Hugo Lloris, gardien de l’OGC Nice, s’en est allé. Sur la pointe des pieds comme à son habitude. Avec sa réserve naturelle, il déclare devant les nombreux journalistes, caméras et appareils photos affutés et dégainés : « J’ai décidé de signer pour l’Olympique Lyonnais ». Sussurés, ses mots sont pourtant retentissants, pour lui, pour le club azuréen et aussi pour le football français. Hugo Lloris, à peine 21 ans et deux saisons de Ligue 1 derrière lui, remplacera un monument de l’Olympique Lyonnais, Grégory Coupet, septuple champion de France, presque 600 matches dans le Rhône et gardien de l’Equipe de France. « Ce n’est pas n’importe qui. Il a marqué l’histoire du club. C’est un poids mais ça ne me dérange pas. C’est une fierté, j’essaierais de lui faire honneur. »
Hugo Lloris avait le choix. Trois clubs se sont manifestés. Il s’agit de Tottenham, du Milan AC et de l’Olympique Lyonnais. « J’ai ressenti beaucoup d’envies du côté de Lyon. C’est un club exemplaire pour m’épanouir et progresser. C’est exceptionnel pour un joueur de disputer la Ligue des Champions et Lyon fait partie des têtes d’affiche de cette compétition. » Le néo Lyonnais n’explique pas son refus de rejoindre le Milan AC, lui aussi, un club exemplaire et tête d’affiche en Ligue des Champions même si les lombards ne la joueront pas l’année prochaine. A-t-il demandé conseil à son entraîneur Frédéric Antonetti? « Non… C’est un choix personnel. J’ai pris en compte les avis de mes amis et de ma famille, » répond le jeune aiglon au nouveau nid. A-t-il été convaincu par le discours de son nouvel entraîneur Alain Perrin? « Non… J’ai seulement discuté avec Joël Bats (ndlr : entraîneur des gardiens de l’Olympique Lyonnais) ». Il retrouvera à Lyon, son ancien coéquipier Ederson. Ça a du être un des facteurs déterminants.
Rien n’est pourtant officiel. Les dirigeants de l’OGC Nice et de l’Olympique Lyonnais se rencontreront la semaine prochaine pour régler les détails et notamment le montant de la transaction. Maurice Cohen, Président de l’OGC Nice, précise : « Les chiffres que j’ai entendus (ndlr : 10 millions d’euros) n’ont aucun sens. » Il glisse malicieusement : « C’est peut-être moins… peut-être plus ». Un autre élément entrera en jeu lors des négociations : Maurice Cohen est très intéressé par Loïc Rémy, jeune ailier Lyonnais, appelé en Equipe de France au printemps dans la liste élargie de Raymond Domenech après ses bonnes performances avec le RC Lens où il était prêté. Avec la même malice, Maurice Cohen déclare : « On va demander à son club s’il veut le garder ou pas. »
La conférence de presse s’achève. Les caméras se jettent une ultime fois à Nice sur Hugo Lloris. Toujours avec sa voix intimidée, il répond sobrement. Et puis, il s’en est allé. Il reviendra avec d’autres couleurs. Il rendra visite à sa famille et à ses amis. Il se souviendra de ses débuts, ses premiers pas de footballeur sur les terrains niçois. Du côté des supporters, on se souviendra d’un garçon honnête, avec une bonne bouille, ne refusant jamais un autographe ou un sourire pour une photo. Sportivement, on se souviendra de ses exploits en Coupe de la Ligue, en 2005 et 2006 qui contribuèrent à amener l’OGC Nice au Stade de France. On n’oubliera pas ses arrêts décisifs la saison dernière qui permirent au Gym de se maintenir dans l’élite ni ses performances cette saison n’étant pas étrangères au bon classement du club rouge et noir (huitième).
Hugo Lloris, c’est l’histoire d’un bon gars sauvage dans la vie, se transformant en félin sur le terrain… et qui a envie de rugir à Lyon.
Cette vidéo est issue du site Web TV Nice