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21 novembre 2024

Prescillia Correnti : des histoires à la volée

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Dans les rues de Nice, une jeune femme de 27 ans attire les regards, place Masséna. Prescillia Correnti, écrivaine de rue, s’est fait connaître en offrant des histoires aux passants. Derrière le clavier de sa machine à écrire, elle crée des récits pour celles et ceux qui croisent son chemin.

Sur la place Masséna, les Niçois et les touristes ont découvert une plume hors du commun. Depuis trois mois, Prescillia Correnti, écrivaine de rue, s’y installe quotidiennement. Son objectif : offrir des histoires aux passants. Une présence discrète, mais intense, marquée par le tapotement du clavier de sa machine à écrire et le sourire de ceux qui s’arrêtent. Suite à une vidéo des Youtubers McFly et Carlito, il y a une semaine, son activité a été brutalement interrompue. Sans autorisation officielle, Prescillia a été chassée de cette place. Pour autant, après dépôt de son dossier dans une commission spéciale, elle a pu retrouver sa place sur la place ce jeudi. Rencontre avec une femme pour qui l’écriture est un souffle vital.

D’où est venu votre passion pour l’écriture ?

J’aime la littérature depuis que je suis petite. Quand on est enfant, on a l’habitude de lire les classiques de la littérature. Un jour, je suis tombée sur les romans de H.P Lovecraft et là, je suis tombée amoureuse de sa manière d’écrire. J’ai vu, j’ai ressenti les mots, l’ambiance, l’anxiété de ses personnages, de son environnement crasseux ! J’ai enchaîné en découvrant d’autres auteurs comme René Barjavel. Ça m’a fait rêver. J’avais toujours eu beaucoup d’imagination. Leur inspiration m’a bercée toute mon adolescence. C’est ce qui m’a lancée dans l’amour de l’écriture, des mots, de la manière d’amener une intrigue, poser une ambiance, créer un personnage. Puis, l’année dernière j’ai connu moi-même un accident qui m’a mise dans un fauteuil roulant (j’ai eu un bras et une jambe cassés). Ça a été un déclic. Ce que j’avais toujours imaginé, je me suis dit que j’allais le faire. Alors j’ai écrit, encore et encore, et j’ai enfin fini par terminer mon premier roman. Et après, je me suis lancé le défi d’écrire en public et venir sur la place Masséna.

Quand et pourquoi avez-vous décidé de vous installer à Nice ?

Je me suis installée sur la place Masséna il y a environ trois mois. J’y suis presque tous les jeudis puisque c’est mon jour de repos ! J’avais envie de m’y installer car elle a été joliment rénovée et surtout parce que c’était le lieu le plus pratique pour moi en terme de gain de temps. Trimballer la table, la chaise, et la machine à écrire, c’est un véritable périple [Elle rit]. Cette place respectait également l’emplacement réglementaire des artistes de rue selon l’arrêté préfectoral !

Pourquoi avez-vous choisi d’écrire dans la rue plutôt que dans un cadre plus traditionnel ?

À la fin de ma convalescence, une de mes amies proches a décidé de m’emmener à Londres, en m’expliquant que c’était une ville que j’allais adorer. Alors que nous marchions, nous avons croisé deux artistes avec leur machine à écrire. Ils proposaient des poèmes pour les touristes. J’ai eu un coup de cœur pour la symbolique de la machine à écrire, le côté vintage qui s’en dégageait, leur look un peu à la peaky blinders. Je me suis dit : « Mais oui, il faut que je fasse ça moi aussi ! C’est terriblement génial. » Alors, je me suis mise en quête d’une machine à écrire dans les brocantes. Quand je l’ai trouvée, j’ai immédiatement foncé sur la Place Masséna pour proposer des textes.

Quelle a été la réaction des passants ?

J’ai eu beaucoup de personnes qui dans les premiers temps étaient très amusés de revoir une machine à écrire. Beaucoup se sont arrêtés pour me demander où je l’avais achetée et si je savais m’en servir parce qu’eux avaient appris à écrire dessus ! Il y a eu beaucoup de partage sur l’objet en lui-même. Ensuite, après la curiosité passée, c’était des questions sur mon activité. Une fois sur quatre, ils me demandaient de leur écrire un texte après notre interaction.

Quel genre d’histoires écrivez-vous ?

Le genre d’histoires dépend du mot que la personne va me donner, de ce qu’elle véhicule et qu’elle me transmet entre guillemets en terme d’énergie, de son apparence. Ça dépend également de ce que j’ai lu la veille. Si par exemple, je me suis plongée dans de la science fiction, ce sera beaucoup plus étrange et évasif, ou parfois poétique et sombre. J’essaie toujours d’adapter un minimum selon les goûts de la personne en face de moi.

Y a-t-il une histoire ou un moment particulièrement mémorable que vous avez vécu en écrivant ?

Il y a deux moments touchants dont je me rappelle. L’histoire d’une jeune femme pour sa sœur qui était à l’hôpital. Elle a décrit un souvenir qu’elle voulait lui offrir et j’ai brodé une jolie histoire autour. C’était un souvenir avec un poisson enfermé dans une bulle de cristal. Le deuxième, c’était un jeune homme qui voulait remonter le moral de sa copine après une mauvaise matinée. Alors, j’ai raconté leur rencontre sous forme de poésie.

Quelle est la durée moyenne que vous passez sur une histoire ?

En moyenne, cela peut me prendre entre 3 à 5 minutes.

Avez-vous déjà été inspirée par une rencontre pour écrire quelque chose de plus grand ?

Pas encore, mais peut-être que cela viendra !

Pensez-vous que cette expérience de rue a modifié votre style ou votre approche de l’écriture ?

Pas encore je dirais, mais en revanche, je me suis découverte une passion pour cette activité. Je trouve ça beau, poétique, comme un moment hors du temps. C’est quelque chose qui me fait du bien de donner un peu de littérature gratuite.

Suite à tout ce qui s’est passé, vous auriez aimé être dans la lumière comme c’est le cas aujourd’hui avec tout ce buzz ou vous aimeriez plus être dans l’ombre ?

En toute honnêteté, j’ai été extrêmement gênée à la suite des appels de la mairie. Maintenant heureusement tout s’est arrangé ! Et voir la réaction des personnes qui me soutiennet, ça m’a conforté dans mon droit d’exercer !

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