Alba a quarante ans. Elle est sur le point de commencer une grande tournée. Elle a écrit un ballet en écoutant sa mémoire. Ce récit est son histoire, celle qui l’a construite, sa quête d’identité. Un récit atypique et envoûtant.
« Assise sur un bloc de pierre de la Tholos de Delphes, j’écoutais ma mémoire. »
La mémoire a une place toute particulière dans ce récit. Alba, qui a aujourd’hui environ quarante ans, est sur le point de partir pour une grande tournée où elle va jouer son ballet. Depuis toute petite, Alba a une mémoire époustouflante. Elle est capable de retranscrire mot pour mot des passages de conversations entendues. Elle a appris à lire et écrire en un mois. Et c’est en se replongeant dans ses souvenirs, dans lesquels la danse et la musique ont une place très importante, qu’elle a écrit son ballet, en écoutant sa mémoire.
« Quand la nature nous a doté d’un regard d’aigle, de la finesse d’ouïe d’un chat, on n’a pas conscience, du moins dans l’enfance, de cette supériorité face aux autres. »
Alba a toujours été différente. Atteinte d’un autisme atypique, elle s’est passionnée très petite pour des choses qui paraissent insignifiantes pour la majorité des gens. Lorsque les autres enfants jouaient aux jeux vidéo, elle préférait aller traverser le ruisseau en sautant d’un caillou à l’autre. Elle ne trouvait de plaisir que dans la nature et ses merveilles. La nature est changeante, là où la télévision est répétitive et lassante. Alors bien sûr, elle a été délaissée, mise à part, laissée dans l’indifférence. Elle a donc vécu au gré des rencontres, des hasards de la vie. Et ce sont toutes ces rencontres qui lui ont appris, au fil du temps, à se trouver. Ses journées passées dans les collines à étudier la nature avec Fausto, sa colocataire Rose qui l’a menée vers le chemin de l’« escort occasionnelle », sa vie avec Jean-Paul le professeur de français, son amant Azazel rencontré à Saint-Pétersbourg, ou encore son amie sculptrice Maïssa. Tout est encore très clair dans sa mémoire, si bien qu’elle est capable de nous les raconter comme si nous y étions. Et avec du recul, Alba a découvert deux choses : non seulement ces moments de sa vie ont forgé sa personnalité, mais en plus, elle est capable de les écouter.
« Je suis née de la pierre et peut-être de l’eau. Je m’appelle Alba. C’est le seul nom que j’ai fait mien, parmi tous ceux qui m’ont été donnés, ou que j’apprivoisais momentanément, pour les quitter et les abandonner, comme je l’ai souvent fait avec mes habits. »
On suit le parcours d’Alba, orpheline née en Syrie et emmenée en France lorsqu’elle était encore bébé. Tout au long de sa vie, elle s’est forgée de nouvelles identités, comme si elle ne trouvait pas sa place dans ce monde. Baptisée Marie-Madeleine par les sœurs, elle est devenue Marlène lorsqu’elle a exercé son métier d’aide soignante, elle a été surnommée Galatée par les amis de l’homme avec lequel elle a vécu plusieurs années, elle s’est transformée en Roxelane auprès de son amant Azazel…
Quête d’identité. Éveil de la conscience. Ce récit intimiste de Roger Baillet est une tranche de vie hors du commun. J’ai été subjuguée du début à la fin par l’histoire d’Alba qui a été retranscrite avec beaucoup de poésie et de finesse.
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