Pour expliquer sa démission, Hulot avance qu’il s’est senti « tout seul », sans personne « derrière (lui) ».
En clair l’ex-ministre d’Etat s’accuse de ne pas être parvenu à convaincre la majorité de l’urgence et de la gravité de la cause environnementale.
Plusieurs dirigeants politiques azuréens nous ont fait part de leur réaction.
La nécessité d’un sursaut environnemental français et européen !
Nous saluons l’action de Nicolas HULOT depuis 15 mois au ministère de la transition écologique et solidaire. Nous ne pouvons malheureusement que partager le triste constat qu’il porte sur le manque d’ambition du gouvernement sur les politiques environnementales.
Le changement climatique et l’affaiblissement de la biodiversité sont deux catastrophes qui guettent les générations futures. Depuis le Grenelle de l’Environnement, dirigé par Jean-Louis BORLOO, nous regrettons l’absence de véritables politiques environnementales d’envergures.
Le successeur à ce ministère devra non seulement, être une personnalité impliquée et courageuse sur les thématiques environnementales, mais également disposer de moyens politiques pour aboutir à une véritable transformation écologique au niveau de la France et de l’Europe.
Dr Hervé CAEL, Co délégué de la fédération des Alpes-Maritimes du Mouvement Radical / Social Libéral
Soyons honnêtes : compte tenu de sa personnalité et de la radicalité de ses engagements pour l’avenir de la planète, la démission de Nicolas Hulot est tout sauf une surprise.
Aujourd’hui, un peu plus tôt, un peu plus tard, elle était prévisible dès le jour de sa nomination qui fut d’ailleurs une surprise.
Par contre, ce sont les motifs de cette démission qui font de celle-ci un séisme politique. En effet, grâce à Hulot l’activité des lobbies en France est désormais sous les feux de l’actualité. Cela signifie qu’il n’a pas seulement remis en cause des orientations politiques (qui peuvent toujours faire l’objet d’un débat) mais a soulevé ni plus ni moins que la question de la démocratie dans notre pays.
Bien sûr, la question n’est pas nouvelle (cf. l’admirable tirade sur le sujet de Jean Gabin dans Le Président) mais, à l’époque des multinationales et des fonds de pension, elle est encore beaucoup plus grave. Pour un lobby des chasseurs presque caricatural combien de puissants lobbies de l’ombre dont l’efficacité se mesure à leur capacité à contenir l’intérêt général au profit d’intérêts particuliers ? Et cela dans un pays qui, contrairement aux USA (voir la superbe et pertinente série TV The West Wing), n’a pas de contre-pouvoirs pour établir un certain équilibre ou au moins ménager un espace de négociation.
Dans les semaines qui viennent, le Président et le Gouvernement vont devoir sérieusement redresser la barre car la question est désormais posée et la presse française, plutôt en retrait sur le sujet, va probablement faire de nombreuses investigations.
Président des riches est un qualificatif qu’on peut infirmer, Président des lobbies ce serait à l’évidence plus compliqué. Beaucoup plus compliqué.
Patrick Mottard, Co délégué de la fédération des Alpes-Maritimes du Mouvement Radical / Social Libéral
Le tournant du mandat annoncé, avec le départ honnête et respectable de Nicolas Hulot
Nicolas HULOT était le seul qui pouvait faire avancer les questions environnementales. Le tournant du quinquennat est là. Le Président des Lobbies aura eu raison du plus célèbre écologiste et du ministre le plus populaire. L’ultime humiliation du jour avec les chasseurs est la cascade qui fait déborder le godet ! ».
Laurent LANQUAR-CASTIEL salue le travail et la ténacité du Ministre de l’écologie qui a dû batailler sans relâche dans un gouvernement hostile pour arracher de maigres
avancées et éviter le pire. Il précise qu’avec cet exercice exemplaire, Nicolas HULOT montre son intégrité et la sincérité de sa démarche.
L’écologiste l’avait annoncé : « le contrat national qu’avait conclu le Candidat Macron avec le peuple français face au nationalisme n’est pas au rendez-vous. Le couple exécutif est schizophrène : entre un Président aux discours humanistes et un Gouvernement aux décisions ultra-capitalistes. Ce n’est plus le Gouvernement qui gouverne mais les lobbies. »
L’écologiste connaît bien « le stratagème : d’abord faire des efforts puis juste
avant les élections, faire des ‘cadeaux’. Ce fut la stratégie du Président HOLLANDE et de son Conseiller MACRON : deux ans de redressement avant la redistribution, mais le résultat est là : la redistribution n’a jamais été perçue. »
Laurent LANQUAR-CASTIEL conclue que « La rentrée est caricaturale d’une politique
conservatrice de droite en demandant aux classes populaires de faire des efforts pour donner des riches dans l’espoir vain que ceux-ci redistribuent. Le Gouvernement applique cyniquement un dogme élitiste ultra-capitaliste qui ne fonctionne pas depuis 50 ans, que même la droite la plus conservatrice n’a pas osé. Il est temps de changer. Les Européennes en sont l’opportunité. Ce double langage est utilisé autant pour l’économie que pour l’écologie, la solidarité, la santé, la politique internationale… ce double langage est insupportable pour les
citoyens.
Le remaniement est donc inéluctable avec le départ d’un des ministres les plus importants : le bal des prétendants va commencer pour sa succession?
Laurent Lanquar-Castel, secrétaire départemental de EE-LV