La séance de rentrée du Conseil municipal s’est déroulée hier.
On a assisté à la traditionnelle empoignade verbale entre Christian Estrosi et Philippe Vardon, visiblement heureux de se retrouver et de pouvoir échanger à nouveau en présentiel.
L’ordre du jour très chargé s’est composé de nombreuses délibérations, par une majorité soudée malgré les soubresauts politiques de la semaine et les polémiques qui s’en sont suivies.
La «transition écologique» et le prolongement de la Promenade du Paillon
La transition écologique de la ville était au cœur du débat qui a démarré la journée.
Le dossier du prolongement de la Promenade du Paillon, qui a causé de vifs débats, était un sujet tout particulièrement attendu. Il a néanmoins été adopté, malgré que les opposants au parti politique majoritaire soient contre ce projet.
Christian Estrosi prétend vouloir faire de Nice un exemple en terme d’écologie, mais les écologistes présents (dont Jean-Marc Governatori) estiment qu’il est le « promoteur de l’écologie polluante» et que c’est «une écologie de façade, dépensière et jetable».
Intervention du parti écologiste
Les Verts ont démontré leur vision des choses, et ont apporté des arguments pour contrer M. Estrosi.
Nice est la 42e ville la plus polluante au monde, en terme de qualité de l’air. Peut mieux faire.
Au sujet du forum de la transition écologique, il ne serait rien d’autre que du «green washing», avec des représentants d’entreprises polluantes.
C’est au moment d’aborder le prolongement de la coulée verte (ou coulée de béton pour EELV), que l’ensemble de l’opposition s’est véritablement unie pour taper du point sur la table. C’était l’événement du jour.
En effet, ces travaux à venir nécessitent la destruction de plusieurs bâtiments culturels, comme le souligne le parti des Verts.
La destruction du Théâtre National de Nice va engendrer 3 à 4 ans de travaux coûteux.
De plus, la municipalité veut construire «un théâtre jetable à 6 millions d’euros».
Les écologistes sont montés au créneau concernant la bétonisation de la plaine du Var.
La taxe Corse est considérée entre autres comme de «l’écologie punitive», ni plus ni moins, par une conseillère municipale écologiste. Un ferry équivaut à 20 avions. Les yachts et bateaux de croisière ne sont quant à eux pas taxés, ce qui dérange évidemment les Verts.
Une conseillère munipale écologiste a offert ironiquement un pot de peinture verte au président du conseil, «plus efficace et moins coûteux que le green washing» selon elle. C’était l’animation amusante qui a détendu l’atmosphère de la matinée, mais qui n’a pas fait rire M. Estrosi. Il lui a répondu qu’elle n’avait qu’à repeindre son bureau avec.
Intervention du RN
Le Rassemblement National, l’autre parti qui représente l’opposition, s’est aussi exprimé sur la destruction du patrimoine culturel, pour prolonger la Promenade du Paillon. Il s’est rallié aux Ecologistes et partage leur opinon.
La «concertation publique» que la mairie a organisé sur le sujet a sollicité seulement 451 participants, dont 226 niçois ont exprimé un avis positif et 39 ont participé à la réunion en visioconférence, d’après les chiffres rapportés oralement par Philippe Vardon.
Alors qu’il exprimait son désaccord, il s’est notamment fait traîté de «voyou» et de «mauvais élève», par Christian Estrosi.
La pétition contre la destruction, lancée par Patrick Allemand, a quant à elle recueilli 1795 signatures (1806 au moment de l’écriture de cet article).
Les élus RN demandent un référendum, pour connaître «le vrai avis des niçois».
Ils ont également déposé un vœu en fin de séance, dont ils nous avaient fait part la veille, lors de leur conférence de presse. Ils demandent l’exonération de la taxe qui concerne les ferries Nice-Corse, pour les habitants de notre département et de l’île de Beauté. Ils souhaitent le maintien des liaisons maritimes.
Cette proposition a été mise en attente, en attendant une prochaine réunion prévue par M. Estrosi.
Réponse du maire de Nice
Christian Estrosi s’est défendu fermement, en évoquant «un rapport d’experts», qui justifierait selon lui ces travaux colossaux.
Il estime que les niçois ont déjà été interrogés lors des élections municipales, malgré le taux d’abstention de celles ci. Il confiera d’ailleurs plus tard, qu’il pense être réélu encore plusieurs fois.
Il exprime des doutes à l’égard de « l’authenticité de cette pétition». Il n’en tient donc pas compte. Patrick Allemand n’étant plus conseiller municipal, il n’était pas présent pour lui répondre.
Les hôteliers auraient quant à eux bien accueilli le projet de destruction. L’information serait à vérifier.
En ce qui concerne l’écologie, le maire atteste que la pollution a diminué. Il affirme vouloir faire du port «un vrai quartier et une vitrine écologique». Il considère que le traffic automobile est trop important au port.
Les liens forts qui existent entre Nice et l’île de Beauté sont revenus sur la table. Il ne les nie pas, au contraire il en a conscience. Cependant, il souhaite la fin des ferries actuels. Pour lui, cela ne signifie pas l’arrêt des liaisons maritimes.