Dans les conclusions de son rapport (2014) , la Chambre Régionale des Comptes a épinglé également la gestion de l’Opéra municipal niçois, « dont le budget annuel est de l’ordre de 22 millions d’euros, soit un montant représentant l’équivalent des dépenses de fonctionnement totales d’une commune de 10 000 à 15 000 habitants des Alpes-Maritimes ».
Pourtant, dit le rapport « l’activité (une centaine de représentations) et la fréquentation de l’opéra (de l’ordre de 55.000 spectateurs par an) sont relativement faibles, puisqu’elles le situent dans le milieu de classement des opéras français ». « Les recettes de billetterie sont marginales, la commune assurant 85% des recettes de l’opéra et le département des Alpes-Maritimes environ 8% », poursuit le rapport.
L’Opéra dispose pourtant de moyens « parmi les plus importants » de France: il est doté de 350 emplois, dont 170 artistes et dispose d’un centre de production de 80 techniciens permettant la maîtrise intégrale de la chaîne de production d’une oeuvre lyrique.
Suite à ce rapport , quelque peu accablant ( personne ici à Nice s’était aperçu de ce dysfonctionnement ?), un nouveau directeur général* a été appelé au chevet du malade qui devra subir quelques saignées pour rééquilibrer les comptes de gestion mais qui a surtout besoin d’une stratégie claire.
Nous avons demandé au conseiller municipal Gaël Nofri, l’un des peu à savoir de quoi il parle en matière de « serious music » , de s’exprimer.
« Le rapport de la Chambre Régionale des Comptes présenté au Conseil Municipal de Nice le 5 février nous a permis d’aborder la question épineuse de l’Opéra de Nice. En effet dans son rapport, la Chambre Régionale des Comptes consacre plus d’un tiers de ses propos à l’institution culturelle en en dénonçant le coût, la fréquentation, l’organisation et jusqu’à la raison d’être. Nice serait une ville trop petite, sans public culturel et surtout dépourvue du titre prestigieux de capitale régionale pour espérer posséder un Opéra de qualité.
Si notre groupe a multiplié depuis plusieurs mois les questions concernant l’organigramme, le processus de décision et les choix artistiques de l’Opéra de Nice -tant en Conseil Municipal qu’en conseil d’exploitation de l’Opéra-, c’est que nous entendons, au contraire, pousser l’Opéra à progresser, à se remettre en cause, afin d’en assurer l’essor et la pérennité.
Depuis plusieurs décennies les différentes municipalités ont estimé qu’il était du rôle de la cinquième ville de France, deuxième destination touristique du pays, d’avoir une politique ambitieuse en matière culturelle.
Cette volonté s’est notamment traduite par une politique soutenue en faveur de l’Opéra et de ses ateliers décors et costumes de la Diacosmie. C’est un atout culturel et touristique qui enrichit l’image et le rayonnement de notre Ville, notamment à travers les productions et les coproductions que met en oeuvre l’Opéra. Nous ne reconnaissons pas aux juges le droit d’apprécier l’opportunité d’une telle politique, nous n’admettons pas que la Chambre, depuis Marseille, renvoie la Ville de Nice au rang de bourgade moyenne de province et prétende lui imposer une politique culturelle digne de Romorantin ou Fleury sur Orne.
La Chambre Régionale semble trouver normal que ni la Région ni l’Etat ne mettent le moindre argent public dans l’Opéra de Nice. Or je tiens à rappeler que ces deux absences font peser sur le seul couple Ville-Département la totalité des financements publics de l’Opéra. Des fonds publics qui représentent autours de 90% des recettes de l’Opéra de Nice (85% en moyenne dans les autres Opéras de France).
Comment délors s’étonner que la Ville de Nice assume seule le financement de 18,3 millions d’euros lorsque l’on sait que Région et Etat apportent aux Opéras subventionnés une somme moyenne de 10 Millions d’Euros ?
Le point essentiel que nous devons avoir en tête est que Nice, cinquième ville de France, n’est que sixième en terme de budget alloué à l’Opéra ; ce qui n’a rien de scandaleux.
L’arrivée, votée à ce même Conseil, d’un nouveau directeur* pour l’Opéra de Nice est une occasion de prendre à bras le corps les problèmes réels qui se posent encore: cachet excessif de certains concerts, nombre d’invitations, augmentation des recettes de billetteries, équilibre de la programmation…
C’est aussi l’occasion de replacer les magistrats de la Chambre Régionale des Comptes dans leur mission: celle d’apprécier la gestion et non l’opportunité d’une politique… fut-elle politique culturelle ! ».