Vous pouvez retrouver les clichés de Sylvain à la galerie « Le Pigeonnier » (rue colonna d’Istria à Nice) ou sur sa galerie virtuelle : www.sylvaincollet.com/gallery
Nice Première : Sylvain, que représente l’image pour toi ?
Sylvain Collet : Tout cadre ampute la réalité, mais tout handicap stimule des facultés de perception et d’imagination.
Il y a un hold-up de la conscience dans l’image, comme dans le son, dont on ne peut pas se détourner, tu peux choquer quelqu’un pour la journée avec une photo, ou l’enchanter 5 minutes.
C’est un exercice délicat quand il faut réaliser des images pour le compte de tiers, l’étape d’écoute et de préreprésentation est primordiale, avant la réalisation technique.
On peut être bon photographe, si on prend les choses de haut on ne satisfera personne sur un projet.
C’est parfois l’image de soi, qu’on la fabrique ou qu’on la voie, à nous même elle nous renvoie etc… dans l’abstrait par exemple,
Mais voilà donc une interview virtuelle, et là c’est un autre type d’image que j’ai à soigner.
NP : Ta plus belle photo et ton plus mauvais cliché ?
SC : Mon plus mauvais cliché ? Une photo de merde, la mienne dans une barquette de steak haché vide… l’histoire d’un steak ça s’appelle.
En plus elle est mal cadrée et sous exposée.
C’est trash mais ça fait partie d’un cursus libératoire autoimposé j’ai pas pu faire Villa Arson alors j’ai fait cabane précaire.
Ma plus belle ?
J’espère qu’elle n’est pas déjà faite.
Ma préférée est celle de ce canot de sauvetage réformé, que j’utilise pour évoquer les sentiments meurtris, mais dont les durites rouillées semblent encore être solides. Mais la beauté d’une image… ce n’est pas à l’auteur d’en décider.
NP : Si je te dis Nice, que me réponds-tu .
SC : Niçois ni personne, Nissa ni rien d’autre.
Une fille me disait hier que Nice lui semblait une ville figée. A bien y réfléchir, je n’y ressens pas non plus d’esprit d’avenir, de projet, d’ambiance tournée vers l’avenir. Je parle bien sûr de la population. On est à Nice pour y être, pas pour y faire, ni pour la faire. Une ville narcissique, donc assez belle pour être nombriliste et cadenassée.
Heureusement qu’on a Noëlle Perna pour nous rappeler ce qu’on a de bon à offrir au monde.
NP : Quatre mots qui ont de l’écho en toi : Pilou, Carnaval indépendant et Garibaldi ?
SC :
Pilou :
Le bonheur, la santé, l’amitié. On voudrait bien créer un petit club, avoir une salle de sport pour le pratiquer et l’enseigner à l’année. C’est pour l’instant un jeu et non un sport en tant que tel. Néanmoins, pour le pratiquer, je l’aperçois digne d’un sport comme un autre, bon pour l’invention, la santé. Il existe des tournois ponctuels, mais pas de permanence, donc pas de présence, donc pas de membres, mais nous sommes environ 10 à 15 à jouer tous les dimanches au lieu dit la patinoire. S’il y’avait un club de pilo dans ton quartier, irait-on au moins essayer ? Le pilo est le sport qui soit Niçois et seulement niçois il y mérite peut être sa place. L’idéal pour moi serait qu’il devienne sport fédéré. Il y a une permanence pilo qui s’organise devant le stade de France le 22 avril, avis aux amateurs.
Carnaval indépendant :
Trop de farine et d’oeufs mal jetés, pas assez d’initiative de fête. Pour ce carnaval, j’ai voulu créer un personnage générique, du genre arlequin ou pierrot, le Cagadou : Tu agrafes toutes les étiquettes de nourriture frelatée qui t’ont pourri ( nourri ) la vie sur le torse et le ventre, tu bourres bien le ventre et les fesses de rembourrage pour grossir, et tu te badigeonnes le cul de ce que tu veux, pourvu que ça soit coriace. Le clown anti malbouffe, chacun peut y mettre sa touche. Une ode à l’opulence de nos caddies et drailla-vina. Je préfère la santa Capelina, rendez vous le premier mai à Rauba Capeu avec un chapeau et un poisson.
Garibaldi :
j’arrive à l’dire. Aucun écho. Sa biographie est intéressante, il a réussi à Naître à Nice, réussir socialement et voyager, c’est très fort.
NP : « On ne doit absolument pas mélanger l’identité et l’identitaire » Que penses-tu de cette réflexion ?
SC : Chaque personne possède une identité propre et distincte alors que l’identitaire c’est revendiquer ou/et imposer une identité pour plusieurs sinon tous. L’identité est liée à l’hermétisme du corps, de sa forme et de son histoire et de ses rencontres.
Donc l’identité, c’est l’inverse de l’identitaire en ce sens que c’est ce qui se détache du commun.
L’identité c’est ta partie hermétique, l’identitaire te propose de te diluer dans une identité préconçue mais pratique, comme avec une religion.
On ne trahit pas les traditions en rejetant l’identitaire. La bonne phrase serait » on ne doit pas mélanger son identité à une vision identitaire. » L’identité évolue, l’identitaire fige.
NP : Qu’aimerais-tu photographier ?
SC : C’est Noël ?
La joie de Pancho Abardonado levant la coupe de la ligue le 22 avril en noir et blanc tri-X-Pan avec mon reflex canon FT de 1970. Mais je ne serai même pas à Paris.
NP : Tu préférerais « shooter » : L’épave du Titanic, l’évolution d’un fœtus pendant 9 mois ou la surface de la lune ?
L’épave du Titanic… Le Norway avec de la mousse ? Non.
Un foetus pendant 9 mois… ce sont des images sublimes et pleines d’émotion. Mais il faut pour cela porter atteinte au corps de la femme et à l’intimité du foetus avec sa mère. Je n’aimerais pas qu’on me l’eût fait, mais pour la cause de la santé ça doit être une belle expérience, dans le cadre médical, mais ce n’est pas un spectacle.
La surface de la lune ? Oui car on photographie le vide en même temps ! Ca c’est fou.
NP : Comment tu l’appellerais le nouveau grand stade niçois ?
SC : Le stade Henri Sappia, pour faire plaisir aux gens de Touët de l’Escarène.. et embêter les autres à l’occasion.
NP : Enfin, si Sylvain était : une couleur, un chiffre et un sens ?
SC : Couleur ? Le rouge.
Un chiffre ? le zéro.
Un sens ? l’odorat.
