Marcel Alocco garde les formes et supprime les couleurs. Une démarche inverse de celle d’un artiste récemment présenté au musée des sports de Nice, Laurent Perbos éliminant les formes pour ne conserver que les couleurs. Marcel Alocco est un habitué de la galerie Depardieu.
Cet artiste un peu touche à tout, de l’esprit Fluxus, à la fois peintre et écrivain, il sera un des promoteurs de l’école de Nice. Tisserand, il va à partir de cheveux de femmes, poser une autre question sur la peinture et la couleur, tissant des miniatures. Marcel Alocco garde les formes et supprime les couleurs ? Oui, à partir de tissus blancs qu’il détrame, détisse ou découpe en morceau, il nous présente des tableaux.
Le visiteur découvre sur les cimaises des toiles célèbres comme les demoiselles d’Avignon où il a rajouté Adam et Eve puis en une seconde version, seulement Eve. Ses tableaux ont une dimension spirituelle, la Bible et la genèse ne sont jamais bien loin. Les couleurs surgissent en une magnifique robe éthérée et printanière, ce pourrait devenir une mode dont le mannequin déesse du printemps met en valeur le tissu, les couleurs et la beauté féminine. Le blanc est-il une couleur ?
On décortique ce mot ‘blanc’ jusqu’à sa moelle et Marcel Alocco a atteint son objectif. Il n’a pas copié les Demoiselles d’Avignon, il les a interprétées. L’ajout du premier couple de la création, puis seulement d’Eve, inverse le message biblique, la femme devenant l’origine du monde et une autre représentation de Courbet nous l’explique.
La chaise, le châssis, le chevalet et l’échelle, ont un point commun entre eux, faire tenir debout, droit, en position verticale. Cette verticalité étant ici le divan psychanalytique du peintre : il peut être assis ou debout, mais il est droit ! Le châssis posé sur le chevalet est droit ! L’échelle sert à monter, à lever, elle est droite et ainsi
Marcel Alocco nous invite à décliner ce mot : Droit. Ces cinq objets sont bleus, couleur du ciel et doivent être interprétés ensemble. Le public va découvrir qu’à partir d’un simple morceau de tissu, l’on peut composer et créer à l’infini. Un chiffon devenant ainsi une œuvre d’art. Marcel Alocco et la galerie Depardieu permettent au public et aux amateurs d’arts, de soulever le coin du voile, d’entrer dans l’intimité de l’artiste, celle de ses émotions et de ses sentiments.
On ne sait plus qui a dit : « l’artiste est exhibitionniste et le public voyeur. » C’est un peu vrai et le travail du critique est de ne pas céder à son voyeurisme, de décrire ce qu’il ressent et non ce qu’il voit.
Marcel Alocco nous fait voyager dans son univers, blanc comme la neige, celui de la feuille blanche, angoisse de l’écrivain et à chacun de noircir cette page en philosophant sur la genèse de la vie dont Eve, ici, en est bien l’origine. La femme est l’avenir de l’homme disait Jean Ferrat.
Thierry Jan