L’Institut Claude Pompidou à Nice a inauguré une œuvre de Street Art, réalisée par les artistes québécois Olivier Charland et Cécile Gariépy, pour les personnes atteintes d’Alzheimer et leurs aidants.
Cette action est en partenariat avec la Mutualité Française PACA SSAM, France Alzheimer 06, l’association IA, l’Université Côte d’Azur, le CHU de Nice, COBTEK, Phenix Lab, et bénéficie du soutien de la Conférence des financeurs, la CNSA, la Délégation du Québec en France, Mentia et CrocosGoDigital.
Nice Premium a rencontré Rémi Marcaillou, Directeur de l’EHPAD de l’Institut Claude Pompidou, et Laure Chantepy, responsable du projet d’art thérapie, qui nous ont expliqué l’objectif de ce projet.
Rémi Marcaillou indique que «la fresque a été réalisée pour l’ensemble des usagers de l’Institut (y compris les membres du personnel). Il y a des résidents, puisque c’est un EHPAD 100% Alzheimer. Un accueil de jour peut accueillir jusqu’à 25 personnes par jour. Le Centre Mémoire de Ressources et de Recherches (CMRR) fait du dépistage et de la prévention, notamment sur les troubles cognitifs et la maladie d’Alzheimer.
L’idée était d’égayer cet endroit, qui était triste, couleur béton. C’est un projet collaboratif, où chacun a pu participer (usagers, personnel), dans l’intention et la réalisation.»
Laure Chantepy précise que «les artistes ont retranscrit une émotion, un désir, une attente. Ils devaient créer une fresque gaie, apaisante, colorée, avec une connotation locale, qui rappelle la nature».
Le Directeur de l’EHPAD ajoute que vis-à-vis des résidents, il ne fallait pas que «les couleurs soient trop flashy ou pastels», ni qu’il y ait une connotation négative.
Pourquoi se tourner vers des artistes québécois ?
«Le partenariat avec un laboratoire de recherche a un lien fort avec le Québec.
Ce projet est parti d’une rencontre avec l’association Phenix Lab. Le street art participatif est né aux Etats-Unis. Olivier Dalban, le président de Phenix Lab est parti au Québec, voir ce qui existait. Il a ensuite monté une collaboration avec le Québec. Des échanges ont aussi lieu au niveau scientifique, avec le centre de mémoire.»
Combien de temps a-t-il fallu pour créer cette fresque ?
«L’artiste est arrivé il y a 10 jours. Il a commencé à tracer les formes il y a 8 jours. Le lendemain c’était le début de la peinture. Le projet de création a débuté en septembre.
L’artiste était très sympa. La pause café se fait dans cette cour, donc ça a avancé moins vite que prévu. Ca a pris plus de temps que s’il avait tout fait d’un coup.
Les résidents ont un certain niveau de dépendance, donc cela prend beaucoup de temps. Il y avait une volonté que chacun puisse mettre sa touche personnelle. Les familles de l’ehpad et les salariés se sont exprimés sur ce qu’ils voulaient. Les contours étaient tracés, et les résidents ont peint l’intérieur. »
Laure Chantepy explique que «l’idée de ce projet était de casser les idées reçues, d’avoir un projet street art dans un ehpad, et de montrer que les malades peuvent peindre assis par terre.» La peinture s’est terminée jeudi dernier.
«Il y a aussi un côté inclusif. On reçoit des collèges, lycées professionnels, et on fait des visites guidées aux écoles pour expliquer la maladie et le street art participatif.» C’était la journée porte ouvertes jeudi dernier. «Il y a eu beaucoup de monde, avec une chorale, des présentations de projets.» L’institut a voulu organiser ces portes ouvertes le même jour que l’inauguration de la fresque, qui clôturait la journée. Des partenaires et des institutionnels, comme la mairie ou le département étaient présents à l’inauguration officielle du soir.
Rémi Marcaillou se réjouit de la concrétisation du projet. «On en parlait, maintenant on va voir la fresque tous les jours. Ca marque une première étape dans la transformation de ce lieu.»
«On souhaite réaménager le jardin, qui sera réadapté pour les résidents et usagers, et fleuri. C’est une volonté qu’il soit un repère pour la faune et la flore urbaine. Ce nouveau projet est lancé jusqu’à fin mai, début juin, en partenariat avec le lycée horticole d’Antibes. La vocation de l’institut, c’est ce lien social avec l’extérieur. Ce sera une nouvelle collaboration. Ce sera un lieu de stimulation par les sens : la vue, l’odorat, avec des plantes choisies spécialement, et l’ouïe avec des oiseaux. C’est très complet. On va contacter des associations et partenaires pour la cohérence, en termes de végétaux. Il faut que ce soit écoresponsable, un jardin urbain qui nécessite peu d’eau, en réutilisant ce qu’on a déjà : des plantations sur la terrasse, des boutures. Les usagers de l’institut participeront aussi à ce projet. Les résidents apprécient, donc ce sera encore réalisé avec eux. Il y a toujours ce côté pédagogique, avec de la transmission. Ce jardin doit être un endoit paisible et adapté.»
Une médiatrice animale vient avec différentes espèces d’animaux. «Cela apaise les résidents, comme la musique.» Ils aiment beaucoup. «Ce sont les activités les mieux adaptées, qui permettent d’accompagner les résidents, de manière non médicamenteuse.»
Les poteaux qui se trouvent à l’extérieur de l’Institut ont même été décorés, pour rappeler la fresque.