Après un sommet retardé, une nuit de tractations et de multiples discussions où les intérêts nationaux ont primé sur toute autre considération, les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement ont trouvé un accord sur le budget de l’Union européenne pour la période 2014-2020.
L’accord budgétaire des 27 à Bruxelles a sans doute évité de très graves frictions politiques. Mais dans une période de crise qui demande des moyens de relance de l’économie, ce projet de budget nous ramène avant 2007. Le manque de souffle concerne les investissements pour les métiers et la croissance dont l’Europe a besoin pour les prochaines années.
Pour Jean-Marie Cavada, Député européen, Président du Mouvement Européen-France, : « Tout cela souligne cruellement l’absence d’un budget fédéral alimenté par des ressources propres une fois pour toutes. »
Ce projet de budget révèle les habillages technocratiques pour masquer les désaccords, et surtout, met en avant le sursaut européen dont le Continent a besoin pour se redéployer dans la mondialisation.
Grâce à une formule byzantine, l’accord permet aux Vingt-Sept de sauver la face. Mais les coupes adoptées pourraient se révéler difficiles à mettre en oeuvre.
Ce Conseil européen s’est résumé à “du marchandage, une chasse aux bonnes affaires”. Si la pression pour trouver un consensus était importante, les dirigeants appréhendaient aussi les explications qu’ils devront à leur opinion publique. En 2013 il y aura les élections en Italie, au Royaume-Uni [un scrutin local] et en Allemagne. Les dirigeants n’ont pas envie de devoir reconnaître chez eux qu’ils ont trop cédé lors de ce maquignonnage.
La crédibilité de l’Union est en jeu parce que ce budget à long terme est une condition pour pouvoir investir dans des projets d’infrastructures et de recherche. .
Dans ce contexte, pour mettre fin à leur querelle budgétaire, les Européens ont décidé de faire une subtile distinction entre les dépenses promises et celles réellement décaissées”, entre les crédits d’engagement réduits à 960 milliards d’euros et les crédits de paiements portés à 908,4 milliards. Cet écart prend cette fois des proportions exceptionnelles. Et pour la première fois dans l’histoire de la construction européenne, les uns comme les autres sont en recul par rapport à la période 2007-2013.
Le compromis présenté par le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, peut être qualifié de « jeu de comptabilité imaginative ».
Les deux mois passés depuis le dernier Conseil européen sur le budget n’ont pas servi à apaiser les positions. Au contraire. Chacun s’est entêté. Disparue toute velléité pro-europeéenne, chaque pays s’est acharné à défendre ses intérêts.
Le Parlement européen n’aime pas ce budget. A ce stade, il pourrait être rejeté, entre ceux qui trouvent l’Europe trop dépensière, ceux qui trouvent l’Europe sous-financée, et ceux qui sont contre l’Europe en général.