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24 novembre 2024

Les choniques cannoises de Patrick Mottard: Un palmarès épatant

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Kore-Eda Hirokazu, palme d’or pour « Une affaire de famille »

C’est un sans-faute du jury de Cate Blanchett même si la grande qualité de la sélection a probablement facilité sa tâche.


– La Palme d’Or pour Une affaire de famille de Kore-Eda Hirokazu est d’autant plus méritée que ce film drôle et subtil qui dynamite gentiment l’institution familiale sera peut-être le premier grand succès public japonais en France.

  • Le Grand Prix du Jury, qui est un peu la médaille d’argent, au revenant Spike Lee pour le militant et drôle Blackkklansman ne fera pas plaisir à Trump mais peut aussi être un succès public.

  • Le prix de la mise en scène pour Cold war de l’Antonioni polonais Pawel Pawlikowski sur la difficulté d’aimer est un film magnifique mais peut être plus difficile d’accès que les deux premiers ne serait-ce que par l’utilisation du noir et blanc.

  • Le prix de jury qui est un peu le 4e de le compétition à Capharnaüm de la Libanaise Nadine Labaki fait plaisir à tout le monde. Récompense d’autant plus méritée qu’elle a permis à la réalisatrice de faire le plus beau discours de la soirée de clôture.

  • Les prix d’interprétation avec l’émouvante russe Samal Yesyamova dans Ayka et le pathétique Italien Marcello Fonte dans Dogman sont pertinents.

  • Nous pouvons peut être regretter l’absence du Jules et Jim russe Leto et du beau film chinois Les éternels (et de son actrice Zhao Tao).

Comme promis dans mon dernier billet, voici les critiques des trois derniers films.

UN COUTEAU DANS LE CŒUR, Yann Gonzalez (France)

Paris, fin des années 70, Anne, productrice de films pornos gays est une femme alcoolique et amoureusement possessive. Sa compagne qui est aussi une de ses techniciennes la quitte. Pour l’épater, elle décide de tourner un film ambitieux. Hélas un mystérieux tueur s’acharne à éliminer tous les protagonistes de celui-ci.

Sous le couvert de la parodie et du vintage, du grand n’importe quoi ! Très peu crédible en productrice bas de gamme (« Vivre de sperme et d’eau fraiche »… la classe !) se dépatouillant au milieu d’une histoire de serial killer dont tout le monde se fout, on peut se demander ce que Vanessa Paradis est venue faire dans cette galère. En fait, on a un peu la réponse dans sa dernière interview : on lui offre peu de rôles au cinéma ! Ce n’était peut -être pas la peine de remuer le couteau dans la plaie avec ce couteau dans le cœur.

CAPHARNAÜM, Nadine Labaki (Liban)

Zein, un petit garçon de 12 ans issu d’une famille démissionnaire des quartiers miséreux de Beyrouth, venge sa sœur vendue pour un mariage forcé à 11 ans et se retrouve en prison. De celle-ci, il décide d’attaquer ses odieux parents en… justice pour lui avoir donné la vie.

Superbe cadeau de dernière minute de la sélection, ce film est une sorte de street movie. Zein, le petit Libanais volontaire et astucieux, est un humaniste en culotte courte qui jamais ne renonce face à l’adversité et à l’injustice. Capable de poignarder le responsable de la mort de sa sœur tout en sauvant le bébé de l’immigrée clandestine qui lui a offert un toit (en tôle ondulée).

Le film, sans pathos ni misérabilisme, juxtapose une impressionnante plongée dans la misère des bidonvilles libanais et un focus sur la situation des migrants (la maman du bébé est une éthiopienne clandestine). Le constat est sévère mais en même temps on se dit que tant qu’il y aura des Zein, tout espoir n’est pas perdu.

AYKA, Sergey Dvortsevoy (Russie)

Jeune Kirghize immigrée à Moscou, Ayka vient d’accoucher. Sans argent ni logement, poursuivie par des mafieux, elle abandonne l’enfant. Elle va errer dans la grande ville pour trouver un moyen de rembourser ses dettes.

Le film le plus noir de la sélection. Là aussi il est question de migrants. En suivant Ayka, c’est à une véritable descente aux enfers que nous assistons : rêves de réussite écrabouillés par la réalité, exploitation sauvage, agressions en tout genre, mépris à tous les étages, honte vis-à-vis de la famille restée au pays, solitude…

Même si la dernière scène peut s’interpréter comme un pâle rayon de soleil qui réchauffe à peine l’eau froide de ce constat glaçant de noirceur, on reste sonné après la projection devant tant de misère morale et physique. L’actrice elle-même (l’émouvante Samal Yesyamova) ne semble pas s’être remise du rôle. Il faudra qu’à l’issue de la projection on lui fasse cinq bonnes minutes de standing ovation pour qu’elle esquisse le début du début d’un sourire.

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