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5 novembre 2024

Matthieu Nina, entre rires et sensibilisation

Après une chute d’échelle à 10 ans, Matthieu Nina se réveille d’un coma qui change sa vie. Aujourd’hui, il monte sur scène pour tourner en dérision son parcours, sensibiliser et dédramatiser le handicap.

Après une chute d’échelle qui a marqué son enfance, Matthieu Nina utilise la scène pour transformer son parcours en spectacle comique et poignant. Dans En bas de l’échelle, il mêle humour et sensibilisation, offrant au public un regard neuf sur le handicap. Le spectacle aura lieu le 16 novembre 2024 au Bobar Comedy Club à Nice à 20h15.

Pouvez-vous nous parler de l’accident qui a changé votre vie à 10 ans ?  

« Je suis tombé d’une échelle sur un sol en béton. J’ai eu un traumatisme crânien. Ensuite, à l’hôpital, ils ne m’ont pas pris en charge à temps. Donc, en fait, ils m’ont fait attendre trop longtemps. J’ai fait deux mois de coma. J’avais 10 ans. J’ai fait deux mois de coma. Je me rendais compte de rien. Mais en tout cas, quand je me suis réveillé, je ne savais pas du tout ce qui s’était passé. 

Qu’est-ce qui vous a poussé à monter sur scène après toutes ces années ? 

Une envie, en fait, de faire rire. Parce que j’ai toujours aimé faire rire. Et également, peut-être, sensibiliser un petit peu les gens et montrer une autre image du handicap. Et voilà.

Comment décririez-vous le ton et le message de votre spectacle En bas de l’échelle ? 

C’est drôle, c’est émouvant. On apprend des choses. Et je pense que ça peut intéresser tout le monde.

Comment percevez-vous l’évolution de la société concernant la représentation des personnes en situation de handicap dans le milieu artistique ?

En fait, je pense qu’il y a beaucoup de chemin à faire. Parce qu’il n’y a pas assez de personnes en situation de handicap dans le monde artistique. Notamment à la télévision, au cinéma, dans les séries, les films et même dans les émissions télé. C’est-à-dire qu’il y a environ 12% dans la société de personnes qui sont handicapées de près ou de loin. Et en réalité, il suffit de voir les rapports de l’ARCOM. Il y a 1 % de personnes réellement handicapées à l’écran. Donc il y a beaucoup de chemin à faire. Ça va un petit peu mieux, particulièrement grâce à des films comme celui d’Arthus. Mais il faut encore progresser là-dessus. Il faut progresser aussi pour rendre accessibles les salles de théâtre, les salles de cinéma, les musées, etc. Mais si on voit le verre à moitié plein, on dirait que ça commence un petit peu à bouger. Et si on voit le verre à moitié vide, je dirai qu’il y a encore pas mal de chemin à parcourir.

Quelles améliorations aimeriez-vous voir en matière d’accessibilité pour les personnes handicapées, tant dans le monde du spectacle que dans la vie quotidienne ? 

Dans le milieu du spectacle, je pense que ce serait bien, comme je vous le disais, qu’il y ait plus de personnes handicapées qui jouent des rôles dans des films, dans des séries, et qu’on voit à la télévision, etc. Que la représentativité dans les médias se rapproche de celle dans la société en général.

Dans la vie quotidienne, c’est tout bête, mais moi, par exemple, je vis à Paris. Et les transports en commun parisiens, pour une personne handicapée, c’est une énorme galère, entre les couloirs de métro interminables, les escaliers à n’en plus finir, les ascenseurs quand il y en a, ce qui est extrêmement rare, qui sont en panne. Et puis les gens, il faudrait que les gens soient plus attentionnés les uns envers les autres, et n’aient pas à aider, à proposer leur aide. Parce que quand je vois des personnes handicapées, mais aussi des femmes enceintes, des personnes âgées ou autres, qui galèrent, par exemple dans les escaliers du métro, et que les gens passent à côté sans proposer leur aide, ça me terrifie un petit peu.

Que diriez-vous aux artistes en situation de handicap qui hésitent à se lancer dans une carrière ?

Je leur dirais que s’ils en ont envie, il faut qu’ils osent. Qu’il n’y a pas de honte à avoir. Que tout le monde peut le faire. Il suffit de se donner les moyens, y croire, et ne jamais renoncer. 

Comment le public réagit-il généralement à votre spectacle ? Y a-t-il des retours qui vous ont particulièrement touché ?

Alors oui, le public réagit super bien. Souvent à la fin, ils viennent me voir et disent qu’ils ont beaucoup aimé, beaucoup rigolé, c’est très drôle, ils apprennent des choses, ça fait du bien, c’est pour le coup un spectacle sur un sujet qui, de prime abord, pourrait paraître difficile, mais que du coup le spectacle le rend léger, et ils passent un bon moment.

Et des retours particuliers qui m’ont particulièrement touché, je dirais que chaque fois que les gens prennent le temps de venir me voir pour me donner leur ressenti et me féliciter, ça me touche toujours. 

Penses-tu que l’humour peut contribuer à changer les perceptions des gens sur le handicap ? Si oui, comment ?

C’est évident. Moi, je pense que le handicap, pour changer le regard des gens, il faut absolument l’aborder sous ce prisme-là. Il n’y a que comme ça qu’on pourra intéresser et sensibiliser les gens. Et en quoi ? Justement en montrant que peut-être les préjugés que les gens peuvent avoir ne sont pas forcément vrais. Peut-être quand on s’intéresse un petit peu plus au sujet, on découvre en fait quelles sont les galères que peuvent avoir les personnes handicapées, mais aussi les plaisirs qu’elles peuvent avoir. Et du coup, en s’intéressant, on se questionne, on s’instruit, on permet aussi d’en parler avec ses enfants. C’est tout un ensemble de ces choses qui feront que le handicap sera mieux perçu, mieux valorisé. Et moins montré du doigt. 

Avez-vous des modèles ou des inspirations dans le monde de la comédie qui vous ont aidé dans votre parcours ?

Oui, j’en ai plusieurs. Je dirais déjà une personne avec qui j’ai coécrit ce spectacle, Pierre-Emmanuel Barré, est un élément parlant top, qui est très drôle, qui a énormément de talent. L’autre co-auteur avec qui j’ai écrit ce spectacle, Arsène. Un mec vraiment génial, bourré d’humour. Il y a aussi Philippe Le Lièvre, grâce à qui j’ai fait mes premiers pas dans ce milieu. Et il y a aussi une autre personne grâce à qui j’ai joué deux pièces de théâtre auparavant, qui s’appelle Franck Loen. Mes ambitions pour l’instant, c’est de continuer ce spectacle, de continuer à le jouer à Paris et en tournée, de le faire connaître, de le faire apprécier. Après, on verra, selon les opportunités et ce qui se présentera.

Quelles sont vos ambitions futures, que ce soit dans la comédie ou dans d’autres domaines ?

Je vais participer à la France en incroyable talent. Donc, j’espère que ça se passera bien et que le public appréciera ça. » 

Auteur/autrice

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