Une expérience humaine d’une richesse incontestable. Rares étaient ceux qui ne partageaient pas ce point de vue dans le salon rouge du Centre Universitaire Méditerranéen. Ce vendredi 13 mars avait en effet lieu la cérémonie de clôture de la 176ème Session en région de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale. Après quatre semaines de débats et de conférences, les soixante-dix « auditeurs » sélectionnés par les services du Premier Ministre présentaient les conclusions de leurs travaux de comité. « Réalisme des propositions, souci d’efficacité et rejet des approches idéologiques ». C’est en ces termes que le Général de Corps Aérien Laurent Labaye, Directeur de l’Institut, a exposé une première synthèse des rapports rendus quelques jours auparavant. Sage prudence des rédacteurs sur des sujets éminemment sensibles, conséquences de la crise financière mondiale qui induit une nécessaire modestie dans la prétention occidentale à régler tous les grands problèmes internationaux ou résultats d’un travail collégial nécessitant une harmonisation d’opinions forcément divergentes, toujours est-il que la plupart des « préconisations » laissent apparaître une volonté d’apporter des solutions pratiques tout en privilégiant une approche globale, parfois européenne. Mais typiquement anglo-saxonne dans son pragmatisme.
Personne, en revanche, ne conteste la fantastique dimension humaine de cette coopération imposée entre divers secteurs de la Nation sur des questions de défense et de sécurité internationale. Aux premiers contacts « rugueux » se sont rapidement substituées des amitiés puissantes, forgées dans des échanges nourris et des réflexions communes. Fascinant paradoxe de cette philosophie de l’IHEDN où « l’autre » se révèle simultanément à l’origine des menaces étudiées et un passage obligé pour accéder à l’identité. Risques terroristes, crise énergétique, piraterie maritime, défis euro-méditerranéens, compatibilité entre devoir d’information et protection du secret, choc des civilisations constituent autant de thèmes où « l’autre » signifie variable d’incertitude, sinon source de dangers potentiels. Mais l’organisation même des travaux, le déroulement de la session, sans parler du voyage d’étude en Italie à même de favoriser la cohésion du groupe, reposent fondamentalement sur la découverte et l’acceptation d’un « alter ego ». Preuve du succès de l’entreprise, la prochaine création d’une association de la promotion 176 baptisée « Léonard de Vinci » et destinée à prolonger et entretenir librement cet « esprit IHEDN ». Initiative officiellement « encouragée et soutenue » par le Général Labaye dans son discours de clôture.
A mentionner également les efforts du Général Alexandre Lalanne-Berdouticq, Chef du département des sessions en région et ceux de son fidèle subordonné en charge de la logistique, le redoutable Capitaine Pascal Tran-Huu. Mais un fumeur de Monte Cristo n° 4 ne peut être foncièrement mauvais ! Tous deux furent à l’origine de cette osmose progressive entre des auditeurs aux provenances et aux parcours radicalement différents. S’ils ont vu cette session se terminer avec regret, les participants ont néanmoins exprimé leur déception de ne pas avoir entendu les responsables politiques locaux -Christian Estrosi et Eric Ciotti- exposer leurs visions personnelles sur ces domaines stratégiques. Agenda local et enjeu national ne s’accordent pas toujours.