Nice-Premium : À l’occasion du Conseil municipal, Christian Estrosi, Maire de Nice, a proposé
la présidence de la commission d’appel d’offres à l’opposition municipale, au
groupe « changer d’ère », présidé par Patrick Allemand, qui a accepté cette
proposition. Christian Estrosi espère ainsi mettre un terme « aux affaires » à
Nice. Que pensez-vous de cette décision?
Jean-Christophe Picard : Sur le principe, nous approuvons le renforcement du rôle de l’opposition
municipale proposé par Christian Estrosi et accepté par Patrick Allemand. La
liste PS, PCF et Verts se voit ainsi confier la présidence de deux commissions
importantes (finances et appel d’offres) et siégera à la Communauté
d’agglomération Nice Côte d’Azur ainsi qu’à Côte d’Azur Habitat et la Semiacs.
Nous aurions néanmoins aimé que tous les éléments de la négociation soient
rendus publics. Dans cet esprit, il aurait été convenable d’annoncer les effets
de cette décision sur le montant des indemnités des élus de l’opposition,
notamment ceux appelés à siéger à la Canca (qui verront leurs indemnités passer
de 224 € à 1 271 €). À notre sens, tout accord entre majorité et opposition ne
peut se faire que dans la plus totale transparence.
Bruno Della Sudda : Elle est dans la continuité des signaux envoyés par Patrick Allemand et des déclarations qu’il a faites à peine élu, se revendiquant d’une « opposition constructive » et souhaitant la réussite du nouveau maire de Nice.
Siéger avec vigilance dans des commissions dans l’optique d’un contrôle citoyen, c’est le devoir d’une opposition digne de ce nom. Prendre la tête d’une commission, alors qu’on est dans l’opposition, c’est autre chose ! La connivence est claire, et il s’agit d’une rupture avec l’opposition résolue de Nice-Plurielle (Alternatifs, PCF, PS, Verts) à J.Peyrat tout au long de la précédente mandature.
NP : Est-ce que pour vous cette décision est un gage d’intégrité et de transparence?
Jean-Christophe Picard :C’est incontestablement un pas dans le bon sens.
Mais il convient de rappeler que le rigoureux Jean-François Knecht a disparu et
qu’il n’a pas été remplacé. Les autres membres de son groupe n’ayant pas fait
preuve de la même maîtrise des dossiers que lui, il est à craindre que le seul
contrôle de l’opposition ne suffise pas à empêcher les malversations et le
gaspillage de l’argent public.
Nous espérons donc que les outils de la démocratie participative seront
également renforcés afin que l’ensemble des citoyens puisse évaluer l’action
municipale tout en étant associé aux décisions.
Bruno Della Sudda : Elle n’est ni l’une ni l’autre. Elle n’est qu’une manipulation de la droite, à laquelle la liste « changer d’ère » s’est associée, ce qui est grave. On peut parier sans grand risque que les magouilles, le clientélisme et les affaires continueront, en contournant la commission d’appel d’offres …
NP : L’opposition sera aussi présente à la Canca. Est-ce un symbole d’ouverture ou
une ouverture réelle?
Jean-Christophe Picard : Il n’est pas satisfaisant que la présence de l’opposition à la Canca dépende du
bon vouloir de la majorité. Il est notamment anormal que la liste de l’Entente
républicaine, qui a obtenu 25 % des voix, n’y ait aucun représentant. Christian
Estrosi s’est donc octroyé, au mépris du suffrage universel, le droit de choisir
l’opposition avec laquelle il souhaite travailler ; c’est inacceptable !
Nous rappelons que la liste « Nice Arc-en-ciel » (Modem, PRG et MEI) avait
proposé de transformer l’actuelle « communauté d’agglomération » en une «
communauté urbaine », ce qui permettrait à tous les élus d’opposition de siéger
de plein droit (les conseillers communautaires étant désignés au scrutin
proportionnel).
Bruno Della Sudda : Il est juste d’un point de vue démocratique que l’opposition siège à la CANCA : il n’y a là ni faveur ni ouverture, mais la simple application d’un principe républicain élémentaire. Mais s’agira-t-il vraiment d’une opposition à la droite ? L’avenir nous le dira, mais la connivence de la liste « changer d’ère » avec la droite autour de la présidence de deux commissions du conseil municipal n’incite pas à le penser !
