Cette semaine nous allons nous enfoncer dans le département du Var et découvrir deux villages de cette Provence, la plus belle région du monde, aurait dit, parait-il Raimu. Ce sont deux villages de la Dracénie, assez proches l’un de l’autre, pour qu’on les visite en même temps.
Ce sera d’ailleurs l’occasion de longer des vignobles et des oliveraies, champs dont les couleurs sont un tableau impressionniste. Le Muy : l’origine du nom proviendrait de ‘muid’ qui sous l’ancien régime était une mesure de capacité, variant selon les Provinces. Quand François I° rend la langue française obligatoire, le terme se francise en Muy.
Les armoiries sont une croix blanche sur fond vert symbolisant l’appartenance de la cité à l’évêque de Fréjus et à l’abbaye saint Cassien de Marseille. L’éléphant signifiant la force et la ténacité. Le berceau de la commune pourrait être le site de San Luen, là où se réfugiaient les habitants dans un castrum dominant l’Argens.
La première église, notre Dame de la Lauze datait du XI° siècle, elle sera démolie en 1532, pour faire place à saint Joseph. Le nouveau lieu de culte est ravagé en 1707 par un incendie. De nombreuses œuvres d’art furent perdues ou endommagées. Un tableau de saint Sébastien de 1646, une statue de saint Joachim de 1672 provenant de l’ancienne chapelle des pénitents blancs et deux ex votos à la chapelle de saint Dominique et sainte Catherine de Sienne, constituent les trésors de saint Joseph. Il faut se trouver au Muy à l’angélus, vous entendrez un magnifique concert de cloches.
On citera aussi : Notre Dame de la Roquette et la chapelle saint Pons. La tour notre Dame ou de Charles Quint du XIV° siècle connue un épisode historique tragique. Le poète Espagnol Garcilasso de la Véga fut tué devant celle-ci le 23 septembre 1536. Malgré sa promesse, Charles Quint fit pendre les défenseurs de cette dernière. On trouve à proximité le musée de la libération qui évoque le 15 août 1944 quand la Provence fut libérée des nazis. L’activité principale de ce village tournait autour de la forêt avec ses 4800 hectares. De plus de nombreux canaux irrigués par l’Arturby, assurent l’irrigation des terres.
Aujourd’hui le vignoble et l’oliviers sont les moteurs économiques du Muy. La Motte : on ne découvre pas ce petit village, c’est lui qui se livre à vous. Sa grande rue, une placette ombragée de platanes, l’hôtel de ville date de 1838, il est de la taille d’un timbre poste et annonce fièrement que La Motte fut le 1° village libéré par les parachutistes à 3 heures du matin le 15 août 1944. On emprunte une ruelle pentue qui nous mène à son sommet. Sa fontaine de 1847 qui devint celle de la république après février 1848, l’horloge de 1834-1835 qui domine les céans et offre un panorama sur la campagne.
Son église saint Victor le jeune, patron de l’abbaye de Marseille a ses origines au milieu du XI° siècle. Elle fut agrandie deux fois en 1787 et 1872. Deux cloches animent les heures canoniales : une de 1674 et saint Quinis de 1832. Un rétable du XVII° et un reliquaire de saint Quinis, constituent ses principales richesses. Vous ne viendrez pas à la Motte sans vous rendre au moulin communal où Robert Pizay vous attend entouré de ses santons et de ses histoires qui sentent le thym et la lavande.
Vous ferez connaissance avec la Fifinette, vous saurez pourquoi l’horloge n’a ni chiffre, ni aiguilles. Vous, mais Robert expliquera tout, il vous dira l’importance du bar tabac, le centre vital des villages et songez bien que vous êtes en Provence là où la lumière est transparente, pays des bravades et des arômes, ce seront quelques clés pour mieux comprendre ce merveilleux conteur que l’on quitte avec tristesse.
Son moulin est une caverne aux trésors et pour vous remercier de votre visite, Robert vous offrira des textes, historiettes véridiques de personnages hauts en couleurs. Que ce soit au cœur de l’été caniculaire, en automne avec la nature qui s’embrase, en hiver avec un paysage figé par le froid ou au printemps avec ce retour à la vie, la Provence sera toujours une terre d’accueil où le visiteur est le bienvenue.
Thierry Jan