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8 septembre 2024

TOTO, des géants à Juan !

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Lundi dernier, les quelques chanceux présents à la soirée d’ouverture de la 63ème édition du Jazz à Juan, cuvée 2024 donc, ont eu l’immense privilège de voir performer ce qui se fait de mieux en matière de jazz-rock mélodique.

En effet, la météorite TOTO s’est écrasée à 22h, heure locale sur la scène désormais mythique de la Pinède Gould à Juan les Pins, consumant jusqu’à l’extase une audience entièrement acquise à leur cause. Il est à noter que l’événement affichait complet, c’est dire l’engouement qui s’est cristallisé autour de cette soirée, entièrement mérité ceci dit au regard de la carrière exemplaire de ce groupe cultissime. Retour sur une soirée magique qui a fait chavirer les coeurs et bouger les corps. Toto à Juan, c’était grand!

Une mise en bouche « Frenchy » et « Catchy »

Avant de voir déferler sur scène les archanges du rock mélodique made in L.A, c’est donc le groupe de Manu Katché, que l’on ne présente plus, batteur mais aussi compositeur, jury emblématique de la Nouvelle Star (pour toutes celles et ceux qui seraient un petit peu moins mélomanes) qui a eu l’insigne honneur d’inaugurer cette soirée inoubliable. 

Rappelons à toutes fins utiles que le monsieur s’est illustré dans de multiples projets jazz/fusion/World, notamment aux côté d’illustres musiciens français, tels que Francis Cabrel, Veronique Sanson, Jean-Jacques Goldman ou encore Laurent Voulzy mais aussi aux côtés d’artistes de renommée mondiale tels que: Marcus Miller, Al Di Meola, les Bee Gees, Dire Straits, Joe Satriani, Jeff Beck et j’en passe. 

Ne connaissant que quelques morceaux extraits de ces différents projets, je partais, il est vrai avec un léger a priori, ce que j’avais écouté m’avait plu sans toutefois réussir à m’emballer totalement, venant du métal, du rock progressif mais aussi du classique, sensible à l’épique ainsi qu’à une certaine forme de transcendance, des qualités que j’ai, il est vrai, un peu de mal à retrouver dans des musiques dites urbaines aussi virtuoses soient elles.

Partant donc avec peu d’appréhension, je dois bien avouer que le bougre a réussi à m’emballer dès les premières notes, des morceaux bien emmenés et groovy à souhait, rythmiquement impeccables, on navigue dans le jazz mais pas que, on a droit à des guitares saturés par moment, à un morceau « funkisant » façon « Get Lucky » des Daft Punk, à noter l’utilisation intelligente de l’auto-tune, fait assez rare pour être souligné, bref, un show parfaitement rodé et des musiciens à l’unisson qui font le job impeccablement.

Force est de constater que l’ennui n’a pas pointé le bout de son nez, mieux, j’ai pris du plaisir à voir performer cette formation. Mission réussie donc pour Manu et sa bande, l’audience a été mise dans des conditions optimales, prête à voir performer les légendes vivantes Californiennes.

22h, la grand’mess mélodique peut enfin commencer

Ça y est nous y sommes, à quelques minutes de voir se produire l’un des plus grands groupes de tous les temps, les iconiques TOTO et leur leader surdoué, l’immense Steve Lukather. Juste quelques informations sur le bonhomme, histoire de vous donner un peu le tournis, Steve Lukather c’est 50 ans de carrière, présent sur presque 1500 albums studio, allant de Paul McCartney à Michel Berger en passant par Lionel Richie, Cher, Elton John, Eric Clapton, Earth Wind and Fire, George Benson et j’en passe. Sans oublier l’incroyable collaboration avec the « King of Pop », sir Michael Jackson en personne, pour qui il enregistre, à même pas 25 ans, la quasie-totalité des guitares de l’album Thriller mais aussi et surtout compose le mythique riff de « Beat it », morceau qu’il met ensuite entre les mains de son ami Eddie Van Halen afin que ce dernier puisse composer son emblématique solo qui traversera tous les âges et toutes les modes.

Si vous vouliez du légendaire, vous voilà servi. Toto, c’est aussi 40 millions d’albums vendus et une trentaine de nominations aux Grammy Awards. Rien que ça, voilà de quoi vous faire une idée plus précise du statut absolument hors norme de ce groupe.

Steve Lukather.

Cette parenthèse historique étant faite, retour donc sur une performance qui restera à tout jamais dans les annales de ce festival si chère au cœur des nombreux locaux ici présents mais aussi à celui de tous les « happy few » venus de loin pour assister au récital de ces légendes vivantes. 

Voilà, c’est enfin l’heure, le groupe arrive enfin sur scène sous les applaudissements nourris d’un public chauffé à blanc puis vient en tout dernier, comme surgit de sa boîte, le cheveux blanc hirsute, ce diable de Steve Lukather, visiblement jouasse à l’idée de venir performer sur cette terre promise pour de tant de musiciens. La preuve en est avec le biblique « Hold the Line » asséné seulement en deuxième position sur la setlist, de quoi plonger de plain-pied dans le chaudron en fusion de ce rock aussi mélodique qu’incisif et mâtiné de Jazz que nous aimons tant.

C’est ensuite au tour de l’enivrant « 99 » de venir nous prendre par la taille, telle une caresse venue tout droit du fond des 80’s, ce morceau devrait d’ailleurs être remboursé par la sécurité sociale tant il fait du bien à l’âme: « 99 I love you », Toto we love you too! Petite aparté du grand Steve qui ironise sur la signification du morceau: « It’s a sexual position, you can go on the Dark Web if you want », un Lukather qui cabotinera d’ailleurs tout au long de la soirée, cool en plus d’être talentueux, la classe à Dal…, euh non pardon, à L.A.

S’enchaînent alors une déferlante de tubes intemporels repris en coeur par un Jazz à Juan survolté, tels que « Pamela », « Stop Loving You » ou encore le très stadium: « House of the Brave », preuve s’il en est de l’aura incroyable de ce groupe légendaire mais aussi et surtout de son professionnalisme absolu. A noter le morceau: « Jack to the Bone » extrait de l’album « Kingdom of Desire » qui lorgne dangereusement sur le metal progressif, démonstration de la virtuosité intrinsèque du groupe au point tel que l’on est en mesure de se demander si il existe un style musical que ces gars là ne sont pas capables de jouer? Tant il semble que chacun ait un niveau de maîtrise proprement hallucinant!

La quasie-totalité des musiciens est en mesure de chanter en voix lead, 5 sur 6 pour être tout à fait précis mais aussi de passer à d’autres instruments à l’image de Warren Ham, d’abord aux percu, puis au chant, puis à la flûte traversière pour finir au saxo, vous avez dit hors norme? Mais ce qui fait la force de Toto, au delà de l’Alien de la 6 cordes qui leur sert de boussole et qui est là pour rassembler autant que pour indiquer le Nord, c’est la fidélité et l’amitié qui unissent ses membres piliers, des amitiés qui remontent pour certains d’entre eux à l’adolescence, comme entre Steve et le chanteur Joseph Williams, respectivement 17 et 14 ans au moment de leur rencontre.

TOTO c’est un rêve d’ado devenu réalité, une musique unique qui a réussi le tour de force de rassembler toutes les générations, toutes les classes sociales et de transcender tous les styles de musique, remarque rien d’étonnant quand le nom de son groupe signifie: « Universel ».

Un set parfaitement rodé qui fut entrecoupé de reprises hautement inspirées, tels que « Little Wing » de Jimi Hendrix (feeling et virtuosité totale du grand Steve sur ce morceau) mais aussi du tubesque: « With a Little Help for my Friends » des Beatles, des reprises certes coutumières du groupe mais qui font toujours leur petit effet sur scène, la TOTO touch en plus on va dire. 

A ce stade de la soirée et l’heure avançant, nous sentons bien que le moment de se dire au revoir arrive hélas à grand pas, l’incontournable « Rosanna » vient amorcer en douceur la fin de ce concert éblouissant, permettant ainsi à l’assemblée de se préparer à chanter à gorge déployée le tube interplanétaire, qui je pense ne va pas tarder à être inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, je veux bien évidemment parler du mythique, que dis-je? Du mythologique « Africa ». Quelle émotion indescriptible d’entendre retentir un tel monument dans un cadre aussi magnifique que celui de la Pinède Gould, quand nostalgie et communion des âmes s’entremêlent, on ne peut que se sentir extrêmement chanceux de se trouver là, à ce moment très précis de l’espace et du temps, c’est ça la magie TOTO. « I bless the rains down in Africa » et c’est tout le Jazz à Juan qui s’enflamme pour bénir et adouber à sa façon ce combo lumineux venu performer pour eux ce soir.

TOTO, un groupe unique

Ce lundi soir, Toto, a, comme à son habitude montré toute l’étendu de son incroyable talent en tissant au fil de l’eau son irrésistible mythologie musicale. Puissants, virtuoses et mélodiques, les Californiens de Toto et en particulier leur emblématique leader, j’ai biens-sûr nommé Lord Steve Lukather, resteront à tout jamais un olympe pour tous les amateurs de belle musique mais aussi et surtout pour tous les musiciens prêts à servir leur art bien au delà de leur simple égo.

Quand la virtuosité se met au service de la mélodie alors c’est l’éternité qui vous contemple et Dieu sait si les chefs-d’oeuvre atemporels de Toto resteront à tout jamais, témoignant ad vitam aeternam du génie universel de ce groupe hors norme. TOTO au jazz à Juan, déjà TOTO-talement culte!

Aurélien Maccarelli

Auteur/autrice

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