La douceur de la mort après le chaos de la vie. Tel semble être le message musical délivré par la « 9ème Symphonie » de Gustav Mahler magnifiquement interprétée samedi 14 juin dans le cadre d’un concert exceptionnel donné par l’Orchestre philharmonique de Nice sous la direction du Maestro Marco Guidarini.
Lorsqu’il commence, durant l’été 1909, à travailler sur cette œuvre, ce musicien précoce né dans un petit bourg de Bohême, qui écrivit une « polka » déjà précédée d’une marche funèbre à six ans, qui, plus tard, composa des « Lied » pour survivre, qui plagiat son épouse Alma mais qui dirigea également, de Vienne à New York, les plus grandes formations orchestrales, ignore-t-il vraiment qu’elle constituera sa dernière création musicale ? Sa hantise du chiffre neuf -déjà fatal, selon lui, à Beethoven, à Schubert et à Bruckner- le conduit à changer le nom de sa 8ème symphonie en « Chant de la terre », comme pour retarder une échéance. Il suffit pourtant d’écouter les quatre mouvements de cette « 9ème Symphonie » pour saisir toutes les terribles évocations de la finitude. Surtout dans le IVème et dernier mouvement, un Adagio « sehr langsam und noch zurückhaltend » (très lent et encore dans la retenue, souligne la partition) mais aussi d’une sublime beauté à la fois orchestrale et tonale. Pour illustrer la puissance suggestive de cette œuvre, il convenait de relever la posture du Chef Marco Guidarini, les yeux fermés de concentration, et d’observer son corps, tel celui de Saint Sébastien, donnant l’impression d’être transpercé par chaque irruption lancinante et douloureuse des cordes. Un mouvement qui s’achève dans une douceur infinie d’éternité et qui laisse le Maestro, l’Orchestre et le public totalement tétanisés, ensemble silencieux uni dans un recueillement bienvenu après tant de souffrances.
Il faut dire que ces dernières, nombreuses dans la vie du compositeur, semblent se concentrer dans le premier mouvement de cette symphonie. Marqué dès la petite enfance par des parents qui « allaient comme l’eau et le feu », Gustav Mahler perdit sept frères et sœur avant de voir l’une de ses deux filles, Maria, décéder à l’âge de quatre ans. Lui-même très malade -il mourra deux ans plus tard- se sait condamné lorsqu’il débute son travail de composition de la 9ème. Le début du premier mouvement qui dure vingt-cinq minutes souligne, grâce aux violoncelles, la gravité du chaos de l’existence. Mahler semble y avoir fait converger toutes les influences qui comptèrent dans sa vie artistique : secoué, à l’image du travail de Bruckner, par un dialogue arythmique entre cordes, vents et percussions, impressionné par les poussées wagnériennes des cuivres, le public reprend son souffle un court instant avec une mélodie nostalgique de lyrisme du premier violon, bientôt chassée par les vieux démons tyranniques du compositeur, sorte d’accouchement particulièrement douloureux entre le romantisme et l’époque moderne. Même dérouté par la fréquence de ces ruptures entre tonalité majeure et mineure, déboussolé par ce fracas de rythmes, on ne peut finalement que savourer la foisonnante et poignante écriture personnelle du compositeur. Et en admirer la fidèle restitution dont l’Orchestre de Nice et son Maestro portent l’émouvant témoignage.
Parcours musical pour la Fête de la Musique:
À PARTIR DE 18h DANS L’ENCEINTE DU PALAIS DES ROIS DE SARDAIGNE
Claire Brua Mezzo-soprano / Pauline Courtin Soprano / Alexia Ercolani Soprano / Elodie Tisserand Soprano
Jean-Luc Ballestra Baryton / Guy Bonfiglio Baryton
Solistes du Philharmonique de Nice : Thierry Trinari Violoncelle / Sébastien Driant Piano.
Ballet de l’Opéra de Nice
GRAND ESCALIER
18h Thierry Trinari Violoncelle
19h40 Instrument seul
20h30 Bach.
Thierry Trinari Violoncelle
PARVIS
18h – 20h:
Chorale d’enfants du Collège Matisse,
Chorale de l’IUFM de Nice,
Chorale La Sidorella.
GALERIE CHÉRET
18h25 / 19h10 / 20h55 / 21h35:
Airs et extraits d’opéras
SALLE DE BAL
18h40 Quatuor,
19h25 Ballet : improvisation,
Thierry Trinari Violoncelle,
21h10 Ballet : improvisation,
Thierry Trinari Violoncelle,
21h45 Ballet / Quatuor,
SALON BAROQUE
18h10,
18h55,
20h40,
21h25:
Musique baroque