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22 novembre 2024

Sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique : rebondir après un gâchis

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Allait-on sauver la planète grâce à une convention internationale entre Etats ? Certes, c’est toujours une bonne « chose » que les chefs d’état et de gouvernement se rencontrent pour discuter…, et notamment dans la capitale du Danemark pour tenter de trouver un nouvel accord sur le climat. Après le peu de résultats du précédent Sommet (Protocole de Kyoto 1997), limiter la hausse des températures à 2° pour la planète et accompagner les pays les plus vulnérables à s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique étaient des objectifs valeureux en soi.
Mais comment prétendre régler ces questions uniquement par le haut, à coup de conventions entre Etats ? Le problème du changement climatique comme toutes les questions d’environnement passe surtout par une évolution des comportements. Soit en direct au travers de gestes quotidiens –les écogestes-, soit surtout par des exigences indirectes, en recherchant d’autres processus économiques. Or à Copenhague, rien n’était prévu à la base pour changer nos habitudes quotidiennes. Rien n’était envisagé, notamment en matière d’éducation, pour faciliter cette évolution, pas même la moindre recommandation…

© Guidoz
© Guidoz

Certes les medias, tout comme les ONG ont fait un large travail de sensibilisation. Peut-on dire que ce soit suffisant en matière de changements de comportements souhaités. L’événementiel habituel des médias ou le sensationnalisme d’une manifestation, s’ils peuvent sensibiliser ne provoquent en aucune manière un changement profond d’attitudes. Il y a toujours un gouffre entre le savoir et le faire. Et pour positiver, les peurs ne sont pas très bonnes conseillères. Ce que confirment les recherches anglo-saxones en psychologie ou celles de didactique de Genève. Toutes ont montré que les scénarios catastrophes, la rhétorique apocalyptique ne sont performantes que si les individus se sentent impliqués. Or la plupart des humains ne se sentent pas encore suffisamment concernés par le changement climatique.
Ce concept leur paraît plutôt flou, d’un genre abstrait et difficile à appréhender dans leur quotidien. Il s’agit de le rendre accessible au travers d’aspects qui concernent directement. Pour modifier un comportement individuel, encore faut-il y avoir prise ; ce que n’induisent pas ni les discussions ésotériques entre experts, ni les Conférences internationales. Pire, elles démobilisent puisqu’elles n’engagent pas l’individu. Et les coups médiatiques contribuent à créer un fort sentiment d’impuissance (« ça me dépasse », « c’est trop complexe »). Au quotidien, elles déresponsabilisent (j’y peux rien à mon niveau », « c’est une affaire de gros sous »,..). Au mieux, elles donnent bonne conscience («je suis au courant, mais que faire ?»).

Qu’en est-il des écogestes ?

Mais n’en est-il pas de même des écogestes ? Ces derniers sont-ils vraiment à la hauteur des enjeux ? Prenons celui qui est devenu le plus fréquent : le tri des déchets. C’est un beau geste convivial, en apparence très citoyen. Toutefois si on ne veille pas sur la suite, on peut avoir de grosses déconvenues. Les industries de la récupération ou du recyclage ne suivent pas toujours. Un des premiers recyclages mis en place fut celui de l’aluminium. Avec le recul, les ratés fréquents et constatés sont révélateurs et instructifs. L’industrie du recyclage de l’aluminium mit quelques temps à se mettre en place en Europe, ce qui entraina des décharges sauvages et même de l’exportation de déchets en Afrique ! Le recyclage lui-même n’est pas sans conséquences ; il produit des rejets salins expédiés directement dans les rivières. Du fait des couleurs qui recouvrent ces emballages, des rejets de dioxines et de métaux lourds partent dans l’atmosphère.
S’interroger sur le devenir de nos déchets, et faire en conséquence, serait une approche déjà plus pertinente . En théorie, presque tous les emballages sont recyclables, mais en pratique tous ne le pourront pas. Il faut qu’une filière de recyclage se mette en place et qu’elle puisse être rentable. Et pour qu’un recyclage soit le plus écologique possible, il est souhaitable que les filières de valorisation soient assez proches afin de réduire le transport des déchets et donc les pollutions qui en résultent. Pour bien faire, il faudrait des usines de recyclage bien réparties sur les différents territoires, ce qui est loin d’être le cas.
En amont, ne vaudrait-il pas mieux modifier notre consommation. Il serait aisé en tant que consommateur d’éviter les produits dont l’emballage est trop volumineux ou trop polluant, ce qui est le cas de nombre de cadeaux. De même, le consommateur pourrait fuir les marchandises qui ne sont ni recyclables, ni compostables, par exemple les vaporisateurs et pompes à savon qui contiennent une bille de plomb, les packs qui comportent plusieurs couches différentes ou encore les produits emballés dans du papier aluminium (chocolats, fromages…), etc..
Plutôt que la seule récupération, l’exigence d’une autre politique d’emballages – d’autres emballages (verres, poterie,..), des emballages moins composites, des couleurs moins nocives,..) serait également une mesure plus judicieuse. Ainsi, il serait possible de préférer des emballages de plus de volume : le gros pot de fromage blanc n’est pas recyclé mais il utilise moins de matière première. Et pourquoi toujours acheter ! Pourquoi ne pas le faire soi-même, rien de plus simple que de réaliser un fromage frais ; il en est de même pour les yaourts !
Des pratiques « zéro déchet » sont certainement à mettre en place, notamment pour les automobiles ou l’électroménager . Elles visent à éviter l’utilisation des ressources non renouvelables d’une part et les rejets néfastes d’autre part. Dans cette conception, tout « déchet » est à considérer comme une ressource et dès la production, le recyclage ultérieur des divers matériaux est envisagé. Cela obligerait les fabricants à concevoir leurs produits et leur paquetage en fonction du recyclage.

Une autre consommation ?

Autre question et non des moindres… Avec la crise économique qui n’en finit pas, ne va-t-on pas encore relancer la machine par une consommation encore plus effrénée ? Est-ce compatible avec une diminution du réchauffement climatique ? Ne faudrait-il pas plutôt investir dans une production moins polluante, moins dispensière en énergie. Dans cette direction chacun de nous a un rôle prépondérant à jouer. En tant que consommateur-acheteur, chacun a entre ses mains un vrai pouvoir individuel qu’il pourrait exercer pour infléchir la production .
Deux trajectoires, non contradictoires, s’offrent à nous. La première piste est celle de la déconsommation pour ceux qui croient la décroissance possible et nécessaire. La seconde voie est celle de la « consommation réfléchie » ; le consommateur opte pour une « consommation durable ». La piste de la déconsommation ne veut pas dire acheter moins, mais acheter mieux ! Ce peut être n’acheter que les produits absolument nécessaires. Il suffirait de se demander : « ai-je vraiment besoin de ce nouveau produit ? Que va-t-il m’apporter ? Ai-je vraiment l’utilité de changer mon téléphone portable ou mon ordinateur ? Ne puis-je pas attendre ? » Toutefois de multiples autres pratiques sont possibles : acheter des biens en commun (automobiles, machines à laver d’immeuble), louer un objet (vélo, camescope), s’échanger plus ou acheter de seconde main (notamment pour les vêtements).
Le consommateur durable, lui, n’achète plus que des biens durables . Nombre de fabrications sont aujourd’hui conçues d’entrée pour un temps trop limité. Le consommateur s’informe avant son acte d’achat pour favoriser les produits qui ont une durée de vie suffisante. Secondairement, il peut n’acheter que les produits dont on sait les matériaux réintégrables directement dans d’autres processus de production. De plus, il privilégie les produits qui peuvent être réutilisés ou il pratique la revente après usage. Ce qui est d’ailleurs déjà le cas avec le succès des vide-greniers.
Il n’est plus possible de laisser le marché –l’hypermarché !- seul décider pour nous. Surtout que ce mode de production/consommation nous conduit droit vers un futur problématique. Le consommateur est un acteur-clef dans ce système, il lui faut en prendre conscience. En attendant que le « grands de ce monde » finissent de se concerter, il peut infléchir le processus économique s’il prend un peu de son temps pour penser sa consommation. N’oublions pas que le consommateur possède entre ses mains deux armes très subversives : le boycott et la sponsorisation !.. Il peut donner son choix de préférence aux marques qui font des efforts pour penser le monde autrement.

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