Raphaëlle Boitel et sa Compagnie l’Oubliée.
Corps, images et situations, des suspensions dans la pénombre à faire rêver, à donner un vertige mais qui jamais ne nous dessaisit.
Elle s’ébroue en l’air et nous parle d’une cave. Quelle audace ! Quelle hauteur ! Sur ses agrès, elle voltige et semble chuchoter à la fois de ses pensées et de ses souvenirs. C’est son frère adopté en blouse d’infirmier qui viendra l’empêcher de sortir de ses gonds sur la terre ferme après un dernier sourire à son père ankylosé d’être, l’âge certain atteint, un Raymond Burr sans fauteuil roulant, vous vous souvenez les plus ancien(ne)s ? Le héros de » l’homme de fer », série des années 70, comme un socle, un môle à qui se raccrocher. Lui dont la famille est si aérienne, légère .Il attend à la table et surmonte les troubles qu’un mariage cause, les colères, les incompatibilités soudaines, les points seuls comme un i à l’envers puisque la sœur est suspendue tête en bas et demande » y a quelqu’un ? « . De l’incompréhension parfois et puis des retrouvailles comme le couple dont l’un parle de l’autre chez le psy mais jamais de visu l’un à l’autre et se retrouve chez lui, le psy, des basculements dans le hip hop, le péril contrôlé des corps qui s’abandonnent, que la lumière boit et les reflets des silhouettes n’en parlons pas ou plutôt parlons en: ils transforment les personnages en pantins joliment désarticulés. La scène improbable du téléphone auquel on est suspendu: je remonte la pente dit en somme l’interlocuteur avant que ne se rabaisse la table qui prenait le chemin des airs. Toute cette famille s’ennuie au sol et n’a d’existence qu’aérienne ou dans le mouvement. Y en a des comme ça ! Un de la troupe a travaillé avec James Thiriée dans » le cri du hanneton « , invité au Feu Théâtre de Nice, 1er spectacle du petit fils de Charlie Chaplin ! Vous voyez quand on vous dit que c’est visuel … et musical aussi ! Quel mariage des situations et de ces mélodies, entre autres « bridge over trouble water » de Simon n’Garfunkel qu’on a en tête et qui » entête » un des personnages seuls qui ne peut s’en défaire. Ah ! J’avais oublié, la plupart de ces tableaux joués, dansés ou suspendus aux épais cordages (les 1ères créations de James Thirrié en utilisaient de façon impressionnante), quand ils sont parlés sont aussi signés à l’intention des malentendants. Vraiment visuel je vous disais !
Vendredi 20 à 20h à la Cuisine Bld. du Mercantour. Théâtre National de Nice.
Renseignements : 04 93 13 19 00
R. Haugades