Le groupe Bumcello s’apprête à enflammer la scène niçoise du 109, ce samedi 2 novembre. A quelques jours du concert, Vincent Ségal se confie sur sa relation avec son binôme Cyril Atef, sur leur parcours commun et leurs souvenirs mémorables.
En février dernier, le groupe marquait son retour en signant un nouvel album, The Party, six années après la sortie de Everyday. Musiciens hors pair, Vincent Ségal et Cyril Atef forment, depuis vingt-cinq ans, un groupe illustre pour leurs performances en live. Lorsqu’ils opèrent ensemble, ces deux artistes à part entière combinent électro, jazz, funk et musiques du monde, en laissant une immense part à l’improvisation. Cette approche unique fait de chacun de leur concert un événement éphémère, insaisissable, inoubliable.
Racontez-nous votre rencontre et vos premières collaborations
« C’était il y à très longtemps. En 1995 on a joué ensemble plusieurs fois, notamment au Cithéa à Paris. C’était un bar très fréquenté dans lequel des DJ organisaient des soirées. Avec Cyril on a proposé de faire ça à deux, en live. On a fait de sacrées soirées !
Vincent vous venez du classique, et Cyril, lui, d’un univers plus rock. Comment vos parcours et goûts respectifs influencent-ils le groupe ?
Cyril venait plus du punk, mais il a étudié le jazz au Berklee College of Music, à Boston. C’est d’ailleurs ce que j’adore chez lui : il est quelqu’un d’extrêmement cultivé et ouvert, malgré son apparence de cinglé. Moi j’ai étudié le classique mais j’ai grandi en écoutant des musiques très variées.
Quand on forme Bumcello, on recrée des faux samples. Cyril utilise énormément de percussions. Il est très doué pour faire des loops en direct. On n’utilise pas d’ordinateur, on ne réutilise rien. On improvise. C’est ce qui fait que nos concerts sont des moments uniques.
Vous venez de sortir votre dernier projet, The Party. Avant celui-ci, le dernier remontait à 2018, pourquoi une si longue pause ?
Le seul responsable c’est le temps. On avait tous les deux nos propres projets. De mon côté j’ai travaillé sur Les Egarés, avec Ballaké Sissoko, Vincent Peirani et Émile Parisien. Et puis est venu l’envie de se retrouver, on est inséparables avec Cyril.
Qu’est-ce qui vous a inspiré ce nouvel album ?
Tout est venu d’une idée de Cyril. Il a demandé à mon fils Marin de dessiner quinze planches, à partir desquelles on s’est inspiré pour composer les quinze musiques de l’album.
Y a-t-il une chanson qui vous tient particulièrement à cœur ?
Ah, je les aime toutes ! J’aime beaucoup Spark Av, c’est un hommage à notre grand ami Rémy Kolpa Kopoul. C’est un jeu de mot avec Park Avenue, la célèbre avenue new yorkaise, sur la planche on voit central park. Et Rémy adorait le champagne, alors on a mis « Spark » en référence aux bulles.
Tout au long de votre carrière, et d’autant plus dans cet album, on sent l’influence de cultures très diverses. Est-ce que pour vous le voyage est indispensable à la création musicale ?
Pas vraiment. Ce qui est indispensable c’est d’aimer la musique, et d’écouter des choses très différentes. Je ne crois pas que, comme beaucoup l’affirment, la musique soit une langue universelle. Je pense qu’il y a autant de langues différentes qu’il y a de musiques différentes. Et chacune d’elle peut nous interpeller, nous toucher. J’adore voyager, mais même dans mon quartier je trouve beaucoup de diversité musicale.
Quel autre art vous inspire pour créer ?
J’adore la littérature, en particulier la littérature française. Je pourrais citer des auteurs comme Victor Hugo, Robert Desnos… Il y a aussi Hugo Pratt !
La scène live est très importante pour vous. Comment imaginez-vous votre performance sur scène samedi ?
On ne sait jamais à quoi s’attendre avant un concert. Avec Cyril on a déjà joué devant de grandes foules, devant d’autres bien moins importantes, et on aime les deux ! On improvise beaucoup et on adore jouer avec le public. Notre musique dépend beaucoup du lieu.
Vous improvisez beaucoup lors de vos concerts. Avez-vous des moments mémorables d’improvisation en concert ?
Récemment j’ai repensé à un concert que l’on avait fait en Russie, pour la fête de la musique en 2013. C’était à la frontière avec l’Ukraine, un lieu de souffrances aujourd’hui… Je me souviens de la joie de ces jeunes qui dansaient tous à coeur joie. On a tellement de souvenirs comme cela. Je peux aussi penser à des concerts dans des clubs à New York ou à Montréal.
Vous êtes en concert à Nice ce samedi, avez-vous des souvenirs particuliers avec cette ville ?
On a d’excellents souvenirs ici. C’était spécial pour moi de jouer aux arènes antiques de Cimiez, j’allais là-bas quand j’étais enfant pour voir de grands jazzmen. »
Rémi Sauvat