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22 novembre 2024

Brigade Sud Nice : l’univers net plus Ultra

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jpg_nice-metz_025pub.jpg« Il faut bien être clair. Dans un stade, il y a trois catégories : les supporters, les ultras et les hooligans. Un spectateur est soit l’un, soit l’autre mais jamais deux en même temps. Nous, à la BSN, nous sommes des Ultras ». Le CQFD est signé Gilles, un des leaders de la Brigade Sud Nice et volontiers porte parole du groupe.

L’OGC Nice et le Stade du Ray ne seraient rien sans eux. Ils sont près de 2000 adhérents auxquels il faut ajouter un millier de sympathisants. Ils occupent tout le virage sud de l’enceinte niçoise. Ils chantent, encouragent et se déplacent aux quatre coins de la France pour soutenir leurs aiglons. Gilles affine sa définition d’Ultras : « Un ultra se lève ultra, se couche ultra. Toute la journée, sept jours sur sept et presque 24 heures sur 24, il réfléchit au match du samedi. Après sa journée de travail, il retrouve les autres ultras et pour mettre en place les tifos, les chants, les chorégraphies et l’organisation du match suivant. » Mercredi, sept membres du bureau de la BSN se réunissaient. Au programme : les derniers préparatifs du tournoi de foot amical organisé le samedi. La réunion se poursuit très tard dans la soirée. Quelques pressions, des verres de rosé, des bruschettas… L’ambiance est conviviale et la passion du football vive. Il suffit d’une question pour que le ton s’élève, pour que chacun ait envie de donner son opinion. En pleine intersaison, les questions portent sur Bakari Koné. L’attaquant ivoirien s’éloigne de l’OGC Nice et se rapproche de l’Olympique de Marseille. « On applaudira Hugo Lloris et Ederson mais on sifflera Koné » fuse lors de la discussion. Gilles lui regrette que Koné ait entamé un bras de fer avec les dirigeants mais comprend l’appât de l’argent. Le débat sur le Grand Stade est moins animé. Alors que la BSN avait milité pour rester au Ray et pour un stade avec une capacité de moins de 30 000 places, désormais les membres du bureau sont fatalistes. Le Stade sera construit dans la Plaine du Var. Ils feront avec. Ils sont solidaires des dirigeants de l’OGC Nice. Une solidarité réciproque notamment sur les problèmes de sécurité : « C’est normal. Ce sont des personnes compétentes. Ils nous soutiennent puisque notre démarche est légitime.»

jpg_P1019606_Large_pub.jpg Leur combat n’est pas là. Ni le mercato (« on fait confiance à Antonetti et on sera toujours derrière nos joueurs s’ils sont combatifs sur le terrain ») ni le Grand Stade. Leur combat a une date clé : le 17 mai 2008. La BSN avait organisé à Nice une manifestation des Ultras de France rassemblant 2000 personnes. Rappel des revendications : «Nous manifestons pour un ensemble de raisons essentielles et légitimes : pour la liberté d’expression dans les stades;
pour une égalité des droits par rapport à la vie civile (contre les disparités des jugements).
contre les condamnations pour fumigènes (tribunaux);
contre les dissolutions d’ association (ministères);
contre les IDS préventives (préfecture);
contre le football moderne et ses dérives (ligue);
contre les abus de droit et de pouvoir (forces de l’ordre);
contre le football business (ligue, médias, agents douteux, etc…);
contre les mauvais traitements subis en déplacement ( accueil , parcage, privations,…).»

Après cette manif, les représentants ultras ont été reçus par Bernard Laporte, secrétaire d’Etat chargé des Sports. Il a pris acte des revendications. Frédéric Thiriez, président de la Ligue Nationale de Football est venu rencontrer la BSN une petite quinzaine de minutes. Ils attendent désormais un rendez vous avec Michèle Alliot Marie, Ministre de l’Intérieur. Les doléances portent essentiellement sur la dureté des interventions policières : « On nous tape dessus à outrance. Lors des déplacements on est mal traités par les CRS. Je vous passe les détails des fouilles que l’on subit. Les gendarmes sont beaucoup plus courtois. » Les médias sont visés aussi. Les ultras se sentent stigmatisés, utilisés pour vendre du papier. Gilles apporte son point de vue : «La banderole parisienne lors de la finale de la Coupe de la Ligue était un prétexte. Il y avait Nicolas Sarkozy dans le stade. Les médias en ont beaucoup parlé. Ils ont essayé ensuite de rééquilibrer. Ce que je constate c’est que quelques mois avant, les mêmes propos d’un journaliste du Figaro n’avaient soulevé aucune protestation ». En ce qui concerne la mauvaise image de la BSN, Gilles a une réponse en chiffre : « L’an dernier, on a eu 17 procès. Ils se sont soldés par 17 non lieu avec souvent des excuses du président du tribunal qui ne comprenait pas ce qu’on nous reprochait! ».

jpg_bsn1.jpgLes ultras sont très méfiants. Ils n’aiment pas être filmés. Ils sont très prudents sur les sujets abordés pour ne commettre aucune imprécision qui pourrait être mal interprétée. « On pensait avoir un bon article sur le quotidien local mais au final l’article s’est retourné contre nous » regrette Gilles. Les Ultras se sentent incompris. Il n’est pas évident de comprendre pour un quidam, pour ceux qui ne sont pas régulièrement dans les stades, ceux qui ne font pas les déplacements, la différence entre un ultra, un supporter et un hooligan. On oublie que les responsables des groupes ultras gèrent 2000 passionnés de football, créent un lien social, montent des opérations caritatives… Bref, à ne jamais oublier la face immergée de l’iceberg ultra.

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