Thomas : « Kader Aoun veille à ce que le spectacle soit homogène et cohérent. Mais sinon, chacun écrit ses textes, on peut dire ce qu’on veut. C’est ça qui est intéressant. »
Patson : « Oui, et ce n’est pas évident de faire marrer les gens en ce moments. Vous savez avec tous les problèmes, le pouvoir d’achat, le Tchad… D’ailleurs si quelqu’un veut m’adopter, je suis noir, et je suis déjà là, moi. »
Que faisiez-vous avant le Jamel Comedy Club ?
Thomas : « J’ai pris des cours de théâtre pendant 7 ans. On tournait dans des petites salles, on s’était déjà tous croisé. Et puis on a rencontré Kader Aoun, il y a deux ans ».
Patson : « Il ne faut pas croire que l’on est des petits glandeurs, on s’est vraiment saigné pour se payer une vraie formation ».
Blanche : « Moi, non. Je suis arrivé là en couchant ».
Quels sont vos rapports avec Jamel Debbouze ?
Thomas : « Les soirs où Jamel est fatigué, on l’est aussi. Il est un peu la locomotive. »
Fabrice : « C’est quelqu’un de très accessible. Il nous donne des conseils, et nous pouvons aussi lui faire nos critiques. Sinon, c’est vrai que Jamel est le problème numéro 1 du spectacle. C’est le chef de file d’accord, mais la qualité de ses prestations…. »
Comment vous voyez vous après le Jamel Comedy Club ?
Thomas : « Croyez moi, vous n’avez pas fini d’entendre parler de moi ! »
Blanche : « Après l’édition 14 du Jamel Comedy Club, je serais trop vieille pour continuer… Et puis j’écris des scénarios ».
Patson : « J’aurais assez d’argent pour rembourser les crédits de mes parents. J’ai aussi un album qui sortira au printemps. Et puis l’intérêt c’est que l’on a construit des choses vraies, dans la durée. »
Fabrice : « Je n’en sais rien, on vit une époque de flou. Tiens, je vais lancer un débat philosophique : peut-on parler d’avenir en 2007 ? Sérieusement, on vit au jour le jour, et on profite de la chance du moment ».
Se faire rire les uns, les autres, c’est encore ce qu’ils préfèrent. Un petit groupe soudé, complice, autour de leur passion de la scène. L’ambiance de cette rencontre annonce un spectacle drôle et chaleureux.