Après un deuxième album intitulé « Rouge Nuit » et en avant-première de son troisième à paraître au printemps, Pascal Mono partage une chanson urgente, traitant d’un sujet sensible : les printemps arabes.
Et comme de coutume, dès que « Mono » sort une actu, Nice Premium va à sa rencontre ! Voici ce que l’auteur-compositeur-interprète nous livre sur ce nouveau single, fraîchement disponible sur toutes les plateformes numériques.
NP : Bonjour Pascal, ton tout nouveau titre s’intitule « Encre Arabique ». Dis-nous… Que représente l’encre pour un auteur ?
Pascal Mono : L’ écrit. C’est la matière de la mémoire.
NP : Et l’ encre « Arabique », qu’est-ce alors ?
PM : Une mémoire d’ « Arabie ». On dit que l’encre coule, c’est parfois le sang aussi… J’ai voulu parler ici, de celui des révolutionnaires bien sûr.
NP : On te savait touché par le monde, son humanité, « ses colères et ses couleurs »(« Sur mon Cœur »/Album « Intact »), « Ramallah, Jérusalem » (« Voyager »/Album « Rouge Nuit » )… D’où t’est venue l’envie d’écrire sur les printemps arabes ?
PM : Je ne sais pas, une évidence… Une aire d’autoroute la nuit, je me suis arrêté et la bille a roulé sur le papier, une petite demi-heure… Ces révolutions viennent de la rue, de la jeunesse, une jeunesse qui cherche son identité, qui lutte pour son avenir dans un monde de plus en plus tendu. J’ai voulu y mettre des mots, puis une mélodie sur quelques accords comme toujours… Sûrement que ces révolutions nous parlent aussi de nous. Tu n’es pas sans savoir que notre république est issue de la révolution française. Voilà, leur combat est universel, c’est très simple.
NP : Entre espoir et révoltes, tes chansons sont souvent sur le fil. Est-ce aussi ta façon de vivre, de penser, d’avancer ?
PM : Sûrement que je suis souvent entre colère et espoir d’apaisement… Quand j’essaie de penser, de digérer toutes ces infos 24/24, je m’indigne secrètement, puis j’ essaie de restituer ce qui peut encore être beau dans cette Histoire si chaotique…
NP : Peux-tu nous dévoiler quelques secrets sur ce nouveau titre ? Où a-t-il été enregistré ? Avec quels instruments ?
PM : Enregistré au Studio Pigalle, dans le 9e arrondissement de Paris, avec Stephan Blaëss à la réalisation (NDLR : Brian Eno, Fela Kuti, Ghettoblaster…)
NP : Mais encore ?
PM : J’ avais enregistré une maquette où j’ égrenais une mélodie très simple, quelques notes au piano – ce qui est très inhabituel chez moi – et cela donnait déjà une couleur assez spéciale au titre, puis je me suis amusé sur un clavier midi, avec des fréquences basses/infra-basses évoquant des bruits d’ explosions, très sourds. On a gardé ça et ajouté des percus, des grosses caisses et des toms joués à la main, une contrebasse pour la première fois sur mes tracks. Nous avons aussi utilisé des guitares que j’avais enregistrées à la maison et que nous avons repassées dans un vieil ampli Vox AC30. Tout est « vintage » au Studio Pigalle, ils ont même un piano « Steinway & Sons », une merveille…
NP : Sur ton site, on peut lire que tes nouvelles compos seront plus ouvertes sur le monde, c’est d’ailleurs la première fois que la pochette (du single) n’est pas à ton image. Tu peux nous parler de cette petite fille qui illustre « Encre Arabique » ?
PM : Cette petite fille qui danse comme en ombre chinoise, dans un théâtre de décombres, symbolise la vie qui continue à travers les fracas du monde… Même dans les guerres les plus atroces, au milieu des gravats, des enfants jouent… J’ai trouvé l’image du graphiste, parfaite, car elle propose plusieurs niveaux de lecture.
NP : Le clip vient également de sortir : des images en studio, pourquoi ce choix ?
PM : Pour ne mettre en avant que la chanson, le texte notamment. Je ne tenais pas à l’ illustrer par des images des révolutions car ces images sont encore suffisamment présentes dans l’ inconscient collectif. Ce parti pris studio permet aussi plus de recul je pense…
NP : Comme pour ton second opus « Rouge Nuit », ce single « Encre Arabique » sort sur le label indépendant « No Direction Home ». Peux-tu nous parler de ta relation avec le label ?
PM : Plus qu’un « label », une famille. NDH me laisse toute liberté. Ils attendent de leurs artistes qu’ils touchent leur vérité et soient avant tout authentiques. C’est ce qui me plait chez eux, un certain état d’esprit, des gens qui ont porté Mano Negra et NTM au succès, ce qui ne gâche rien, et je me sens honoré du fait qu’ils aient manifesté vouloir retravailler avec moi ; nous avons re-signé pour un album supplémentaire.
NP : Ton prochain album justement… Il devrait sortir au printemps 2013. Le précédent s’intitulait « Rouge Nuit », quelle couleur pour ce 3e bébé ?
PM : Bleu groove, orange, chaud, très chaud…
NP : Ho ho !.. Merci Mono !
