Le ballet Nice Méditerrannée, pour sa rentrée, nous offrait trois pièces aussi diverses que complémentaires.
Le célèbre « Sylvia », d’après Louis Mérante, s’appuie sur la mythologie grecque (un temple tient lieu de décor) pour nous donner à admirer un personnage émancipé, une chasseresse (sylva ne veut il pas dire forêt en latin ?), qui défie les dieux jusqu’à leur décocher quelques flèches. C’est un berger, Aminta, qui est amoureux d’elle. La grâce et l’harmonie des interprètes, entourés notamment des chasseresses sont d’autant plus mis en valeur que la musique de Léo Delibes sert pleinement l’œuvre. On la dirait presque adaptée pour ces mouvements ,cette dynamique, ces rebondissements chorégraphiques : Sylvia est enlevée puis délivrée . L’introduction des leitmotivs par l’intermédiaire des cuivres nous ramène au côté épique de ce ballet . Et pourtant, « Sylvia » marque comme une transition entre le ballet romantique et son devenir, ce qui est propre à s’inscrire dans les choix de pièces de Nice Méditerranée entre classique et contemporain. De l’audace, de l’exigence et de nombreux pas de deux très appréciés.
Justement, le second ballet s’intitule « Belong Pas de deux », signé Norbert Vesak. Un couple de danseurs illustre l’amour, le partage, l’union des corps supportés, emportés, transportés. Certes, le danseur rattrape, porte davantage la partenaire mais n’ôte rien au sentiment de fusion de confiance que se font Alesssio Passaquindici et Alba Cazorla , les interprètes. Le chorégraphe décrit par cette montée en puissance, du sol à l’élévation vers l’horizon, un amour naissant. Les corps tournoient, se contournent en des courbes savantes, harmonieuses, bienveillantes. On les dirait pris dans leur enthousiasme, seuls au monde et pourtant admirés sur une musique de Syrinx parfois rude mais qui leur permet cette progression si subtile.
Enfin « Océana » créé en 1991 pour le ballet Nice Méditerranée par Lucinda Childs offre une sorte de mélopée entêtante en un mouvement perpétuel fluide qui grandit, grandit. On pense aux vagues de l’océan dans des tonalités de bleu. Nous sommes comme hypnotisés par cette occupation du plateau, cette mécanique bien huilée mais qu’on oublie tant l’harmonie se marie à la rigueur et à la précision des mouvements. La musique d’Osvaldo Golijov porte ces danseurs, le temps semble s’y étirer en une méditation. Nous sommes transportés par cette atmosphère mystique en communion avec les éléments, le flux et le reflux des corps, des marées, de l’eau. Époustouflant !
Roland Haugade