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22 novembre 2024

« Paroles d’Etoiles », « une charge émotionnelle »

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Nice-Premium : « Paroles d’Etoiles » en pages, « Paroles d’Etoiles » en images et aujourd’hui « Paroles d’Etoiles » en scènes.

parolesdetoiles.jpg Isabelle Bondiau-Moinet : Oui. On est deux sur scène. On interprète des personnes qui parlent ou qui racontent à tour de rôle des histoires. La dramatique, c’est : la guerre, les camps, la libération. Du début à la fin, on ne joue pas le même personnage. On en fait énormément. On est comme des âmes, des fantômes qui témoignent, c’est ce qui en fait une pièce de théâtre. Il y a une scénographie, une bande sonore avec de la musique originale et de la musique d’époque, des textes, des projections vidéo et tout cela est mis en scène afin que les spectateurs puissent voyager dans les différents univers dans lesquels on est.

N-P : Comment vous est venue l’idée d’adapter « Paroles d’Etoiles » en pièce de théâtre ?

Sylvie Sergio : ça fait six ans que la compagnie existe. On a déjà monté quatre spectacles pour adultes et quatre pour enfants. On cherchait notre nouvelle création. Ce bouquin était dans nos tiroirs depuis deux ans. Quand on l’a lu, on s’est dit qu’il fallait qu’on en fasse quelque chose mais on ne savait pas trop par quel bout le prendre. Isabelle a décidé de s’en occuper. Elle a choisi les témoignages et elle a fait le découpage.

Isabelle Bondiau-Moinet : A la lecture de ce recueil, ça correspondait vraiment à un moment fort de notre vie. Moi, j’ai eu ma 3ème fille et Sylvie son 2ème garçon. On va dire que notre fibre maternelle a été plus que mise à mal par la lecture de ces témoignages. On a reçu une telle décharge émotionnelle.

Ces enfants ont été séparés. C’est douloureux. Mais quand on lit aussi que ces enfants retrouvent leurs parents, ça fait la même décharge émotionnelle. On est des comédiennes d’émotion. On aime les beaux textes sans tomber pour autant dans la sensiblerie parce que je ne voulais pas un spectacle pathos.

On avait envie de transmettre cette émotion. On ne pouvait pas garder tout, il fallait qu’on en donne un petit peu aux autres (Sourire). C’est aussi une façon de vérifier s’il n’y a que nous qui sommes sensibles ou si ça veut dire encore quelque chose. Est-ce que notre sensibilité n’est pas exacerbée parce qu’on est comédienne et maman. Est-ce que les gens peuvent être touchés à leur tour ? Ils le sont. Ça c’est la plus grande réponse pour nous quand les gens de tout âge confondu, de toute religion confondue, sont touchés par nos propos et là, on s’est dit « Il y a quand même encore une possibilité d’être émue pour les choses malgré tout ce qu’on voit. Notre sensibilité n’est pas amoindrie. » Je voulais qu’il n’y ait pas d’apitoiement, mais plutôt une prise de conscience et une bonne charge émotionnelle.

N-P : Ce n’est pas la première fois que vous jouez ensemble.

Sylvie Sergio : En effet, on a pris beaucoup de plaisir à travailler toutes les deux sur « Actrices », notre précédente création, où l’on était quatre sur scène. On avait envi de faire quelque chose toutes les deux.

2-79.jpg N-P : « Paroles d’Etoiles », c’est aussi un devoir de mémoire.

Sylvie Sergio : Oui, c’est exactement cela. Je connais une enfant cachée, une dame maintenant, depuis que je suis toute petite. J’ai découvert son histoire, il n’y a pas très longtemps. Son témoignage est écrit dans le recueil « Paroles d’Etoiles ». Ces gens ne se sont pas sentis autorisés à parler pendant 40 ou 60 ans. Il se sont tus parce qu’on ne reconnaissait pas leur chagrin, leur douleur et leur souffrance parce qu’ils n’avaient pas connu les camps de concentration.

Isabelle Bondiau-Moinet : Il y ont échappé et ils se sont demandés pourquoi, « Pourquoi moi, je suis resté en vie ? »

Sylvie Sergio : Dans ce recueil, ils disent qu’on ne leur a pas donné la parole et nous, c’est notre travail de comédienne de donner la parole. Il faut qu’on leur rende hommage, qu’on leur dise, « Oui, nous reconnaissons votre souffrance, votre douleur … »C’est également un hommage à ces Justes.

N-P : C’était difficile pour vous d’interpréter ces rôles ?

Sylvie Sergio : On croyait qu’on n’allait jamais y arriver. C’était vraiment difficile.

Isabelle Bondiau-Moinet : Moi, j’ai pu me réfugier derrière un travail technique. Comme j’ai fait la mise en scène, j’ai pu prendre un peu de recul. Pour Sophie, ça a été plus difficile parce qu’elle n’a pas toute la colonne vertébrale.

Sylvie Sergio : On raconte des histoires qui sont tellement terribles, certaines sont très belles d’autres douloureuses et la difficulté de ce spectacle, c’est de passer rapidement d’un état à un autre. On raconte une histoire et « hop » l’éclairage change et on passe à une autre histoire. Ça va très vite. On interprète une vingtaine de personnages chacune en 1 heure. Un moment, on est très triste, un autre très heureux. C’est un gros boulot mais comme le dit Isabelle, c’est une chance extraordinaire en tant que comédienne de pouvoir vivre ça. C’est extrêmement rare d’avoir une palette d’émotions aussi large.

N-P : Pour terminer, comment me décririez vous « Paroles d’Etoiles » ?

Isabelle Bondiau-moinet : C’est un hymne à l’amour qui a été bafoué, un hymne à l’humain dans tout ce qu’il a d’atroce et de beau, un hymne à l’atrocité et à l’espoir. De manière plus imagée, je crois que c’est un bon testeur de réflexe de l’organe vital que l’on a dans la poitrine. Si ça ne fait pas « Boumboum », c’est qu’il n’est plus en état de marche (Sourire).

Sylvie Sergio : Oui, c’est un hymne à l’enfance, à l’espoir, au courage. On est stupéfaite toutes les deux devant le courage de ces gens. Moussa Abadie, qui a créé le réseau Marcel à Nice a pris le risque de cacher 527 enfants ce qui est un boulot énorme : il fallait leur trouver une famille, à manger, de quoi s’habiller, se chausser …

J’admire le courage de ces gens qui ne se sont pas posés de questions. « Cet enfant est en danger, je le prends ». Les gens qui sortent de ce spectacle ne partent pas avec une larme à l’œil mais plutôt avec le désir de parler. C’est peut-être une grosse image, mais c’est un peu comme quand on sort de l’église après la messe, on a envie d’embrasser tout le monde. On est gonflé d’amour et d’humanité. C’est un beau cadeau.

Au Théâtre de la Semeuse
2 montée Auguste Kerl Vieux Nice
06300 Nice
Tél: 04 93 92 85 08

   Les Vendredi et Samedi 10 Février
                    à 20h30<br>

et le Dimanche 11 Février 2007 à 15h00

Site Internet : www.compagnie-alcantara.com

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