La direction a décidé de faire table rase du passé. L’ancien producteur qui était là depuis 6 ans est parti et l’ancien spectacle qui a tenu 2 ans ne sera bientôt plus. L’orientation se veut moderne et fait la part belle aux jeunes. Ce qui ne rassure pas tout le monde. Élodie, « jeune » chanteuse, en rigole : « j’ai trente ans, mais s’ils cherchent des jeunes je dirai que j’en ai 22 ». La plupart des candidats ont entre 25 et 35 ans.
Tous sont professionnels, pourtant le stress est encore au rendez-vous. Les prestations se succèdent sur scène. La pression monte à chaque fois qu’un candidat s’apprête à faire face au jury. Devant le rideau rouge à paillettes, les artistes défilent. Entre solo de piano, chansons anglaises, standards français, démonstrations vocales et sonorités jazzy, le choix est éclectique. Les places sont chères et le temps est précieux : ils sont environ 150 à se présenter pour seulement 18 artistes maximum dans la revue. Environ cinq minutes par candidats, qu’ils soient seuls, en duo, voire en trio. Pour faire face au grand nombre de postulants, le casting se poursuit mardi et certainement mercredi.
Cette audition n’a rien d’ordinaire. Les candidats présents ne sont pas des coureurs de castings. Comme en témoigne Carol, chanteuse dans un trio (contrebasse/guitare/voix) : « la scène du Ruhl est quelque chose de particulier. Nous avons l’habitude de faire des concerts avec notre propre répertoire ou des standards repris à notre sauce. Là, l’exercice est différent, il faut nous exprimer hors de notre propre musique. En plus c’est important de faire une scène reconnue dans les Alpes-Maritimes, ça peut ouvrir d’autres portes dans la région ». Comme elle beaucoup espèrent se servir de ce spectacle comme tremplin.
« Je suis un peu dans l’inconnu », prévenu deux à peine deux jours avant, Nicolas ne savait pas exactement pour quel genre de spectacle il auditionnait. « J’ai plus l’habitude de me produire dans des pianos-bar. Mais si ça marche ça me plairait de me produire dans une salle comme ça avec une troupe ». Ce n’est pas le seul point positif : « ça fait plaisir de faire des castings, on revoit des gens qu’on avait déjà croisait avant ». L’ambiance est plutôt détendue entre les artistes, les applaudissements terminent les prestations de chacun. Une entente pareille serait un atout majeur pour le spectacle si la future troupe arrive à la conserver.