Puisque ce sont les vacances, autant traverser le Var, se diriger vers le très beau village de Carros et se hisser vers le château (l’un des plus anciens de Provence) qui abrite le Centre International d’Art Contemporain. Il fait trente-cinq degrés Celsius à onze heures du matin, et pourtant le public est très nombreux à ce vernissage intitulé « Nos amours de vacances ».
Et là, superbe surprise, vingt-huit artistes contemporains se retrouvent exposés face à des artistes modernes qui sont le fonds du C.I.A.C., la plupart de ces œuvres venant d’ailleurs de la donation André Verdet que l’on retrouve souvent en modèle sur les toiles.
Chaque œuvre exposée a un lien avec son vis-à-vis. Soit ce lien est figuratif, soit dans le sujet, soit dans la couleur ; soit il est à peine perceptible et devient alors, pour le spectateur, un véritable jeu de piste. Parfois une ou deux générations séparent les artistes, parfois ils pourraient être parents.
C’est là tout l’intérêt de cette exposition : redécouvrir. Frédéric Altmann, le directeur du C.I.A.C. ne s’y trompe pas lorsqu’il écrit « Peut-être est-ce un pas de plus vers « une nouvelle hygiène de la vision » chère à Martial Raysse ? » Nous n’allons pas, ici, évoquer tous ces couples de l’art créés par les commissaires de l’exposition, Emmanuel Régent et Marc-Olicier Vignon. Nous vous incitons par contre à vous procurer la très belle et intelligente plaquette éditée par le C.I.A.C.
Les hommes en chapeau melon de Michel Néron de 1931 (et non ! Nous ne sommes pas chez Magritte !), statiques et froids, font face à une toile en noir et blanc de Frédéric Clavère issue directement d’Orange Mécanique. Une petite toile du Douanier Rousseau représentant un couple intemporel voisine avec un instantané d’Ida Tursic et Wilfried Mille intitulé « Mariage à Las Vegas » où Elvis assiste à l’union d’un couple coloré. Tout différencie les artistes dans la technique, mais tout les réunit dans le sujet.
La dureté et la force du portrait d’André Verdet par Karel Appel fait face à une toile qui réunit Florence Obretch et Axel Pahlavi. Elle peint un homme sur un fond noir et il lui rajoute dans les mains une créature fœtale et effrayante.
Une roue de vélo de Martin Caminiti voisine avec une roue en parpaings et en ciment de Raphaël Zarka. Là, si la forme réunit les artistes, le traité les oppose complètement.
Un beau portrait de Pablo Picasso et d’André Villers évoquant une rêverie nocturne fait face à quatre aquarelles de Fabien Verschaere. Elles sont, à première vue, dotées de la fraîcheur de l’enfance. En fait elles vous font pénétrer dans un carnaval démoniaque et humoristique.
Des rencontres il y en a d’autres, et à défaut d’amours, c’est une magnifique promenade à laquelle nous convient Frédéric Altmann et Frédérik Brandi qui mènent bien haut les destinées du château de Carros.
Exposition jusqu’au 10 septembre.
Christian Gallo
© Le Ficanas ®