On sait que le maire de Nice est un homme d’intuition et d’action, voire de réaction. Et on comprend donc aisément qu’il veuille profiter de la crise économique et morale actuelle pour mettre à son profit quelques idées facilement « vendables’ à un public en désarroi qui cherche des solutions à ce qui se passe autour et au dessus de lui et qu’il a l’impression de ne pas pouvoir ou savoir maitriser.
Donc, mettre son chapeau sur une chaise vide est toujours un bon choix mais cela ne reste que de la tactique, alors que c’est seulement avec une bonne stratégie que l’on pourrait (re)faire surface afin de retrouver une meilleure situation générale.
On tend à oublier l’origine de cette crise : L’implosion d’un système financier dérégulé, truffé d’ingénierie bâtie sur du vent et sans le moindre rapport avec l’économie productive. Ce qui entraîna, de fait, l’économie réelle dans une récession « mondiale ».
La France n’a pas d’autre voie que « plus » d’Europe, plus de souveraineté partagée pour avancer dans la gouvernance économique et dans sa projection vers l’extérieur. Et ce à travers la mise en commun de certains domaines de souveraineté.
Pour cela l’objectif doit être clair : Avoir une économie hautement compétitive qui récompenserait la productivité horaire, l’excellence dans le produit final, l’innovation et l’esprit d’entreprendre.
Et surtout préserver la cohésion sociale, la solidarité et la liberté qui font notre identité, à nous tous européens. Wir sind zu unserem Glück vereint (notre chance c’est d’être unis), disait le philosophe allemand Jürgen Habermas.
Et si à court-terme on peut prôner l’austérité budgétaire nécessaire, il est indispensable d’envisager des réformes à long-termes capables de promouvoir la création de richesse.
Ce » Fabriqué en France » (qui est en fait un « Achetez Français » camouflé pour cause de réglementation européenne, le marché unique étant tout de même en vigueur depuis 1992!), ce chacun pour soi, ne va pas nécessairement dans la bonne direction : Le nationalisme (parce qu’en continuant dans cette voie on aura les Buy British ou le Compra Italiano) est un mélange explosif qui accélère les pulsions et introduit plus de confusion que d’utilité dans le débat des idées qui nécessitent une véritable vision et non pas des mesures de rabotages de surface.
Alors, confondre l’instrument avec sa finalité ainsi que l’idéologie avec l’habillage vierge d’idées ne sert pas à grand chose, même s’il peut donner l’illusion d’avoir trouvé une réponse qu’il faut vraisemblablement chercher ailleurs.
Ce « Fabriqué en France » a ainsi la saveur d’un patriotisme de longue date, hors du temps. Mais ce n’est plus le temps de la nostalgie mais plutôt celui de l’audace : Il faut savoir regarder devant, vers l’avenir !
Christian Estrosi devrait se faire le héros de cette démarche, certes difficile mais ambitieuse plutôt que d’initiatives qui ont peut-être la popularité dans l’immédiat mais le souffle bien court.
