Paul Valéry, Roland Barthes, Henry de Montherlant, Arthur Rimbaud… Autant d’écrivains qui permettent à Fabrice Luchini de brûler les planches.
Dans la lumière des projecteurs, il entre sur scène les bras chargés de livres : « Ne vous inquiétez pas, on ne va pas tous les lire ! »
Mais le comédien va plus loin qu’une simple lecture des textes et les met en scène. Il feuillette ses livres mais ne les lit pas. Il les connaît par cœur et ne cesse de partager avec son public. Il débute par Paul Valéry dont Fabrice Luchini extrait une phrase : « Je me trouvai coupable du crime de poésie sur ce pont de Londres ». Il poursuit avec Roland Barthes – Fragment d’un discours amoureux – pour expliquer l’Amour et les relations qui unissent deux êtres. Grâce à ces écrits, il entre dans l’analyse de notre société pour la critiquer. Fabrice Luchini donne envie de partager ses choix de lecture et d’aller plus loin dans la découverte de ces auteurs.
Comme dans un One-Man-Show, il mêle à la perfection ces œuvres et sa vision de notre époque en passant de la politique aux nouvelles formes de langage.
Sans perdre une seule seconde ses talents de comédien à la diction et aux gestes impeccables, il nous plonge dans ses réflexions et quelques moments forts de sa vie. Sa visite chez Roland Barthes rue Servandoni à Paris, le tournage de Perceval le Gallois : l’acteur se lâche en devenant le sujet de la pièce sur quelques notes d’autodérision.
Un public comblé
Le décor est simple : une table, quelques chaises et ses livres. L’acteur est lui aussi habillé de façon très sobre – en noir de la tête aux pieds – comme s’il ne voulait pas en faire trop et aller à l’encontre de son humour piquant. Mais dans ce cadre dénudé, Fabrice Luchini occupe tout l’espace. Il utilise toute la scène : le public cerné devient la proie du comédien.
Dans la salle comble, des spectateurs de tous âges : certains découvrent Fabrice Luchini, d’autres y sont déjà accro mais tous sont conquis par la pièce. Il joue avec son auditoire, l’apprivoise et l’émeut. Il installe une sorte d’interaction en faisant participer la salle : « la bourgeoisie du parterre et les pauvres des balcons » ironise-t-il. Il donne la parole à certains spectateurs pour demander leur avis et cela rend le spectacle encore plus vivant et intime.
On ne cesse de rire et on se sent bien : on (re)découvre un Fabrice Luchini passionné et battant. L’homme et l’artiste ne font qu’Un, on ressent le plaisir qu’il prend lorsqu’il est sur scène, on le respire, on le partage.
Après Friedrich Nietzsche, il invite la salle à se lever pour danser avec lui sur un air de disco. Puis il entame « Le corbeau et le renard » en verlan. Il termine par une citation de Jules Renard en précisant que cela illustre le contraire de ce que l’on vient de vivre : « Il parlait très peu, mais on voyait qu’il pensait des bêtises ».
Eric Rohmer : « L’homme le plus important dans ma vie ».
Fabrice Luchini rend hommage à Eric Rohmer qui l’a découvert et qui l’a lancé. Il a partagé avec lui 5 films, dont Perceval le Gallois : il décrit son tournage et sa première.
Fabrice Luchini tient à remercier ce grand cinéaste français décédé le 11 janvier et souligne l’importance qu’il a eu dans sa vie.
Rempli de respect et d’admiration, il explique : « Je voudrais rendre hommage au plus grand cinéaste français ». Quelques spectateurs commencent à applaudir, puis c’est toute la salle qui acclame le grand homme du cinéma.