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22 novembre 2024

Conseil Municipal : les niçois touchés dans leur portefeuille

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On avait pris l’habitude que la durée d’une séance du Conseil Municipal soit corrélée au temps d’un marathon pour anciens athlètes (ceux que les anglais appellent avec le style qui les distingue, old boys), quand on commence à calculer son temps après quatre heures de course…

Mais cette édition d’automne affiche un double record : Celui de la longueur (plus de 9 heures !) et l’autre, celui des paroles ( pas toujours appropriées ou utiles) prononcées et entendues… ou pas.

Evidemment la longue pause estivale avait donné du coffre aux élus et ils nous ont donc offert une prestation digne de son nom.

En tout cas , le test de résistance a été réussi!


D’accord pour la démocratie, mais, on doute qu’Aristote aurait reconnu la boulè athénienne dans ce capharnaüm qu’était le Conseil Municipal niçois où tout le monde disait la sienne, sans savoir toujours de quoi il en retournait. On a même entendu parler de « démocratie tarifaire » (on taira par sympathie le nom de l’auteur), expression qui nous a plongé dans l’obscurité du monde de la (in)compréhension !

Bien sur, il y a les classiques : Comment pourrions-nous nous passer d’un mano à mano entre Dominique Estrosi-Sassone et son traditionnel opposant Paul Cuturello au sujet des logements sociaux ?

Et comment empêcher Christian Estrosi de verser son ire contre le gouvernement socialiste en l’accusant de responsabilités que ne sont pas toujours les siennes mais qui parfois reviennent à ceux de droite dont il faisait partie ? Contre l’obsession que peut-on faire ?

Mais en fait, à quoi servent donc les commissions thématiques, si on discute pendant un demi-heure sur les techniques de lutte contre les pigeons transformant l’hémicycle en un forum d’ornithologie? Finalement, une délibération, une fois présentée et expliquée, ne devrait-elle être tout simplement votée avec ou sans motivation?

Il est vrai que quand la majorité écrase l’opposition, en nombre de 52 élus à 17 (divisés en 4 groupe pas d’accord entre eux), le risque d’avoir des séances sans saveur est grand : on s’oppose, on s’oppose mais à la fin…

C’est peut-être pour cela que certaines interventions provoquent les applaudissements des collègues. L’ambiance est sauvée !

Mais dans la confusion générale , il avait toutefois quelques délibérations de poids qui méritent citation et commentaire.

Réformes des rythmes scolaires : On est déjà revenu plusieurs fois sur ce dossier épineux. Si au départ le Gouvernement y a mis du sien pour rendre cette loi (ou décret) peu populaire, on comprend mal l’acharnement, unique en France, si on lit les journaux nationaux sur cet argument, de Christian Estrosi pour ne pas l’appliquer (y compris organisant une marche de protestation des maires ruraux en Préfecture). Pour ne pas parler de l’initiative « nationale » de résistance fiscale qui, heureusement, n’a duré que le temps d’un matin.

Réforme des rythmes scolaires des enfants, d’ailleurs vite confisquée par les parents, enseignants et politiques qui, bien au delà de l’intérêt pédo-psychologique des enfants, en ont fait outil de défense ou de revendications corporatistes pour les uns, personnels pour les autres et action de propagande (pour ou contre) pour les derniers.

Le cas des aspirants révolutionnaires prêts à se faire photographier en tenue de combat (les gilets jaunes) avec leurs enfants-sandwich arborant des panneaux de protestation, est l’exemple plus illustre de cette dérive.

Résultat ? Communication gouvernementale floue, prise en charge partielle des frais par l’État, incertitude quant à la pérennisation de cette aide, activités périscolaires mises en place à la hâte, tarifs décourageants ayant comme conséquence un nombre modeste d’inscrits, comité de suivis pléthoriques et dans la foulée d’un Conseil de l’Éducation dont l’objectif laisse pantois :  » faire des propositions en vue de l’élaboration d’un projet éducatif national ». Sinon quoi ?

A la bonne heure mais surtout… adelante Pedro con juicio!

Comment voulez-vous qu’une reforme fonctionne quand un populisme s’oppose à l’autre ? Alors qu’il aurait suffit de faire les choses correctement et en temps voulu, au lieu d’en faire un argument d’opposition politique, et trouver un point d’équilibre entre dépenses et recettes comme l’a si bien proposé Dominique Boy-Mottard dans son intervention : Pourquoi pas une grille tarifaire progressive en fonction des revenus familiaux ?

C’était trop simple d’y mettre un peu de bon sens au lieu de se perdre en discussions sans fin,ou encore en faisant des comparaisons nationales à l’aide de tableaux et autres graphiques ? Mesdames et Messieurs les élus, êtes-vous sûrs et certains que les familles se sentent réconfortées ou, au contraire, remontées de savoir qu’elles paient moins ou plus à Nice que si elles habitaient dans une autre ville pour le même service ?

La dernière en date est le voeu voté par la majorité municipale pour demander au Gouvernement la prise en charge totale et pérenne des coûts (7 millions par an à partir de 2015 pour le budget de la Ville de Nice).

Reprise en Régie des activités de la Semiacs : La nouveauté est relative parce que Christian Estrosi est un libéral atypique : Au lieu de privatiser, il reprend sous la férule publique toutes les activités en délégation de service public. Reste à prouver que sous la gestion municipale, cette société continuera dans sa mission qui est de construire et gérer les parkings pour améliorer la mobilité urbaine. On sait déjà que son périmètre d’activité s’élargira à la gestion du stationnement de voirie. Mais des doutes planent…

Gare du Sud : Au delà de l’ancienne gare proprement dite (aujourd’hui médiathèque Raoul Mille), le reste est bloqué par un contentieux avec l’entreprise qui avait gagné l’appel d’offre sous la gestion Peyrat. Face aux temps plutôt longs que ce dossier comportera et ce, indépendamment du résultat du procès, le maire de Nice veut avancer rapidement pour la transformation du vaste espace à l’arrière qui doit prévoir un parking souterrain et toute une partie commerciale, sportive (salle de sport) , culturelle avec une multi-salle de cinéma. Son objectif est de arriver à inaugurer cet équipement dans les trois ans.

A l’évidence, le projet est un ensemble et on le comprend bien : Le coût du parking n’est pas le même que celui d’une construction d’habitation ou commerciale.

Mais, voilà que Benoît Kandel, ancien premier adjoint et président de la Semiacs, aujourd’hui conseiller municipal d’opposition après avoir été déchu de toutes ses délégations et expulsé du groupe umpiste de manière abrupte et avec une motivation visiblement d’opportunité, qui met en évidence que la Semiacs serait l’outil choisi par la Mairie pour la construction du parking en supportant des coûts majorés, avec un avantage évident pour l’opérateur qui sera chargé de l’opération successive, celle de la construction des immeubles en surface.

« Preuve en est », a dit Benoît Kandel en recevant les foudres (verbales) du maire de Nice, « que cette opération m’avait été demandée du temps où j’étais président de la Semiacs et que je l’avais refusée pour défendre la bonne gestion de cette société », en laissant ainsi planer le doute que ses disgrâces n’étaient pas sans raison.

Taxe d’habitation: Christian Estrosi avait déjà fait le coup, tout de suite après sa précédente élection : Augmenter la fiscalité locale (dans ce cas ce fut de 15 %) sur la première année et puis dire ensuite que dans les 5 dernières années, il n’avait pas augmenté l’impôt. En fait, comme les années de mandature sont 6, ce petit oubli permet d’avoir une augmentation pleine et constante, bien plus rémunératrice, que augmenter de quelques points de pourcentage années après années…la moyenne n’étant ,bien évidement ,pas la même.

Pourquoi lui donner tort ? Bien au contraire, il s’agit d’un coup magistral, surtout quand il réussit.

Seulement cette fois-ci, étant Christian Estrosi successeur de lui-même, il est difficile d’en attribuer la responsabilité à son …prédecesseur. Surtout quand la promesse électorale est : Zéro augmentation d’impôts.

Ainsi, le camouflage demande plus d’imagination : Au lieu d’augmenter la taxe d’habitation, on diminue les taux d’abattement à la base de 15 à 10 %. Mais , sans aller trop chercher dans les méandres mathématiques, il suffit d’appliquer la règle de base de l’algèbre : Le -5 de -15 = + 5.

On appelle ça, la finance créative!

Qui en monnaie sonnante signifie + 6,5 millions d’euros à charge des contribuables niçois (et + 2,5 millions additionnels prélevés au titre de la Métropole) suivant les calculs de Patrick Allemand).

D’ailleurs, c’est le premier adjoint, Philippe Pradal, qui le dit lui même dans son intervention :  » Face a la baisse de dotations de l’État de 12 millions, le surcroit de recettes s’élève à 6 millions ».

Rien de mal, il est de la respansabilité du Maire de gérer les finances de la municipalité de manière équilibrée et , quoi qu’on en pense, deux plus deux est toujours égal à quatre.

Mais alors pourquoi ne pas appeler les choses par leurs noms ?

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