La plateforme Disney +, pourtant plus habituée aux programmes familiaux, propose la mini-série Hulu «Pam & Tommy» qui revient sur le scandale des années 90, lorsque la sextape entre Pamela Anderson et Tommy Lee avait été diffusée à leur insu.
Pamela Anderson (Lily James), alors star d’Alerte à Malibu, et Tommy Lee (Sebastian Stan), batteur du groupe de glam métal Mötley Crüe, c’est d’abord un coup de foudre à Cancún. C’est ensuite un mariage quatre jour après leur première rencontre, et c’est aussi une sextape filmée lors de leur lune de miel et diffusée sur internet par Rand Gauthier (Seth Rogen), un charpentier cherchant à se venger du rockeur (et dont la série excuse d’ailleurs un peu trop le geste).
Faire une série sur la diffusion d’une sextape, il fallait y penser, il fallait oser, et Robert Siegel l’a fait. Il est revenu sur le scandale qui a mis dans la tourmente ce couple star des années 90. Les trois premiers épisodes (il y en aura huit au total) sont bons et la qualité est là. Lily James est méconnaissable grimée en Pamela Anderson, de même que Sebastian Stan en Tommy Lee (bien plus convaincant que Machine Gun Kelly dans The Dirt) et leurs looks sont tellement bien reproduits que c’en devient même troublant. L’ambiance très «sexe, drogues et rock’n’roll» est elle aussi bien présente et on s’y croirait presque. Et malgré cette ambiance sulfureuse, la série ne manque pas non plus de nous faire rire – on pense notamment à la scène déjantée où Tommy Lee parle à son pénis. En somme, elle a tous les éléments pour être un bon divertissement.
Photo : ©Hulu
Seulement voilà, si la série est certes, indéniablement bourrée de qualités, elle n’en demeure pas moins problématique. Annoncée comme «la plus grande histoire d’amour jamais vendue», elle oublie en réalité le véritable enfer dans lequel cette «histoire d’amour» (en réalité, cette sextape) a plongé Pamela Anderson. Sa carrière en a été plus que fragilisée, et elle, n’a cessé d’être constamment humiliée, contrairement au batteur dont on a même salué la «performance sexuelle». Cette phrase d’accroche laisse également un goût amer lorsque l’on sait la relation toxique qui les liait – Tommy Lee a d’ailleurs fait six mois de prison pour cause de violences conjugales envers l’actrice.
Si le scandale avait alors fragilisé Pamela Anderson au moment où il éclata, en 1995, la mini-série remet l’événement sur le devant de la scène, contre son gré, puisque la principale intéressée n’aurait pas donné son accord pour sa réalisation. Elle met le spectateur face à un réel problème éthique et moral, surtout à l’ère du me too, où la parole des femmes se libère peu à peu, la sienne est à nouveau bafouée et son consentement non respecté.
Photo : ©Hulu
La série est un incontestable bon divertissement et plutôt une réussite, si l’on s’en tient à la cinématographie, à l’écriture des personnages, et à l’ambiance 90s reproduite, mais elle traite avec trop de légèreté un scandale pourtant bien plus grave. Lorsque l’on sait à quel point la vie de Pamela Anderson en a été détruite, l’on peut se demander si, en fin de compte, Pam & Tommy ne reviendrait pas à faire de l’argent sur le malheur des autres.
N’ayant vu que trois épisodes sur huit, nous ne voulons pas tirer de conclusions trop hâtives, mais nous ne pouvons nous empêcher de penser que la série aurait pu, dès le premier épisode, prendre une autre tournure.