Nice Premium : Patrick Allemand, vous avez demandé comme le PC un moratoire sur les
machines à voter. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ?
Patrick Allemand : Il s’avère que j’ai été alerté sur cette question dès février et j’ai demandé par courrier officiel, au nom de la fédération, ce moratoire dès le 21 février dernier. Le Préfet m’a répondu le 15 mars qu’une telle décision ne relevait pas de son ressort, mais du ministère de l’Intérieur. J’ai donc alerté la direction de campagne et Solférino et le Bureau National du PS a pris une position officielle demandant ce moratoire.
NP : Ce sont près de 89 000 electeurs qui seront appelés à voter électroniquement. Craignez-vous des dysfonctionnements ou d’autres
incidents ?
PA : Oui. Hervé RIVANO qui est un chercheur et plusieurs autres sont formels. Il peut y avoir des dysfonctionnements. Posez-lui la question parce que je ne suis pas un spécialiste, il y répondrait avec précision. Mais il peut y avoir aussi des fraudes, c’est prouvé. D’ailleurs, l’Irlande qui avait acheté 7500 nedap (un des 3 modèles) a renoncé à s’en servir.
NP : Des expertises informatiques ont montré la limite de la fiabilité de ce type de votes. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces expertises ?
PA : Il faut vraiment demander à un chercheur. Il vous dirait des choses édifiantes.
NP : De nombreux présidentiables contestent ce type de scrutin alors pourquoi l’utiliser ?
PA : Je pense que le peuple français n’est pas mûr pour ce genre de vote de toute façon moins transparent que le plexiglas de nos urnes. Dans ces conditions, la décision d’un moratoire est la plus sage. Il ne faut pas ublier que plus d’1 million d’électeurs seraient concernés.
En 2002, Jospin n’a pas été au second tour pour 240.000 voix. Vous vous rendez compte. Il ne faut pas que la Côte d’Azur ou les Hauts de seine puissent devenir la Floride de Sarkozy, ou de tout autre candidat.
La France est le pays de l’excellence démocratique, je n’ai pas envie que notre pays fasse la une des journaux télévisés du monde entier parce qu’on compte et recompte des votes pendant plusieurs jours.
NP : Est-ce que ce mode de vote sera aussi utilisé pour les Législatives et les Municipales à venir ?
PA : Si nous obtenons le moratoire, ce ne sera pas utilisé pour les législatives également. Les municipales, c’est une autre affaire, une autre séquence. La proposition du PS est de renvoyer cette question à un débat parlementaire à trancher par la nouvelle majorité. Cela paraît honnête.
NP : Enfin, quel est votre sentiment personnel sur le vote électronique ?
PA : Déjà, je n’aime pas ce qui dépersonnalise les actes de la vie quotidienne. Je n’aime pas réserver mon billet de train par informatique par exemple. Alors pensez le vote. Le vote c’est un acte un peu solennel quand même. Il y a tout un cérémonial. Il y a des gens qui sont morts pour le droit de vote. Le réduire à un taper sur telle case ou telle case, je trouve cela navrant.