En raison d’un autre évènement musical ce soir là à Nice, peu de monde était présent au concert « Des Enfants au Soleil ». Seule une cinquantaine de personnes s’étaient rassemblées pour l’occasion. Les fonds récoltés pour le Secours Populaire lors de cette soirée ont été moindre, mais la recette reste satisfaisante puisque plusieurs enfants pourront finalement passer une journée « au soleil » loin de leur quotidien.
« Show must go on »
Le « show » commence par l’organisateur et chanteur, Jean Pierre Bruno à la chemise vintage et aux cheveux longs. Un homme très rock’n’roll. Une bière à la main, l’artiste rappelle la cause de la prestation : venir en aide aux enfants défavorisés, être généreux.
Avec sa petite cinquantaine, le chanteur rappelle Joe Cocker. On le voit vivre sa musique et s’enivrer au rythme de la guitare quelque peu psychédélique. Le groupe a la tâche difficile de mettre l’ambiance auprès du peu de personnes présentes.
Jean Pierre Bruno interprète sa chanson phare : «Folie Ordinaire ». Il y raconte sa propre vie, sa maladie mentale et sa souffrance. Il dira plus tard qu’il ne l’a jamais aussi bien jouée. On le voit tomber à genou, vivant de tout son être cette complainte rock qui appelle à la tolérance.
S’en suit un hommage touchant à Alain Bashung, le groupe interprète « Madame Rêve ».
Le chanteur est en semi-transe, il a réussi à amener l’audience à un niveau de félicité et de joie quasi égale à la sienne.
Au final, un groupe aux textes engagés contre l’indifférence. Pour un monde plus tolérant, et meilleur.
Mais le clou de la soirée a été le groupe Chinaski. Jean-Louis Chinaski, leader et chanteur du groupe, nous inonde de sa voix rock et de son énergie communicative. Les musiciens sont doués, leurs solos de guitare et de basse sont d’une qualité incontestable. Les paroles des chansons sont en français et ne laissent pas indifférent.
Le groupe Chinaski nous emporte dans un voyage mêlé de rock pur et de complaintes touchantes ayant trait au déclin de l’homme, au chômage et à la folie.
Dans une autre, dont le titre est « Venise », un homme se demande si sa femme est partie ou s’il ne l’a pas tuée par erreur… Un drame chanté dans un rythme festif et entraînant.
Dans le public, un enfant de 7-8 ans chante les chansons dont il connait les paroles par cœur. Un moment d’interaction chaleureuse avec le public se créé. Les influences de Bukowski, un auteur américain connu pour son alcolisme mais aussi pour sa poésie, apparaissent clairement.
Dans une chanson, on reconnait aisément les scènes dépeintes dans les écrits de l’auteur.
Peu à peu, la folie s’empare du groupe. Les instruments deviennent aliénants et le chant de plus en plus incroyable. Jean-Louis Chinaski joue la comédie à la perfection. Il devient un fou à lier et s’effondre sur scène après avoir interprété l’apothéose de leur prestation. « Pauvre est l’homme qui n’est jamais fou au moins une fois dans sa vie », déclare-t-il, empruntant une citation de Charles Bukowski lourde de sens.
Le troisième groupe à se produire sur la scène des « Enfants au Soleil » est celui des Dum Dum Boys. Une ambiance ténébreuse s’installe, la fumée s’empare de la scène. Le chanteur, homme fin en costume noir, berce par sa voix l’audience en tapant du pied au rythme de la batterie.
Les années -80 sont au rendez-vous si l’on en croit le style des deux guitaristes présents sur scène. Un style vestimentaire qui n’améliorera pas la musique, trop saturée durant plusieurs chansons. Ce groupe, créé en 1985, dispose pourtant d’une expérience de la musique rock incomparable et d’une humanité certaine.
A 23h30 environ, débarque le dernier groupe du concert et pas des moindres : Quadricolor, un groupe d’avenir qui n’a pas fini de faire entendre parler de lui et de son nouvel album « Euphony » bientôt dans les bacs.
Grosse surprise de la part d’un groupe de jeunes lycéens, futurs bacheliers, tout droit sortis du Conservatoire de Nice. Les quatre garçons démarrent avec un rock anglais, langue que le chanteur, Guillaume, semble très bien maîtriser. Ce dernier fait preuve d’un talent scénique rare, guitare, clavier et chant, le jeune homme assure et donne aux chansons un style comparable au groupe anglais Blur.
Les virtuoses manient sans peine leurs instruments et s’accordent des effets de sons et de voix impressionnants.
Les jeunes fans étaient aux rendez-vous, les groupies hurlent et les membres du groupe usent de leur humour pour donner un aspect toujours plus festif à leur passage sur scène. Une petite chorégraphie fera même danser les fans du groupe, les autres sautant sur place. Tout les éléments d’un grand concert de rock sont rassemblés.
Entretien avec Jean-Pierre Bruno :
Nice Premium : « Pour quelles raisons avez-vous organisé ce concert au profit des enfants ? »
Jean Pierre Bruno : « C’est tout simplement dégoûtant que des enfants défavorisés ne partent jamais en vacances, alors moi qui suis artiste je pallie au manque d’idées des politiques. »
NP : « Les artistes qui joueront ce soir là luttent-ils également pour cette cause à vos côtés ? »
JPB : « Oui, ce sont des amis qui sont sensibles à la cause des enfants. »
NP : « Vous n’en êtes pas à votre premier geste caritatif… »
JPB : « Cela fait longtemps que je me bats pour les enfants d’ici et d’ailleurs. Avec Sol en Si pour les enfants sidéens, un orphelinat à Bucarest, pour payer un billet d’avion à une petite fille qui devait se faire opérer à Chicago, et bien sûr les trois opérations avec le Secours Populaire. »
NP : « Pourquoi cette âme généreuse ? »
JPB : « J’ai moi-même deux fils en bonne santé et brillants étudiants [17 et 19 ans, ndlr]. Je pense que c’est le rôle de l’artiste de pallier à la déficience des politiques dans certains cas, je prends l’exemple de Coluche avec les Restos du Cœur, en toute modestie ».