A 67 ans, le Député-Maire de Cannes publie « Vous pouvez réussir l’impossible», un cours de coaching à destination des jeunes.
D’où vient cette énergie presque surhumaine, cette joie de vivre, cette ambition grandiose ? Dès le premier mot, le ton est donné. C’est Bernard Brochand qui commande ici. Le député-maire de Cannes n’est pas un homme à se laisser marcher sur les pieds. Il parle à une vitesse vertigineuse, ne s’arrête jamais, pense toujours. Petit, trapu, discret, il remplit l’immense bureau de l’Hôtel de Ville. Sa force de caractère est criante. « Mon obsession ça a toujours été d’avoir une forme de densité. Comme disait mon maître Bill Bernbach (ndlr. Le fondateur de l’agence DDB, l’un des maîtres de la publicité) where is the meat, où est la chair ? ». Bernard Brochand ne paraît pas, il est.
Authentique comme on en voit peu, il parle sans s'arrêter. Son discours est fondé, concis, précis. Tout bêtement intelligent. Dans le bureau, une tempête de cerveau. Sur les murs, portraits de sa plus belle conquête - Cannes. « Je suis revenu ici pour rendre à ma ville ce qu'elle m'avait donné ». Depuis 5 ans, Cannes est domptée.
Cannes, mon amour
Emue par tant d'amour, l'indomptable a accepté finalement de faire la peau neuve. Croisé dans un couloir, Toussaint l'appariteur parle de son Maire: « Il a tout changé, tout. Il a crée un dialogue avec les chefs, a ouvert son bureau à tout le monde. Il veut des idées neuves, de la créativité. Son passé de publicitaire certainement. Cela fait 14 ans que je suis ici. Croyez-moi, il n'est pas loin de 100% pour un maire ».
En effet, Monsieur le Maire a entrepris des grands chantiers pour faire de sa ville natale la destination touristique privilégiée en dehors du Festival du film. Le problème de l'insécurité, l'un des points sensibles, a été résolu grâce à la réorganisation des forces de l'ordre. Secondé par son team, l'ex-publicitaire tient à redonner à Cannes l'image de la transparence. Le nouveau « plan Lumière » ravit les Cannois. Nathalie, la secrétaire, commente : « Vous avez vu comme la ville bouge ? Les lumières c'est une merveille ! ». A ses côtés, Toussaint rajoute : « Il y a tellement de choses qui se passent à Cannes ! Si je devais qualifier sa politique, je dirais - créativité, action, réflexion. Ca ne s'arrête jamais. Monsieur le Maire doit faire 15 heures par jour. Il est là de 6 heures à 20 heures ».
« On va encore me traiter d’emmerdeur »
Rien donc n’arrête Bernard Brochand. Quitte à se faire des ennemis. « J’ai des projets pour la ville qui vont à l’encontre du Ministère de la culture. On va encore me traiter d’emmerdeur. Mais la valeur des idées est capitale! » Quatre heures de sommeil suffisent à Monsieur le Maire pour récupérer de ses longues journées. Il en a pris l’habitude depuis la présidence du DDB. « Autrefois, je passais 150 heures par semaine dans l’avion. De Paris j’allais à Séoul, puis à Shanghai, puis à New York puis en Afrique du Sud. Aujourd’hui mon planning est effrayant. Des réunions, des réunions, rien que des réunions… »
De retour à la maison, Bernard Brochand ne se repose pas. « Tous les soirs je regarde un film en version originale pour ne pas perdre mon anglais et mon italien, puis je bouquine dans le lit. Quatre heures de sommeil me suffisent ». Comme s'il avait peur d'être dépassé, de manquer quelque chose. Pourtant, l'homme a tout vu, tout entendu. Footeux, énarque, publicitaire, président du PSG, co-créateur de Canal+, aujourd'hui Maire...Sa proactivité est exemplaire. « Bernard Brochand ne doit rien à personne, c'est un homme libre. Il est optimiste et enthousiaste. Il souffre énormément de voir que les jeunes n'aient plus ce rêve de vivre », soupire Michel Blachère, le jeune attaché de presse. « J'ai peur que la machinerie s'arrête »
A quoi carbure Bernard Brochand ? A l’ironie. « La dérision est mon seul refuge. J’ai la chance d’avoir une femme, des enfants et des amis qui me suivent là-dessus. J’aime dire avec Woody Allen, qu’est-ce que je suis heureux d’être heureux ».
Du rire, rien que du rire. Qui cache une grande solitude et une inquiétude profonde. Dans ses multiples vies, l’homme se sent seul : « Je sais pas faire le vide. C’est un mécanisme obsessionnel, j’ai toujours peur que la machinerie s’arrête ». Seul mais pas solitaire. Monsieur le Maire ouvre le Figaro du jour : « J’ai lu un truc intéressant aujourd’hui. C’est une phrase de Godard que j’aime beaucoup qui dit : « La solitude n’est pas l’isolement. On est toujours deux en un. Il y a les autres en soi ».
A l’approche de ses 68 ans, l’homme-caméléon a d’autres projets : « Si l’on est pas satisfait, on peut tout changer, changer de vie, changer de place, changer de travail ». A suivre…