Cette ultime montée des marches est plutôt molassonne. S’il n’y avait pas le sourire de Cécile (de France) et la robe « orange Malibu » de la bombe latino de Desperate housewives, on en viendrait presque à regretter l’effort, pourtant modéré, qu’exige l’ascension des vingt-quatre mythiques marches qu’exige l’escalier cannois.
Heureusement, le palmarès concocté par le jury présidé par Wong Kar Wai est d’un tout autre tonneau. Probablement le palmarès le plus intelligent de ces vingt dernières années, compte tenu de la sélection plutôt moyenne qui était proposée en 2006.
La palme d’or pour Ken Loach a surpris. À la réflexion, elle est presque aussi logique que celle qu’on promettait à Almodovar. Voilà deux immenses réalisateurs, fidèles à Cannes, et qui n’avaient encore jamais eu la palme d’or. De plus, le film primé (Le vent se lève) est un des meilleurs du réalisateur britannique, même si son thème – la guerre d’indépendance irlandaise – est très situé. La réflexion qu’il conduit sur ce type de conflit est universelle. Ce soir, Loach était content, il l’a dit sur scène. En fait, c’est le FIF qui doit être honoré d’avoir inscrit Loach à son palmarès.
Le Grand prix est généralement la Palme des cinéphiles, par opposition à la Palme d’or, généralement promise à un film plus facile. Récompenser une nouvelle fois, quelques années après l’Humanité, Dumont pour son magnifique Flandres, n’est que justice. C’est aussi faire la démonstration que le cinéma français, ce n’est pas que Danièle Thomson et Nicole Garcia.
Le prix de la mise en scène pour Babel est logique dans la mesure où le réalisateur a réussi avec virtuosité à nous offrir trois films pour le prix d’un.
Quant au prix du jury pour Red road, première œuvre de la réalisatrice Andrea Arnold, il complète à juste titre le triomphe mérité du cinéma britannique.
Si le lot de consolation du prix du scénario pour Almodovar est à la limite de l’indélicat (pourquoi pas le prix des industries techniques…), récompenser collectivement les six actrices de Volver est une idée géniale pour ce film qui parle si bien des mystères de l’Eternel féminin.
Autre superbe idée : honorer la générosité d’Indigènes en primant ses interprètes. Au delà du travail des acteurs, il est évident qu’on a voulu rendre hommage à des artistes citoyens qui n’ont pas hésité à s’engager, y compris financièrement, pour faire aboutir ce projet. C’est qu’effectivement les Africains revenaient de loin…
En résumé, une Palme d’honneur à Wong Kar Wai.
N’oublions pas toutefois, le film de clôture :
Transylvania, de Tony Gatlif (France)
L’errance zigzagante et « tziganante » d’une jeune marginale italienne dans la Roumanie profonde. Quelques jolies scènes, mais, à l’arrivée, un film assez artificiel. Même avec la musique tzigane, Tony Gatlif n’est pas Emir Kusturica, mais cela, on le savait déjà…
De toute façon, depuis le cultissime Thelma et Louise, rares sont les films de clôture qui ont passé la rampe.