Les orientations culturelles et les programmes de fin d’année des trois musées, Marc Chagall à Nice, Fernand Léger à Biot et Pablo Picasso à Vallauris, qui représentent un pôle d’excellence dans le Département.
L’éditorial du directeur et conservatoire en chef du patrimoine Maurice Fréchuret.
À plusieurs occasions, nous avons souligné la force unitaire des trois musées nationaux du XXe des Alpes-Maritimes, rappelé leur cohérence du point de vue historique et géographique, mentionné leur principe de fonctionnement mutualisé, fait état de leur capacité à rendre visible en région la politique des musées de France.
Avec des expositions qui se répondent d’un musée à l’autre, des programmations culturelles qui se complètent, des actions pédagogiques adaptées aux attentes de tous les publics, les musées nationaux des Alpes-Maritimes travaillent plus que jamais à l’unisson, prouvant par là même, la justesse de l’initiative prise il y a maintenant plus de 16 ans, celle qui les a réunis sous une seule et même direction.
L’ambitieux programme de l’année 2011 permettra sans aucun doute de vérifier mieux encore la pertinence et la force d’un tel dispositif. La présentation des collections permanentes y sera, bien sûr et comme il se doit, assurée et même renouvelée grâce à des accrochages différents qui permettront à nos visiteurs de mieux connaître le fonds de chacun des musées, grâce aussi à des campagnes de restauration sur les œuvres garantissant une meilleure approche. Les expositions constitueront le point fort de cette programmation, notamment avec un événement de première importance qui associe les musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes à de nombreuses autres institutions de la région pour la réalisation d’un projet exceptionnel : la présentation d’une exposition historique, intitulée L’Art contemporain et la Côte d’Azur dont le but est de montrer 60 ans de production artistique (1951-2011).
Faisant suite à La Côte d’Azur et la Modernité, exposition qui eut lieu en 1997, celle qui ouvrira durant l’été 2011 fera découvrir les œuvres des artistes vivants ou ayant vécu et travaillé dans la région. Cette exposition de grande envergure rendra compte de ce qu’est ce « territoire pour l’expérimentation » qui, depuis plus d’un siècle et demi, fonctionne comme un véritable laboratoire artistique. Une collaboration avec le musée d’art et d’histoire du Judaïsme de Paris, sera l’occasion, à la fin de cette année 2010, d’admirer un impressionnant ensemble d’œuvres de Franz Kupka autour du Cantique des Cantiques qui fera écho à celui du musée national Marc Chagall.
D’autres expositions seront présentées qui, volontairement centrées sur les collections des musées, donneront à voir, à partir de certaines thématiques choisies (le cirque, le livre illustré…), la richesse des fonds conservés. La programmation culturelle sera aussi, tout au long de la saison, particulièrement riche en événements : conférences d’histoire de l’art avec la participation de grands historiens de l’art, projections cinématographiques exceptionnelles, concerts organisés avec l’Orchestre Philharmonique de Nice et son bel ensemble Apostrophe, colloque organisé avec l’Université de Nice Sophia-Antipolis, autant de moments forts qui, de plus en plus suivis par notre public, feront l’actualité de cette nouvelle année.
MAURICE FRÉCHURET
CONSERVATEUR EN CHEF DU PATRIMOINE,
DIRECTEUR DES MUSÉES NATIONAUX DU XXème SIÈCLE DES ALPES-MARITIMES
MUSEE MARC CHAGALL
Chagall, Kupka,
Deux visions du Cantique des Cantiques
Exposition réalisée grâce à un partenariat exceptionnel avec
le musée d’art et d’histoire du Judaïsme de Paris.
Inauguration le samedi 4 décembre · 11 heures
L’exposition propose aux visiteurs du musée de mettre en perspective l’évocation du Cantique des Cantiques peinte par Marc Chagall entre 1955 et 1966 et une autre lecture du texte, celle de Franz Kupka, qui y travaille de 1905 à 1931 pour une édition illustrée. Ce chant d’amour considéré comme sacré par les juifs et par les chrétiens et inséré dans les versions définitives de l’Ancien Testament a en effet suscité, au cours des siècles, de très nombreuses interprétations littéraires et picturales. Autour des tableaux de Chagall sont donc réunis des dessins préparatoires, souvent au pastel et très rarement montrés du fait de leur grande fragilité. L’inspiration du peintre se développe à partir des trois dimensions du poème, charnelle, musicale et bien entendu religieuse.
Le travail de Kupka est, quant à lui, présenté grâce au prêt généreux du musée d’art et d’histoire du Judaïsme. Il comporte en particulier deux séries de gouaches : la suite des illustrations en français et la suite hébraïque, l’artiste ayant appris l’hébreu pour compléter ses dessins par le texte calligraphié.
Marquées par le symbolisme qui caractérise les débuts de Kupka ainsi que par ses liens avec la Sécession viennoise, parfois inspirées des recherches archéologiques contemporaines au Moyen-Orient, ces œuvres au caractère à la fois érotique et poétique font preuve de l’intérêt passionné et durable de l’artiste pour ce projet.
Commissariat de l’exposition
Maurice Fréchuret,
directeur des musées nationaux du XXème siècle des Alpes-Maritimes, conservateur en chef du Patrimoine.
Elisabeth Pacoud-Rème, chargée des collections au musée national Marc Chagall.
MUSÉE NATIONAL FERNAND LÉGER, BIOT
1960 – 2010 : LES 50 ANS DU MUSÉE NATIONAL FERNAND LÉGER
20 novembre 2010 – 16 mai 2011
HAUT EN COULEUR
Les céramiques de Fernand Léger
Inauguration le samedi 20 novembre 2010 · 11h
L’exposition Haut en couleur présente un ensemble exceptionnel de céramiques réalisées par Fernand Léger à la fin de sa carrière, comme un prolongement et un aboutissement de sa production picturale. Vers 1950, la céramique occupe une place privilégiée au sein de sa création. Comme Picasso, Chagall ou Braque, à la même époque, Léger s’initie à cette technique au cours de séjours réguliers sur la Côte d’Azur.
Il collabore avec deux anciens élèves de son atelier installés à Biot, le céramiste Roland Brice et son fils Claude. Le peintre se passionne pour cette technique qui lui permet de sortir du cadre du tableau de chevalet et d’ouvrir la peinture à des dimensions nouvelles : le relief et la monumentalité. Abordant la céramique avec l’œil du peintre, Léger joue sur les reliefs pour dynamiser ses compositions et animer son célèbre cerne noir. En quelques années, il passe de la production de petits reliefs à des projets monumentaux. Ses sculptures polychromes, conçues pour l’espace public, réalisent son ambition d’un art pour tous.
Commissaire général :
Maurice Fréchuret,
directeur des musées nationaux du XXème siècle des Alpes-Maritimes, conservateur en chef du Patrimoine.
Ariane Coulondre, conservateur au musée national Fernand Léger.
Nelly Maillard, chargée de recherche et de documentation au musée national Fernand Léger.
MUSÉE NATIONAL PABLO PICASSO, VALLAURIS
ZINEB SEDIRA
Jusqu’au 29 novembre 2010
Les œuvres de Zineb Sedira, qu’elles empruntent à la vidéo, à la photo, à l’installation ou au texte, sont fortement habitées par la recherche identitaire de tout individu confronté à des cultures différentes.
Zineb Sedira, Française d’origine algérienne, vivant depuis plus de vingt ans en Grande-Bretagne, a construit son œuvre sur le thème du déplacement. Les sujets qu’elle traite – la communication, le corps, l’espace, la mer, l’exil et leur cortège d’interdits ou d’obligations – parlent de ce qu’elle-même a pu vivre ou rencontrer dans son existence mais restent des thèmes fondamentaux que de nombreux artistes ont traités dans l’histoire de l’art moderne et ancienne.
Bien que fortement chargés, la manière poétique et profonde dont Zineb Sedira les aborde, les délivre de tout pathos et sensiblerie. En privilégiant les approches limitrophes, en donnant de la place aux détails et fragments, en soulignant les flux et reflux de ce qui innerve l’environnement naturel ou humain, l’artiste confère à des sujets que l’actualité banalise une dimension qui les transforme en profondeur. Le regard que Zineb Sedira porte sur les événements reste fondamentalement interrogateur.
Les balustrades, rambardes ou autres parapets, si fréquents dans ses vidéos et ses photos, sont les points d’appui qui lui servent à scruter l’horizon d’une Méditerranée toujours présente. Ils servent aussi à observer les figures de l’éloignement, de la séparation, de l’exil ou du passage. Ils sont les rampes où chacun peut venir s’accouder pour, au fil de l’eau, réfléchir au sens de sa propre existence.
Commissaire :
Maurice Fréchuret,
directeur des musées nationaux des Alpes-Maritimes,
conservateur en chef du patrimoine