Président, huit matchs sans défaite dont le dernier contre Saint-Etienne dans des conditions difficiles. Un match que l’OGC Nice aurait peut-être perdu il n’y a pas si longtemps. Le Gym serait-il devenu imbattable ?
Non, on n’est pas devenu imbattables. On a un peu de réussite. Je crois beaucoup aux lois de série et en ce moment on a une série positive donc on en profite. C’est bien mais il faut garder les pieds sur terre. Dans le monde du football, ça va très vite. Il faut se souvenir l’année dernière de Strasbourg qui était en bonne position aux matchs aller et qui a perdu dix matchs d’affilée, et qui s’est retrouvé en deuxième division. Donc il faut rester calme, sereins, on l’est. Et profiter des bons moments comme on profite aujourd’hui de la deuxième place de Nice.
Samedi, c’est Grenoble, au Ray. Un match piège ?
Oui, c’est un match piège parce que Grenoble va venir à Nice pour essayer de ne pas perdre, pour faire un résultat nul donc je pense qu’ils vont jouer très défensivement. Il va falloir être patients et appliqués pour essayer de marquer un but qui nous permettrait d’engendrer trois points et de se retrouver en bonne position avant d’aller à Marseille.
Justement, il y a Marseille, puis Lille et Toulouse, trois gros clubs. Combien de points pensez-vous prendre ?
Il faut y aller match après match. Déjà il faut se concentrer sur Grenoble. Puis après Marseille. Si on gagne Grenoble, on ira à Marseille beaucoup plus détendus et en confiance. On ne va pas commencer à se faire des perspectives de folie. Aujourd’hui, on attend Grenoble avec impatience, on espère faire un résultat positif. Après on verra.
L’OGC Nice est sur un train d’européen. Pourtant tout le monde au club parle de maintien. Pourquoi rester si mesuré ?
On reste mesuré car on est comme des plongeurs sous-marins. Vous savez, les plongeurs travaillent par palier. Nous, on a le quatorzième budget de France, on n’a pas les moyens qu’ont Paris, Bordeaux, Lyon, Marseille, Rennes et d’autres. On a des petits moyens, c’est pour ça qu’on reste mesuré. Il faut atteindre l’objectif. Le premier palier du plongeur, c’est le maintien. Puis après, on essaiera d’aller le plus haut possible comme on l’a fait l’an dernier. A partir du moment où le maintien sera assuré. Mais il faut aller palier par palier, c’est comme ça que font les plongeurs, c’est pour ça qu’ils ne meurent pas.
Dix-huit points d’avance sur le premier relégable, c’est quand même une belle marge.
Oui, c’est une belle avance. On est sereins, on ne va pas se mentir non plus. On est plus sereins que si on avait trois points d’avance sur le premier relégable. Mais il faut rester calmes et mesurés comme on l’a toujours été jusqu’à présent. Mais ce n’est pas pour autant qu’on n’a pas d’ambitions.
On parle beaucoup d’une éventuelle qualification européenne. Certains des supporters ont l’impression que vous anéantissez un peu leurs rêves en disant, si tôt, que la Coupe d’Europe c’est trop haut pour Nice.
(il coupe) Non, si on joue la Coupe d’Europe on va la jouer à fond. On n’a pas de soucis là-dessus. Aujourd’hui, notre objectif est d’aller le plus haut possible. On est des Niçois, on ne va pas s’écraser non ? Y’en a qui nous voient en Champion’s league, d’autres qui nous voient en UEFA. Il faut rester calme, on verra au mois d’avril où on est.
» Cinq ans pour le nouveau stade, c’est trop long «
Est-ce que vous pensez que l’an dernier quand vous avez fait le discours sur la Coupe d’Europe en disant que c’est trop haut pour nous, ça a eu une influence sur les joueurs ?
Non, la Coupe d’Europe c’est toujours trop haut pour nous. Pour plusieurs raisons. La première est qu’on n’a pas le stade et que le stade n’est pas homologué pour jouer la Coupe d’Europe, et qu’il va falloir jouer à Monaco ou à Marseille. La deuxième, c’est que pour jouer la coupe à fond, il nous faut quatre joueurs de plus, majeurs. C’est-à-dire six millions d’Euros supplémentaires à dépenser. Maintenant, à nous d’être malins. On est plus en position au niveau financier pour avoir ces quatre joueurs que ce que l’on avait il y a deux ans. Donc je le répète, si on devait jouer la Coupe d’Europe, on la jouera à fond, et on se donnera les moyens de la faire.
L’OGC Nice est en Ligue 1 pour la septième année. Il y a eu deux plans triennaux, quel est le troisième ?
Maintenant, on va travailler en fonction du nouveau stade, donc on doit tenir quatre-cinq ans. Il faut qu’on arrive à tenir, à se développer, tout en ayant un budget étroit car on n’a pas les recettes supplémentaires que pourrait nous amener un stade, notamment au niveau des places VIP, des loges et d’une moyenne plus élevée de spectateurs. Donc il va falloir jouer encore quatre-cinq ans. Tant qu’on n’aura pas le stade, on sera toujours un peu modéré, car on ne peut pas lutter sans les moyens nécessaires, avec des clubs comme Rennes ou Lille, sans parler de Lyon, Marseille ou Paris. Je parle des clubs comme ça qui ont des infrastructures plus importantes que les nôtres. Bien que Lille pourrait être comparé à Nice.
Cinq ans pour un nouveau stade, ce n’est pas un peu tard ?
C’est trop long, c’est toujours trop long. La seule chose qui est positive, c’est qu’aujourd’hui, il y a un vrai calendrier qui est mis en place. J’ai eu les avocats qui sont en charge du dossier, les choses sont en train de prendre forme. C’est sûr que c’est trop long, mais il vaut mieux que ce soit un peu long et qu’on soit sûr d’y arriver, plutôt que ce soit long et qu’on n’y arrive pas du tout. Ca faisait sept ans qu’on attendait le stade avec les précédentes mairies, on ne l’a pas eu. Donc j’espère que le calendrier fixé et figé soit respecté pour qu’enfin on ait le stade. J’espère quand même qu’on arrivera à gagner une année, s’il n’y a pas de recours car dans le timing fait, les avocats ont prévus d’éventuels recours. Je souhaite donc que le Niçois soit sage et qu’il n’y aura pas de recours des écologistes, de ceci ou de cela. Et sans recours, on arrivera à gagner une année peut-être.
Cinq ans au Ray encore. Est-ce qu’on peut imaginer des aménagements pour les supporters ?
Oui, la ville en train de les étudier. On a déjà deux ou trois rendez-vous avec eux pour essayer d’améliorer un peu le site, ce qui est difficile, mais on peut faire des petites choses. Et puis on peut éventuellement, si on joue la Coupe d’Europe, essayer d’améliorer pour avoir la licence UEFA, avoir une dérogation éventuelle avec des aménagements spécifiques. On verra une évolution en fonction de notre classement, on verra si on peut demander une dérogation.
On parle du stade, il y a aussi le centre d’entrainement. Plusieurs sites ont été évoqués. Lequel a votre faveur ?
Je ne sais pas pour l’instant, on est en train d’étudier les possibilités. Le problème, c’est qu’avoir un centre d’entrainement, ce sont des investissements supplémentaires, donc des coûts supplémentaires de gestion. Ca veut dire un budget joueur inférieur. Il faut qu’on fasse un choix à un moment donné. Ou on arrive à mettre le paquet pour avoir une équipe compétitive ou si on investit dans du dur, on risque parce que notre budget n’est pas extensible. Aujourd’hui on connait notre recette maximum, on n’est pas capables d’investir trois ou quatre millions de plus sur un centre d’entrainement. Donc il faudrait qu’on arrive à avoir un terrain qui appartienne à la ville et qu’on puisse nous financer les constructions adéquates. Pour l’instant on travaille dessus. On a rendez-vous demain (aujourd’hui NDLR) avec des responsables de la ville pour voir des terrains de la Plaine du Var qui pourraient être disponibles. Moi, ma priorité, c’est de faire un camp d’entrainement à Nice. Parce qu’on a des projets sur Roquefort Les Pins ou Villeneuve-Loubet mais nous notre ambition est de rester à Nice.
» Je ne suis pas contre faire payer les plus riches «
L’absence d’un centre d’entrainement et d’un grand stade est si préjudiciable pour un club comme Nice ?
Ecoutez, je crois qu’on est le dernier club en France à évoluer dans ces conditions. Même les plus petites villes ont leur camp d’entrainement, ou leur stade en construction, que ce soit Le Mans, Valenciennes, Reims, Amiens ou Sedan. Il ne manque plus que Nice, donc j’espère qu’on va y arriver rapidement.
L’OGC Nice est deuxième du championnat mais aussi en quarts de finale de la Coupe de la Ligue. Le match se jouera en janvier en milieu de semaine contre Le Havre. Est-ce qu’on peut imaginer une opération une place achetée, une place offerte ?
Non, non. Il faut que le public comprenne. On ne peut pas avoir une équipe compétitive et demander à rentrer gratuitement au stade. C’est un tout. Il y a eu des prix contre Créteil qui étaient très bas, trois Euros la place en populaire. Pour Le Havre, on va faire encore des prix assez bas pour essayer de faire venir un maximum de monde mais il faut que les gens payent. On ne peut pas tout demander. Alors on se mord la queue. On va faire comme on a toujours fait. On a toujours eu des prix compétitifs, ce qu’on va encore faire contre le Havre. On aura une grille de tarifs notamment en populaire, très basse.
Et pour les abonnés, qui ont eu l’habitude ces dernières années d’avoir un match offert et qui ne l’ont pas eu cette saison ?
Ils ne l’auront plus. Il faut arrêter de demander de la gratuité. Il faut arrêter. Dans tous les stades de France, les prix sont beaucoup plus chers qu’à Nice. Nous on n’a pas un stade qui nous permette d’avoir une tarification, ce n’est pas notre objectif non plus, notamment en ce qui concerne les populaires basses nord ou la populaire sud. On veut continuer à avoir notre public, à avoir notre prix bas pour que ce soit abordable et que les gens puissent venir en famille gentiment. Mais il faut arrêter de penser qu’on peut tout offrir. Donc les abonnés, ils payent un prix tout à fait correct et quand il y a un match de coupe, ils peuvent payer trois ou cinq Euros de plus, ça ne leur fait pas mal au ventre.
Il y a eu une enquête révélée en début de semaine dans L’Equipe qui propose que le prix des places soit plus élevé. Qu’en pensez-vous ?
Je suis contre. Le football est un sport populaire. Alors qu’on fasse payer très cher les entreprises ou les places VIP ou les places de loge, oui. Mais qu’on fasse payer cher les places de tribune, non. Moi, je suis opposé à ça, et ce n’est pas ce qui joue dans notre budget de façon importante. Je suis pour qu’il y ait une politique de prix ouverte au plus grand nombre de Niçois qui peuvent venir au stade. Je pense qu’on a une tarification qui est tout à fait correcte. Par contre, je ne suis pas contre faire payer les plus riches.
La Coupe de la Ligue, ça reste un bon ou un mauvais souvenir pour vous ?
C’est un souvenir double. C’a été un souvenir extraordinaire d’aller à Paris, de voir 28 000 Niçois à Paris. Sur les Champs-Elysées, je me suis baladé dans l’après-midi, c’était extraordinaire de voir tous ces gens en rouge et noir qui étaient heureux d’être là, qui avaient du plaisir. Et puis, c’est une grosse frustration de ne pas l’avoir gagné car c’est un match qui était à notre portée. Donc ç’a gâché un peu la fête mais c’est une fabuleuse histoire que d’avoir été à Paris et que pour ça, j’aimerais qu’on retourne à Paris pour faire plaisir à nos Niçois et démontrer la capacité des Niçois à se déplacer et à soutenir leur équipe.
D’autant que le tableau semble ouvert avec Le Havre en quart et un club de Ligue 2 (Vannes ou Metz) en demie.
On ne sait jamais ce qui peut arriver. Regardez, Metz a éliminé Lyon en Coupe de la Ligue. Ils ont joué contre Créteil qui est en National en Coupe de France, et ils se font sortir. C’est ouvert. Le tableau est intéressant pour nous mais ce qui est le plus intéressant pour nous, c’est de jouer à domicile. Je pense que chez nous, déjà, c’est un avantage que l’on a, mais un match de coupe est un match de coupe où les joueurs se transcendent pour aller au bout. C’est vrai que la Coupe de la Ligue, maintenant en deux matchs on est à Paris en finale, donc je peux vous dire que Le Havre va venir avec les dents dehors mais nous aussi nous les aurons.