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22 novembre 2024

Le Soi et autrui (11)

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La constitution du « Soi » se fait par la perception que l’on se fait de notre identité personnelle. Elle est le produit de la socialisation. Pour les sociologues interactionnistes des XIXe et XXe siècles comme Erving Goffman, les interactions sociales délivrent les identités individuelles et non l’inverse. La valeur d’identité n’est pas inerte. Elle est la continuité d’un processus. Le travail identitaire de chacun se fait de façon continue durant la trajectoire individuelle. Ce cheminement est lié aux ressources mobilisées et au contexte.


Les différences expériences de chacun font varier cette identité. Le sociologue français Claude Dubar caractérise deux composantes indissociables de l’identité sociale. L’image que l’on se forge de notre personne est « L’identité pour soi ». Celle que l’on veut projeter et communiquer à notre entourage est « L’identité pour autrui ». Se conceptualisant constamment vis-à-vis de l’autre dans l’échange, tout en étant en relation avec ce que les autres nous reflètent. Dans le domaine de la recherche, dans les sciences humaines, la philosophie s’approprie les questions suscitées par l’identité. L’héritage philosophique est l’un des plus anciens, et précurseur de ce que l’on connaît de nos jours. Pour les philosophes présocratiques dont Héraclite et Parménide (VIe et Ve siècles av. J.-C), l’identité était déjà un pilier de leurs méditations. Durant le Moyen Âge, il permet d’exprimer la conformité au groupe.

Durant les XVIIe et XVIIIe siècles les empiristes, ont eux aussi étudié ce concept pour poser le problème de l’identité personnelle. L’unité de l’identité personnelle dans le temps a été conceptualisée par le philosophe anglais John Locke. Il finit par en conclure qu’un individu est une conscience de soi incarnée, capable de garder à l’esprit les phases successives de son existence. Au XIXe siècle, Georg Wilhelm Friedrich Hegel en fait une tout autre conclusion en déplaçant la question de l’identité dans le champ des rapports sociaux. Par conséquent, l’identité résulte alors de la reconnaissance réciproque du Moi et de l’autre, elle naît d’un processus conflictuel où se construisent des interactions individuelles, des pratiques sociales objectives et subjectives. Dans ses études neurologiques, Sigmund Freud identifie le conflit comme fondement de l’identité. Il a introduit une brèche dans le sujet humain qui été jusqu’ici définit par Descartes puis Kant. Le XXe siècle est devenu très enrichissant dans les nombreuses recherches scientifiques sur la question de l’identité. Les psychologues se sont approprié le concept en mettant l’accent sur l’individu. Le psychanalyste allemand Erik Erikson est un acteur majeur dans la diffusion du terme d’identité. Cela a engendré un nouvel intérêt dans les sciences sociales. Il est l’un des chercheurs phares d’une théorie du concept de l’identité liée à la psychologie du développement. Sa théorie et ses recherches ont aidé de nombreux scientifiques après lui. Ces derniers ont poursuivi son travail.

La crise d’identité frappe les États-Unis à l’aube des années 1960. Cette dernière est marquée par l’affirmation de la minorité Afro-Américaine. Cela relance des recherches pour mettre à jour les relations entretenues entre un individu avec autrui et la société. Le concept d’identité devient alors inévitable et incontournable. De nouveaux départements étudiant les identités minoritaires au sein d’un pays, d’une ville ou d’un quartier voient le jour. Le concept d’identité devient commun pour énormément de domaines scientifiques. Son expansion prend de l’ampleur dans les années 1970 et se diffuse dans le monde. Pourtant l’intérêt est antérieur. L’histoire nous a prouvé que la diversification des communautés à travers le monde a modelé à maintes reprises la notion d’identité dans le champ des sciences sociales. Erikson et G.H. Mead ont une notion d’identité et du Soi très proche qui a approfondi le concept d’une dualité dans la représentation de soi de W. James et notamment son idée de la distinction entre le « je » et le « moi ». À la suite de ses analyses, Mead soumet une définition de l’identité à partir des relations existantes entre l’esprit, le Soi et la société. Il avance l’idée que le Soi est composé d’une composante sociologique qui n’est qu’une intériorisation des rôles sociaux et d’une composante plus personnelle. L’interaction du Je et le Moi forme un Soi social. Car le Je est le sujet et le Moi est le Soi en tant qu’objet.

La communication entre le Moi et le Je forme le Soi dans la perspective où cet échange est la transposition dans la conscience d’une personne qui le rattache aux autres interactions. Selon Mead, une personne se crée son Soi avec l’image qu’il reflète aux autres. Cela ne dépend pas d’une démarche personnelle mais doit être accepté par autrui. Par conséquent, selon Jean Caune, « le Soi se conçoit comme un effet de positionnement de l’individu dans des situations d’interaction». Le sociologue a prouvé de façon expérimentale que l’identité sociale avait des implications sur les processus entre groupes.

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